Lorsqu’un joueur ne remporte pas le pactole, il peut toujours se rassurer sur le fait qu’une partie du prix du ticket va revenir à de bonnes œuvres. Un mythe largement exagéré selon une étude récente d’Unibet. L’ampleur de cette « donation » serait bien en dessous de ce qu’on imagine, la France se situant au fond du classement européen en la matière.

Une nouvelle étude de l’entreprise de jeux d’argent Unibet vient de dévoiler que la Française des Jeux (FDJ) est l’une des loteries européennes qui attribue le plus petit pourcentage de ses bénéfices en faveur du sport ou d’œuvres caritatives. Cette étude démontre en effet que la FDJ n’attribue que 2% de ses revenus pour les bonnes œuvres, principalement dans le domaine du sport. Une information qui relativiste l’idée populaire, parfois brandie en argument, que les jeux d’argent contribuent au monde associatif au pays des Droits de l’Homme.

En effet, les pays limitrophes semblent faire preuve d’un tout autre altruisme. Ainsi, les loteries nationales d’autres pays européens sont nettement plus généreuses. À titre d’exemple, la National Lottery au Royaume-Uni attribue un quart de ses bénéfices aux bonnes œuvres. Veikkaus, en Finlande, atteint les 28% alors la Loterie Nationale en Belgique 18%. La plupart partagent davantage que leur homologue français.

Un résultat assez étonnant pour les consommateurs. L’année dernière, 55% des français de plus de 18 ans ont joué à un des jeux de la FDJ, misant en moyenne 9,3 € par semaine. Une Française des Jeux qui n’hésite pas à mettre en avant son engagement envers la monde associatif. Rappelons qu’historiquement, la Loterie Nationale, ancêtre de la FDJ, fut créée en 1933 dans le but de venir en aide aux invalides de guerre et aux anciens combattants de la Grande Guerre. Encore aujourd’hui, la FDJ titre « une histoire aux côtés des Français » sur son site précisant qu’en 2014, 230 millions d’euros furent reversés au Centre National pour le Développement du Sport.

Si cet engagement envers le sport n’est pas mis en cause, comment expliquer une si faible redistribution des bénéfices en comparaison des autres grands opérateurs européens. D’où vient cette différence ?

La charge la plus importante pour toute loterie est la redistribution des sommes prélevées vers les joueurs gagnants, et ceci explique en partie pourquoi la France peine dans le classement. La FDJ redistribue en effet 65% de ses prélèvements, selon Unibet, ce qui est dans une fourchette élevée des loteries nationales, limitant forcément le montant disponible pour d’autres activités. Par exemple, les loteries nationales les plus généreuses d’Europe sont en Irlande et au Portugal (National Lottery et Jogos Santa Casa reversent 31% aux bonnes œuvres), mais ne reversent « que » 55% de leurs prélèvements sous forme de gains.

Si ce reversement supérieur des gains est une bonne nouvelle pour les joueurs français, moins pour les associations, ceci n’explique pas tout : Norsk Tipping en Norvège reverse 75% de ses revenus aux gagnants, mais trouve tout de même le moyen de reverser 16% aux bonnes œuvres (soit proportionnellement huit fois plus que la France !).

https://www.youtube.com/watch?v=CA0qqsN-H6w

En 2013, Robert Riblet accusait la FDJ de « manipuler la chance »

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Le facteur qui exprime le plus clairement la différence entre la France et les autres pays européens est l’attitude de l’État. Dans tous les pays où les loteries sont généreuses, l’État a établi des loteries dont le but explicite est de lever des fonds pour l’inclusion sociale, le sport, l’intérêt général, etc, alors qu’en France une grande partie des revenus servent simplement à financer le Trésor Public. En France, 22,8% vont renflouer le budget de l’État, ce qui représente une part massive du budget de la FDJ. Le montant équivalent en Belgique (hormis les « subsides » affectés aux projets humanitaires et autres bonnes œuvres) est, par exemple, de 11%.

Lors de votre prochain achat d’un billet de loterie, il sera bon de vous rappeler que vos euros ont plus de chances, en France, de finir dans les comptes de Bercy sous forme d’une taxe volontaire plutôt que d’aider le prochain olympien à atteindre son rêve. Concluons par l’épisode 38 de #DATAGUEULE qui résume les autres faces cachées des loteries nationales.


Source : unibet.be / lefigaro.fr / acleu.eu / groupefdj.com / Image à la une : Steve Cutts / Interview de Maud Ly Tham pour Unibet

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