Le 25 septembre, le peuple suisse sera appelé à voter pour la mesure « Économie verte », qui espère réduire de 65% la consommation de matières premières et d’énergie du pays. Déjà championne en matière de recyclage et de civisme, la Suisse pourrait donc bien faire un pas de géant vers une économie circulaire. Citoyens et entreprises restent cependant à convaincre du bien-fondé de cette mesure coup de poing, qui remet nécessairement en question certaines habitudes…
La Suisse, modèle européen en terme de recyclage
Alors qu’elle s’apprête peut-être à adopter des mesures proposées par le parti écologiste, la Suisse a déjà su s’imposer au passé autant qu’au présent comme un modèle à suivre en termes d’écologie. Et pour cause, la Suisse est précurseur en la matière. Elle a réussi l’exploit de sensibiliser ses citoyens, notamment en leur faisant adopter des comportements individuels résilients en faveur d’attitudes non-polluantes grâce au principe du pollueur-payeur instauré depuis les années 1970.
Par exemple, la Suisse taxe depuis des années les sacs poubelles, incitant les ménages à limiter leur consommation de déchets non-recyclables. Et ça marche. Renforcée par un tri à la source, la politique environnementale de la Suisse a permis au pays de devenir une référence du recyclage, avec un taux de déchets ménagers recyclés de 53,5% en 2015 (la moyenne européenne se situe aux alentours de 28%). Bien décidé à continuer dans le sens de ces avancées, le gouvernement suisse a fixé à 60% le taux à atteindre d’ici à 2050. Les résultats sont concrets, et permettent déjà de réaliser des économies importantes sur les matières premières chaque année. Le recyclage annuel de 90 000 tonnes de papier et de carton, par exemple, permettrait au pays d’épargner près de 200 000 arbres par an.
Photographie : Max D / Bâtiment recouvert de panneaux solaires
Aller plus loin avec l’économie circulaire
Aujourd’hui, le parti écologiste Suisse entend passer à la vitesse supérieure. La mesure « Économie Verte » pour laquelle les Suisses seront appelés à voter le 25 septembre prochain souhaite accentuer encore un peu la lutte pour le recyclage aux niveaux cantonal et fédéral. Objectif affiché : réduire de 65% les consommations d’énergie et de matières premières du pays d’ici à 2050, une mesure cependant jugée drastique et peu utile par certains.
Le but affiché n’est pourtant pas dénué d’intérêt : il s’agit de diminuer le rythme de consommation suisse afin qu’il coïncide avec les ressources mises à disposition par une seule planète Terre, et non trois comme c’est le cas aujourd’hui en occident. Car si elle a d’ores et déjà accompli des prouesses, la Suisse reste un des pays où les habitants génèrent le plus de déchets à l’année : 730 kg par an et par habitant. Un chiffre qui la place en seconde position sur le plan européen derrière le plus mauvais élève, le Danemark. La mise en place de la mesure « Économie Verte » incitant à l’émergence d’une économie circulaire pourrait permettre au pays de réutiliser 90% de ses déchets, et de se libérer en partie des importations et de la volatilité des marchés internationaux.
Photographie : Yosef Meller / Ferme solaire le long d’une autoroute en Suisse
Une mesure qui divise
Si elle semble aller dans le bon sens, la mesure sur laquelle les Suisses auront à trancher prochainement n’est pas sans son lot d’opposants. Ainsi, certains y voient une politique contraignante pour les acteurs économiques qui vient s’ajouter au lot d’incitations déjà en vigueur dans le pays. Certaines PME, en particulier, craignent un alourdissement de leurs charges et une répercussion directe sur les prix à la consommation. De façon générale, les Suisses ont peur de voir la responsabilité individuelle (centrale dans le système capitaliste) troquée pour une planification étatique contraignante des tâches.
Certains scientifiques consultés par le parti, quant à eux, affirment que la transition vers une économie circulaire n’aura pas d’impact sur les entreprises. L’association Swisscleantech qui réunit 270 entreprises 15 associations économiques a quant à elle annoncé son soutien à la mesure, déclarant que le pays détient d’ores et déjà certains atouts nécessaires à la mise en place d’une économie durable, qui ne peuvent que se renforcer d’ici à 2050.
Sources : Letemps.ch / Lematin.ch