Petite sœur de l’association parisienne de même nom, l’association « Les Alchimistes » de Toulouse veut encourager la gestion locale des déchets via le compostage. Découverte inspirante.
Le compostage urbain s’invite désormais à Toulouse . À l’initiative de Valentin, Mathieu et Jérémy, l’association Les Alchimistes propose de récupérer les déchets compostables auprès des restaurateurs et ouvre ses portes aux particuliers une fois par semaine. « L’objectif ambitieux serait qu’on ne brûle plus les déchets qui peuvent être compostés », détaille Jérémy. Pour cause, selon ses calculs 1/3 des poubelles ménagères seraient composées de déchets de cuisine, soit 120 kilos par an et par habitant. L’ingénieur agronome de 27 ans, qui a travaillé pendant plusieurs années dans un gros groupe de culture et d’importation de bananes, voulait donner sens à ses actes en s’engageant dans un projet plus proche de ses valeurs, en soutenant le développement technique de l’association.
« On veut montrer qu’on peut gérer ces déchets de manière locale »
Jusqu’à présent, l’association est installée sur un terrain de la commune de Toulouse métropole à Bellefontaine, où plusieurs bacs de compostage ont été installés. Une quinzaine de restaurateurs se prêtent au jeu. Une fois le processus de dégradation des épluchures terminé, le compost peut être utilisé de manière locale, pour venir en aide aux projets d’agriculture urbaine, végétaliser la ville ou restructurer les sols des anciennes friches industrielles. « Le fait de travailler à vélo nous permet d’opter pour une logistique douce qui désengorge le centre », argumente Jérémy. L’autre avantage du compostage est de « responsabiliser les particuliers en les obligeant à trier à la source et à mieux visualiser ce que chacun génère comme déchet ».
Un électro-composteur pour se développer
L’équipe est actuellement en pleine campagne de financement participatif pour pouvoir investir dans un électro-composteur adapté à la situation et aux quantités récoltées. L’association espère également pouvoir acquérir des dispositifs pour pouvoir gérer les restes de viandes et de poissons pour lesquels existent des normes sanitaires plus exigeantes. Car si le compostage en bac est relativement simple, ce procédé possède l’inconvénient d’être long : entre le moment où les déchets fermentescibles sont déposés et celui où ils se sont décomposés en compost, il faut compter environ un an. De quoi poser la question des quantités gaspillées.
L’électro-composteur permet ainsi de réduire sensiblement la durée de ce processus pour traiter plus de quantités. Grâce à cette technique, les biodéchets qui sont introduits à l’entrée du cylindre en inox subissent une rotation d’un quart de tour environ deux fois par heures, ce qui favorise la montée en température ainsi que l’aération du mélange. 14 jours plus tard seulement, le processus de compostage est déjà très avancé. Jérémy assure que ce procédé se prête particulièrement bien à la densité des villes, ou les espaces libres sont rares. « En réduisant le temps de compostage, on réduit l’espace nécessaire, ce qui simplifie la recherche d’emplacements en ville ».
Dans les mois à venir, les trois amis espèrent pouvoir multiplier les sites de compostage dans les différents quartiers de Toulouse. Pour eux, cette formule est plus cohérente avec leurs valeurs. « C’est de cette manière que le modèle sera le plus efficace pour gérer au maximum le tout en vélo ». D’un point de vue économique, ils dépendent pour le moment de subventions. Néanmoins, ils espèrent pouvoir fonder un modèle économique à part entière en facturant la collecte des déchets auprès des restaurateurs et en vendant leur compost. Avec, espèrent Les Alchimistes, plusieurs emplois à la clé. Reste à savoir s’ils trouveront une demande suffisante d’une part et d’autre pour pérenniser ce système.
Dernier point, et non des moindres, le compostage n’est évidemment pas un passe-droit au gaspillage systémique de nourriture. Véritable fléau des temps modernes, le gaspillage est lui-même un sous-produit d’un système économique basé sur la consommation de masse (quantité au détriment de la qualité) et un gaspillage colossal au niveau de l’appareil productif. Si les citoyens peuvent naturellement faire leur part, il sera difficile de proposer une transition écologique efficace sans s’attaquer aux racines du problème.
Une campagne de financement est en cours pour alimenter l’achat d’un premier électro-composteur. Pour soutenir les Alchimistes, c’est par ici.
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