Les énergies renouvelables se portent bien, et même très bien. Les nouvelles installations devancent désormais, en terme de capacité, celles des énergies fossiles. Ce sont du moins les conclusions du dernier rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie qui sont pour le moins prometteuses, puisqu’elles permettent d’évoquer un véritable tournant dans la production des énergies renouvelables qui prennent ainsi une nouvelle dimension. Cette tendance devrait être confirmée dans les années à venir.
En terme de capacité énergétique, les énergies renouvelables connaissent désormais une croissance plus rapide que celle des énergies fossiles. En 2015, la capacité des nouvelles installations de productions d’énergies renouvelables dépassait en effet pour la première fois celle des combustibles fossiles. C’est ce que l’on peut retenir de la lecture du dernier rapport de l’Agence Internationale de l’Énergie qui vient tout juste de paraître. Cependant, au regard de la complexité du sujet, bien que l’information soit prometteuse, il s’agit de rester prudent. Le chemin à parcourir avant que l’empreinte écologique de l’humanité ne devienne soutenable est encore long.
Des chiffres encourageants
Les énergies renouvelables ne sont plus une anomalie, ni une exception à l’échelle du globe. Dans le paysage de la production de l’énergie, elles avancent à pas de géant, devenant une alternative de plus en plus crédible aux autres énergies, aussi bien carbones que nucléaires. Selon le rapport, l’éolien et le solaire sont les principaux moteurs de cette révolution. Le Directeur exécutif de l’AIE a ainsi commenté les derniers résultats : « Nous observons une transformation du marché global de l’énergie par les énergies renouvelables et, comme c’est également le cas dans d’autres domaines, le centre de gravité de ce changement se déplace vers les marchés émergents« .
https://www.youtube.com/watch?v=l1DcUoTMsU4
Les énergies renouvelables ont donc le vent en poupe et l’évolution ne s’arrêtera pas là. Le rapport montre que cette tendance avait déjà débuté avant le Sommet sur le climat qui s’est tenu à Paris en 2015 et qu’elle se poursuivra dans le futur. Selon la même source, l’électricité produite à partir de sources renouvelables devrait être l’énergie dont la croissance sera la plus rapide dans les années à venir. Cette accélération sera permise notamment grâce à une diminution constante des coûts de production. En résumé, les énergies renouvelables sont de moins en moins chères ce qui précipite un effet boule de neige sur le secteur.
Plusieurs éléments permettent d’expliquer ces données. De nouvelles politiques publiques, dans certains pays précisément, ont permis de mettre en valeur les énergies renouvelables et de soutenir des secteurs clés. Autres facteurs d’explication, la compétition accrue dans le secteur et les améliorations technologiques récentes. Si dans certains pays, le bouleversement est animé par la volonté de limiter le changement climatique et ses effets, d’autres pays voient dans les énergies vertes une solution pour résoudre des problèmes locaux de pollution atmosphérique. C’est en particulier le cas en Asie. La Chine, en dépit de son caractère polluant majeur, joue un rôle clé puisque a lui seul le pays est responsable de la construction de 40% des nouvelles infrastructures en 2015.
James Moran / Flickr
Le chemin est encore long…
Si les chiffres sont très prometteurs, il faut tout de même les analyser avec recul et les replacer dans leur contexte. Au niveau de la production brute globale d’énergie, les renouvelables représentent moins d’un-quart de la production. Malgré une croissance fulgurante, cette proportion ne change que lentement. Ainsi, entre 2015 et 2021, la part des renouvelables dans le mix énergie mondial passera de 23% à 28% selon les prévisions. Or cela risque de ne pas suffire pour prendre le virage de la transition énergétique, comme le suggère divers rapports pour qui il sera très difficile de maintenir une hausse des températures de moins de 2°.
Outre le développement des renouvelables, le combat pour maintenir cet objectif se cristallise autour des ressources fossiles. Il s’agit d’une lutte de longue haleine dans laquelle la société civile a un rôle clé à jouer. Les campagnes de désinvestissement se multiplient, pour mettre fin à une exploitation qui met en danger l’avenir climatique mais de nombreux gouvernements trainent à prendre des décisions courageuses. Actuellement, un bras de fer se joue en Amérique du Nord entre les décideurs publics, les industriels, les populations locales et des associations issues de la société civiles pour empêcher la construction de nouveaux pipelines qui doivent permettre d’acheminer du pétrole brut issu de sables bitumeux depuis le Canada jusqu’aux États-Unis. Ce conflit montre toute la difficulté d’intervenir contre un secteur qui représente des enjeux économique, politiques et sociaux particulièrement importants.
Sources : bloomberg.com / iea.org