Selon une étude menée par des scientifiques de l’Université Nationale d’Australie, les animaux qui vivent en captivité auraient des différences physiques et comportementales par rapport aux animaux sauvages. Enfermés depuis des générations, leurs corps changeraient pour s’adapter à ce nouveau mode de vie, les mettant en danger lors d’une réinsertion dans la nature.
Au fil des années, la prise de conscience collective de la dangerosité de la captivité des animaux pour leur santé et leur survie progresse. Certaines études ont déjà prouvé que les animaux enfermés sans distraction souffraient de stress et de dépression, mais aucune information n’avait pour le moment été donnée sur les conséquences physiques de la captivité.
Le 7 novembre dernier, une étude menée par une équipe de scientifiques de l’Université Nationale d’Australie est parue dans la revue Biological Review. Pour mener cette enquête, les scientifiques se sont basés sur des recherches internationales et australiennes existantes. D’après leur étude, la captivité aurait des conséquences physiques visibles sur les animaux.
Des modifications physiques chez les animaux en captivité
Les animaux retenus dans les zoos ou les aquariums n’ont pas les mêmes besoins que ceux qui vivent à l’état sauvage. De ce fait, les corps de ces animaux vont, au fil des générations, évoluer pour s’adapter.
« Les environnements captifs modifient radicalement les pressions de sélection sur les animaux, avec des différentes documentées dans de nombreuses espèces. Des exemples apparemment isolés de changements majeurs dans les phénotypes animaux font partie d’une tendance qui est passée inaperçue pendant des décennies. C’est un phénomène mondial qui affecte tout, des papillons aux éléphants », a affirmé le docteur Dejan Stojanovic, qui a participé à l’étude.
Les fauves nés en captivité, comme les lions, ont des os crâniens différents de ceux qui vivent dans leur milieu naturel d’origine. Il leur a également été remarqué des mâchoires plus faibles. La raison est simple : les lions retenus dans les zoos reçoivent des aliments mous donnés par les humains. Ainsi, ils n’ont pas besoin de chasser et de tuer leurs proies dans la savane.
Des modifications corporelles ont également été observées chez les poissons, qui ont un corps déformé selon l’aquarium dans lequel ils vivent. Les papillons retenus en captivité sont aussi sujets à ces déformations physiques, comme c’est le cas des papillons Monarques. Ces papillons sont réputés pour parcourir 4 000 kilomètres pendant leur migration, quand ils se rendent du Canada au Mexique pour hiberner. Cependant, les papillons retenus en captivité ont une forme d’aile différente, ont moins de force et ont totalement perdu le sens de l’orientation.
Des souffrances psychologiques
Si les chercheurs ont observé des changements physiques chez les animaux en captivité, ces derniers souffrent également de problèmes comportementaux et psychologiques. L’étude a démontré que les mammifères marins jugés très intelligents, comme les dauphins, souffrent d’une « santé dégradée à cause du stress » quand ils vivent en captivité.
Ce n’est pas la première étude qui se penche sur le sujet de la santé mentale des animaux enfermés. Selon un article publié en septembre 2020 sur le site The Conversation, la captivité endommagerait le cerveau des grands mammifères, aussi bien marins que terrestres. Des comportements anormaux ont déjà été observés chez des animaux qui avaient des habitudes répétitives, qui secouaient continuellement la tête, qui se balançaient sans cesse et qui mordaient les barreaux de leur cage. Des éléphants ont notamment été vus en train de briser ou de limer leurs défenses.
La captivité entraîne un vrai stress chez les animaux, qui endommage peu à peu leur cerveau. Comme ils ne peuvent pas se dépenser autant qu’ils le feraient en liberté dans leurs écosystèmes naturels d’origine et qu’ils n’ont pas de stimulation extérieure, les animaux souffrent de frustration et d’ennui, ce qui affecte leurs capacités émotionnelles et cognitives.
« On ne sait pas exactement quels impacts ces changements peuvent avoir sur le rétablissement des populations sauvages en voie de disparition. Nous devons étudier pourquoi ces changements se produisent, quels impacts ils ont et comment nous pouvons y faire face pour aider à donner aux animaux élevés en captivité les meilleures chances de s’épanouir dans la nature », ont déclaré deux autres auteurs de l’étude, le docteur Ross Crates et le professeur Rob Heinsohn.
Une menace pour la survie des animaux
Si les chercheurs affirment ne pas connaître les conséquences exactes de la captivité sur les animaux, on peut supposer que leur survie serait grandement menacée en cas de réintégration dans leurs milieux d’origine. Des lions à la mâchoire plus faible pourraient éprouver des difficultés pour se nourrir et des papillons qui ont perdu le sens de l’orientation et la faculté de voler sur de longues distances pourraient souffrir de leur environnement et ne pas survivre.
L’étude s’est également penchée sur le mode de vie de plusieurs espèces australiennes nées en captivité et réintroduites dans la nature. C’est le cas des quolls du Nord, une espèce de marsupial, qui a été réintroduite sur une île sans prédateur. Au fil du temps, les chercheurs ont remarqué que les animaux ont perdu leur instinct naturel de survie et que 13 générations plus tard, ils n’éprouvaient plus aucune peur face à des prédateurs. Un changement de comportement qui pourrait affecter leur survie s’ils se trouvaient dans une situation dangereuse.
Les mâles méliphages régents, des oiseaux vivants en Australie, ont également été analysés. L’étude a démontré que lorsque ces oiseaux sont nés en captivité, leur chant est modifié car il devient plus court et moins complexe que celui des oiseaux sauvages. Ainsi, quand ces oiseaux sont relâchés dans la nature, ils semblent moins attrayants pour les femelles et ont des difficultés à se reproduire, ce qui peut nuire à l’ensemble de l’espèce à long terme.
Les résultats de cette étude confirment que la mise en captivité reste néfaste pour l’ensemble des espèces animales.
– LG