La toile sur laquelle Jben dessine ne ressemble à aucune autre, et change de visage en quelques heures. Depuis 5 ans, l’artiste français s’est découvert une passion peu commune, entre performance éphémère, humilité face aux éléments et protection de l’environnement : le Beach Art.
Jben, du Web à la plage
C’est un moment d’évasion et d’humilité que propose Jben lorsqu’il partage ses créations. En effet, ses paysages en Beach Art sont aussi grandioses qu’éphémères. Pourtant, des États-Unis à la France, en passant par le Maroc, la Hollande et le Portugal, l’artiste dessine sans relâche depuis 2014. Originaire de Charente-Maritime, il s’est lancé un peu par hasard après avoir découvert les réalisations d’Andres Amador. Le beach artist l’a inspiré, d’autant plus que le maniement d’un drone faisait déjà partie de ses passions. Il y a quelques années, c’était encore assez peu utilisé pour que Jben puisse se démarquer avec cette technologie. Quelques créations et photos plus tard, sa passion était née !
L’artiste avait déjà une certaine expérience dans le domaine de la sculpture du sable : il a participé au Championnat du monde de billes sur sable. Sa maîtrise des outils Web lui a permis d’être autonome sur toutes les étapes de la création et de la production de contenu. Et pourtant, on pourrait croire de prime à bord que ces œuvres sont le fruit d’un travail collectif. Pas du-tout. Bien que ce fût ses premiers essais de beach art, ce sont 15 ans d’expérience dans d’autres domaines qui lui ont permis de progresser rapidement. Même si ses dessins disparaissaient au gré des marées, ce qui est le principe de l’art éphémère, il allait pouvoir diffuser leurs images grâce au web. Désormais artiste libéral à temps plein, il donne vie à ses fresques à travers le monde, suivi sur les réseaux sociaux par des millions de personnes.
Pour dessiner sur le sable, Jben s’équipe de râteaux et de griffes de différentes tailles, ainsi que de cordes pour tracer des cercles et des perpendiculaires avec précision. Mais c’est surtout une grande imagination et du bricolage qui permettent de réaliser des figures toujours plus techniques, et de maîtriser l’espace disponible sans déstructurer la nature. Le plus grand défi reste de se repérer sur le sol, pour tracer des figures qui seront harmonieuses vu d’en haut. Pour cela, il n’y a pas de secret : de la technique, un peu de prédisposition, mais surtout beaucoup de pratique. Les formes que Jben crée ont parfois été pensées sur le papier, mais l’artiste aime laisser la nature guider le processus créatif. La configuration de la plage, ainsi que les bancs de sables qui changent à chaque marée, influencent grandement la fresque. Le drone est un outil clé pour garder une trace de son travail, avant que les vagues ne l’effacent. L’artiste est agréé par la Direction générale de l’aviation civile pour pouvoir l’utiliser de façon professionnelle.
La mer, le sable et le plastique
Le Beach Art est l’art de dessiner sur la plage, généralement dans le sable. Ce peut être fait avec des râteaux, des griffes, ou des éléments naturels trouvés sur place. Lorsque la mer se retire, à la marée basse, le sable est humide et compact. Le matériau idéal pour tracer des lignes. En griffant le sable, l’artiste fait apparaître un contraste de couleurs qui forme petit à petit la fresque. Au-delà de la dimension esthétique, le Beach Art est surtout une performance : les œuvres peuvent dépasser les 60 m de diamètre. Soumis aux éléments, la configuration de la plage ainsi que le rythme des marées limitent la grandeur et le temps de conception des dessins, qui nécessitent en moyenne 3 heures de travail précis et rapide. Selon sa force, le vent peut déposer du sable sec sur l’œuvre, ou sécher le sable déjà présent, atténuant les contrastes de couleurs. Il est donc difficile de savoir où se trouvera la prochaine création. Parfois, Jben doit parcourir plusieurs plages avant de trouver l’endroit idéal où dessiner.
Malheureusement, il se heurte à un fléau désormais trop commun : la pollution plastique sur les plages. Il se sert alors de sa visibilité pour sensibiliser les gens à cet enjeu environnemental qu’il côtoie tous les jours. Il démontre qu’il suffit de peu pour donner vie à une création aussi majestueuse que fragile et menacée. À sa manière, il sensibilise à l’urgence écologique. Son ambition est de pouvoir apporter de la beauté et de la rêverie dans les quotidiens de citoyens de plus en plus éloignés de la nature, et de ce qu’elle subit. Il apporte une véritable preuve qu’il est possible de faire du beau avec peu de choses, construire un monde un peu meilleur avec les éléments.
Transmettre des instants d’évasion
En étant aussi dépendant à la nature, le Beach Art force à lâcher prise, à être humble, à se reconnecter avec le caractère éphémère des choses. L’artiste compare cela à de la méditation en pleine conscience, bercé par le bruit des vagues et du râteau sur le sable. Lorsque les photos des créations sont partagées sur les réseaux sociaux, à l’humilité s’ajoute la contemplation d’une œuvre qui n’existe sûrement déjà plus. Ce sont des heures de travail et de performance dont il ne reste que des traces visuelles. Que le dessin soit observé sur la plage ou sur des photos, le public peut s’évader quelques instants grâce aux formes abstraites ou géométriques. La puissance des images a donné l’idée à plusieurs associations de faire passer leur message à travers les œuvres de Jben. En marquant les esprits par l’aspect grandiose et un moyen de communication innovant, il leur permet de diffuser leur message.
Jben travaille en ce moment avec des associations, entreprises et particuliers. Les projets sont divers, que ce soit des clips musicaux, des ateliers d’initiation pour les enfants, des expositions ou des opérations de communication. Vous pouvez retrouver ses productions sur son site et son Facebook, sur Instagram sous le nom de @jbenart et sur Snapchat avec le pseudo jbenbeachart.
C.G.