Une nouvelle étude a dévoilé le rôle essentiel des animaux dans la régénération naturelle des forêts. Les mammifères terrestres, les petits et grands oiseaux ainsi que les chauves-souris transportent des graines, logées dans leurs poils ou leurs excréments, qui vont se planter dans la terre et donner naissance à des arbres. Cette étude prouve qu’il est nécessaire de protéger les espèces animales en voie de disparition.
Les forêts sont essentielles pour le maintien du climat et la sauvegarde de la biodiversité. Malheureusement, elles sont de plus en plus dégradées dans le monde entier à cause de la déforestation et des feux de forêt. Ces derniers sont provoqués par la sécheresse et la hausse des températures, engendrées par le réchauffement climatique.
Récemment, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, une agence spécialisée des Nations Unies, a publié un rapport sur « la situation des forêts du monde en 2022 ». Selon cette étude, les forêts sont une ressource d’importance mondiale et couvrent 31% de la superficie des terres émergées. Mais à cause de la déforestation, 420 millions d’hectares de forêts ont disparu entre 1990 et 2020.
« Le taux de déforestation diminue mais ce sont encore 10 millions d’hectares de forêts qui ont été éliminés chaque année sur la période 2015-2020. Quelque 47 millions d’hectares de forêt primaire ont été perdus de 2000 à 2020 », indique le rapport.
Aider les forêts à se régénérer
Pour protéger les forêts, nous devons donc lutter contre la déforestation et nous pouvons également planter des arbres pour favoriser la régénération. Malheureusement, ces efforts risquent de ne pas suffire si nous ne faisons rien pour aider les animaux.
Selon une étude publiée dans la revue The Royal Society le 14 novembre dernier par une équipe internationale de chercheurs, les animaux jouent un rôle essentiel dans la régénération naturelle des forêts. Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont récolté un ensemble de données provenant de la forêt du Barro Colorado Monumento Natura, au Panama. Cette région a été étudiée par des biologistes pendant près d’un siècle. Comme elle est épargnée par l’exploitation forestière, elle a permis de délivrer des données précises sur l’impact des animaux dans la régénération de la forêt.
« Près de 100 ans de données climatiques, quatre décennies de surveillance environnementale et la mise en place en 1980 de la première parcelle à grande échelle pour le suivi à long terme des forêts tropicales fournissent des outils cruciaux pour comprendre comment les forêts tropicales et leurs habitants évoluent dans le temps », peut-on lire sur le site du Smithsonian Tropical Research Institute.
Le rôle essentiel des animaux
Si les animaux sont si importants, c’est parce qu’ils dispersent des graines dans les forêts, qui se logent ensuite dans la terre et deviennent des arbres. Les animaux transportent ces graines qui se prennent dans leurs poils ou que l’on retrouve dans leurs excréments. Plusieurs animaux sont concernés : les petits et grands oiseaux, les chauves-souris et les mammifères terrestres. Parmi ces derniers, on retrouve les singes (chimpanzés, gorilles, bonobos ou encore singes hurleurs) qui sont particulièrement friands de fruits, mais aussi les éléphants. Ces pachydermes migrent, se déplacent sur de longues distances et ont une digestion incomplète, ce qui permet de ne pas trop endommager les noyaux des graines.
Les petits oiseaux et les chauves-souris sont les premiers à intervenir dans la régénération d’une forêt. En volant, ils traversent des zones déboisées et sèment des graines par leurs excréments. Ces premières graines vont donner naissance à des petits arbres, qui vont ensuite attirer les mammifères terrestres et les gros oiseaux, qui vont à leur tour transporter des plus grosses graines, qui donneront des arbres plus imposants.
« Lorsque nous parlons de restauration forestière, les gens pensent généralement à sortir et à creuser des trous pour planter des semis, a déclaré Liza Comita, professeure d’écologie des forêts tropicales. Ce n’est en fait pas un moyen très rentable ou efficace de restaurer les forêts naturelles. Si vous avez une forêt intacte et préservée à proximité, et que vous avez des animaux disperseurs de graines, vous pouvez obtenir une régénération naturelle, qui est une approche moins coûteuse et qui nécessite moins de main-d’œuvre. »
Ainsi, les animaux sont très importants dans la régénération des forêts. Malheureusement, de plus en plus d’espèces sont menacées d’extinction à cause de l’activité humaine, et leur disparition pourrait avoir un impact énorme sur les zones boisées. Cette étude prouve donc qu’il est primordial de limiter l’exploitation forestière, mais aussi de protéger les espèces animales en danger.
– LG
Photo de couverture de Philip Brown sur Unsplash