Trois entrepreneurs souhaitent proposer une nouvelle manière de protéger les abeilles : pour ce faire, ils veulent mettre sur le marché une ruche d’un nouveau type et renoncer à récolter le miel produit par celles-ci. Les ruches HAbeeTATION, seront installées en ville très prochainement afin d’interpeller les habitants sur le sort des abeilles.

Alors que les élus continuent à tergiverser sur les mesures à prendre pour mettre fin à l’effondrement des colonies d’abeilles, dont les effets sont dramatiques sur l’environnement, d’autres veulent proposer des solutions d’urgence concrètes pour leur venir en aide. Trois jeunes entrepreneurs, Pascaline Logeais, Benjamin Puill et Marie Ségolène Clément, sont actuellement en train de développer une ruche « hôpital » pour sensibiliser la population à la protection de ces hyménoptères. La particularité de leur invention réside dans l’absence de toute forme d’exploitation des abeilles, puisque qu’aucun miel ne sera récolté dans ces ruches !

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Protéger les abeilles sans les exploiter

L’idée d’installer des ruches en milieu urbain peut sembler incongrue. Pourtant, depuis de nombreuses années, les initiatives allant dans ce sens se multiplient. C’est paradoxal, les études montrent qu’en ville les abeilles sont moins fortement soumises qu’à la campagne aux dangers que représentent les insecticides ainsi que les autres produits chimiques utilisés en agriculture conventionnelle. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la pollution des villes affecte peu la qualité du miel. D’autres avancent encore le caractère pédagogique de telles initiatives.

HAbeeTATION a été pensé dans un esprit de préservation et de protection des abeilles. Les inventeurs désirent recréer les conditions favorables à leur essaimage sans intervenir pour ponctionner le fruit de leur travail. Ces ruches originales seront de forme ovoïdes et construites à partir de terre. Contrairement aux modèles utilisés communément, aucun traitement ne leur sera appliqué. Dans la partie supérieure de la construction se trouvera une trappe pour observer l’essaim et étudier son développement avec un regard scientifique.

Pascaline Logeais explique : « Actuellement, jusqu’à 50 % des colonies d’abeilles disparaissent chaque hiver – dans nos ruches, elles auront de quoi se nourrir pendant leurs périodes d’hibernation, sans le stress provoqué par les interventions humaines et les traitements ». Actuellement encore en phase d’étude, les premiers prototypes seront fabriqués dans les prochaines semaines. Une mise sur le marché est envisagée à l’horizon 2017. Ce sont avant tout les collectivités territoriales ainsi que les entreprises qui seront visées : la location à l’année d’une ruche peut s’avérer couteux.

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Interpeller à propos du sort des abeilles

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Il n’est pas inutile de rappeler que depuis une trentaine d’années, la moitié des espèces d’abeilles sauvages ont disparu. Or, plus de 80 % des espèces végétales cultivées dans le monde dépendent de la pollinisation par les abeilles. Les apiculteurs sont également concernés par le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles qui précipite leur modèle économiques à la même extinction. Aujourd’hui, les scientifiques pointent du doigt les nombreux produits chimiques utilisés par l’agriculture conventionnelle comme étant la cause principale de cette hécatombe.

L’installation de ruchers en ville est donc un moyen de sensibiliser à une problématique à laquelle il devient urgent d’apporter une solution. En effet, 20.000 tonnes de miel sont produites chaque année en France, dont 1 à 2% en ville. La production urbaine de miel en ville est donc anecdotique et restera très probablement marginale à l’avenir. Néanmoins, il existe plus de 300 ruches urbaines à Paris. À Berlin on en trouve même dix fois plus ! D’ailleurs, les ruchers urbains ne sont pas toujours installés par des professionnels : des citadins de plus en plus nombreux s’intéressent à cette activité.

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Garder en vue le monde agricole

À n’en pas douter, l’idée d’HAbeeTATION est positive et porteuse d’espoir. Cependant, certains apiculteurs appellent à ne pas oublier le problème de fond, à savoir l’utilisation massive de pesticides dans l’agriculture conventionnelle. Si l’introduction d’abeille en ville n’est pas accompagnée d’une législation pour bannir les produits qui leur nuisent, il ne s’agit là que d’un plan d’action en trompe l’œil qui ne règle pas la problématique à sa source. L’attitude de certaines enseignes de la grande distribution peut d’ailleurs laisser perplexe. Leclerc par exemple, installe des ruches sur certains de ses magasins, mais continue dans le même temps à proposer des légumes remplis de pesticides afin de maintenir des prix bas. N’est-il pas enfin temps d’être cohérents ?

Pascaline Logeais insiste d’ailleurs sur le but à long terme des projets de ce type : « notre objectif ultime est bien sûr de  réinstaller les abeilles en campagne ». On leur souhaitera bonne chance.


Source : franceinter.fr / wedemain.fr

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