Les calanques de Marseille ont tout pour attirer les touristes par millions. Leur aspect sauvage et leurs eaux turquoises en font des paysages idylliques à visiter sans même devoir traverser le monde. Le reportage Calanques en eaux troubles révèle un aspect jusqu’alors peu médiatisé : les calanques sont menacées par les activités touristiques et industrielles à un niveau interpellant.

Les calanques de Marseille font partie de ces paysages typiques qui attirent les touristes. Elles s’étendent sur près de 20 kilomètres entre Marseille et la commune de Cassis. France 2 nous interpelle sur la pollution de ce site pourtant classé parc naturel depuis 2012, dans un reportage diffusé le 28 juillet dans l’émission Envoyé spécial. Une enquête collective signée Chloé Vienne, Hugo Vienne, Atlas Vidal de la Blache, Sébastien Berge, Yvan Bodineau, Thomas Peyronel et Frank Zahler.

Protéger les calanques de l’afflux des touristes

Chaque année, 2 millions de touristes sont attirés par le massif des calanques. Ils viennent profiter de la nature ainsi que des magnifiques criques retirées. Cependant, ce tourisme de masse n’est pas sans conséquences pour l’environnement : sur un territoire restreint se concentre une population de touristes importante. Leurs activités mettent inévitablement en péril l’environnement immédiat. Si un simple mégot peut provoquer un feu dévastateur, les nombreux déchets laissés sur les plages font leur route dans les mers pendant que les ancres des bateaux arrachent les fonds marins. Quotidiennement, des gardes sillonnent chemins, plages et bords de côtes afin de sensibiliser les touristes et les rappeler à l’ordre si nécessaire.

À cette pollution s’ajoutent cependant d’autres pollutions, moins visibles et que seuls les habitués peuvent déceler. Le reportage propose une enquête auprès de ces « privilégiés » qui se rendent chaque jour dans les calanques : pêcheurs, gardes et plongeurs. Chacun de leur côté constate que les activités humaines provoquent une destruction de l’environnement local, de la faune à la flore marine. Les principaux coupables ne seraient pas, selon eux, les touristes mais plusieurs industries côtières ainsi que certains services publics gérés en régie.

9074669Image : extrait de France 5

Des stations d’épuration qui déversent leurs eaux en mer

Dans la calanque de Cortiou, une station d’épuration rejette les eaux traitées en provenance de Marseille en mer. Cependant, le processus de dépollution auquel elle a recourt n’est pas efficace : les analyses de l’eau révèlent la présence de détergents ainsi que d’autres polluants qui ne sont pas bio-dégradables. Dans la longue liste des intrus, on trouve aussi bien des perturbateurs endocriniens que des agents cancérigènes. Sans étonnement, ces eaux polluées perturbent la vie marine.

Au large de Cassis, une autre canalisation installée à une centaine de mètres du rivage laisse échapper un flot nauséabond d’excréments non traités directement sous l’eau. La station d’épuration locale étant saturée pendant l’été en raison de l’afflux des touristes, les eaux usagées sont directement rejetées en mer. Aucune mesure publique n’est entreprise contre cette pollution aux conséquences dévastatrices pour la faune et la flore sous-marines. Ces graves atteintes à l’environnement semblent se dérouler dans une indifférence confondante au plein cœur de la France.

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Une pollution aux métaux lourd

Les pêcheurs locaux ont également pu observer l’apparition de nouvelles pollutions. On vous en avait déjà parlé, depuis quelques temps déjà, les associations locales dénoncent les effets dévastateurs du rejet en mer de boues rouges par Alteo. Cette entreprise située à Gardanne traite de l’oxyde d’alumine, un matériau utilisé dans la fabrication de nombreux composants électroniques. En toute impunité, elle a construit un tuyau de 40 kilomètres de long la reliant à la mer et par lequel elle rejette ses déchets industriels.

Afin de cacher les conséquences de ses activités sur l’environnement, les dirigeants de l’entreprise n’ont pas hésité à publier des analyses comportant des données manipulées. Des quantités astronomiques de métaux lourds et autres polluants ont ainsi été déversées à la mer en toute « légalité » : plus de 2 millions de tonnes d’aluminium, 9 million de tonnes de fer, 1700 tonnes de plomb et 20600 kilos d’arsenic. En raison de l’ampleur de la catastrophe, la zone est devenue impossible à dépolluer. Malgré l’annonce de nouvelles techniques d’exploitation, l’entreprise continue à déverser de nombreuses matières dangereuses dans l’environnement.

Le reportage met en lumière l’existence d’autres pollutions. Localement, certains endroits  sont infectés d’arsenic et de plomb. Une pollution qui s’explique par le passé industriel de la région, où de nombreuses entreprises traitaient du plomb. Pourtant, sur le bord des plages, on ne trouve plus aucune mise en garde à destination des touristes. Comme souvent, la santé des habitants et des touristes ainsi que la protection de l’environnement font profil bas devant l’argent généré par le tourisme et les entreprises. Pour combien de temps encore ?

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Source : francetvinfo.fr

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