Le Congrès Mondial de la Nature 2016 a débuté le 1er Septembre à Hawaii. Pendant 10 jours, plusieurs milliers d’acteurs politiques, d’universitaires, de responsables d’entreprises et de citoyens, le tout appartenant à des communautés indigènes du monde entier se réunissent autour d’un même objectif. Au programme : partage de connaissances, et réflexion commune à des moyens de répondre aux enjeux climatiques actuels, pour préserver les richesses offertes par notre planète et lutter contre l’accaparement des terres.
NB : Āina Momona signifie textuellement les « terres grasses » qui nourrissent les familles hawaïennes. Comme ailleurs, celles-ci sont atteintes par l’activité humaine. La délégation The Pacific Northwest du Congrès Mondial de la Nature 2016 s’est jointe à différents leaders des peuples indigènes pour participer à un projet local de restauration des stocks de poissons et diverses activités culturelles. Les photographies qui suivent sont proposées par l’organisation Sustainable Southeast Partnership (Bethany Goodrich et Michael Reid).
Se réunir pour être acteurs du changement
Les 28 et 29 août dernier, Honolulu et ses alentours ont vu débarquer des membres de communautés indigènes de plus de 30 pays du monde entier venus dans le but d’assister au grand rassemblement d’ouverture du Congrès Mondial de la Nature (ou UICN). Pendant près de deux semaines, la Nature et les moyens à notre disposition pour la préserver seront au centre des discussions.
Créé en 1948, l’UICN a depuis lors participé à tous les principaux débats mondiaux sur l’environnement et le développement durable. Ses recommandations et sa philosophie intègrent les enjeux de développement durable dans nos modes de vie et de production et appellent les acteurs du monde entier à les intégrer à leurs politiques. Dans cette optique, l’UICN fournit des connaissances scientifiques et offre un espace de débat international où se rejoignent des acteurs divers et engagés.
La planète à un carrefour décisif
Cette année, les discussions porteront une fois encore sur les défis que l’humanité est amenée à relever si elle veut préserver son environnement actuel. Un point d’orgue sera cependant mis sur le tournant décisif qu’il s’agit de prendre à une heure où la population mondiale approche dangereusement des 8,4 milliards d’êtres humains estimés en 2030. Prenant connaissance des changements drastiques intervenus dans nos économies mondialisées ces 15 dernières années, l’UICN a rappelé son inquiétude quant à une nature de plus en plus sous pression. Les inégalités grandissantes entre riches et pauvres sont également soulevées dans l’annonce de la thématique du Congrès de cette année.
Au programme du forum, un éventail très large de thèmes et de conférences qui se dérouleront sur 10 jours du 1er au 10 Septembre au centre des Congrès de Honolulu. Méthodes de cartographie, protection des aires marines, implication des jeunes dans la préservation de l’environnement, impact environnemental des conflits armés, réflexion autour des outils à disposition… autant de problématiques qui feront l’objet de sessions dédiées. Pourtant, l’évènement hautement symbolique et au combien vital pour l’avenir de l’humanité reste peu médiatisé en occident.
Apprendre les uns des autres
Le rassemblement d’ouverture, dont le nom « E Alu Pu » signifie « Avancer tous ensemble », a quant à lui témoigné d’une implication renouvelée des populations indigènes et des associations et entreprises. Des délégations indigènes venues d’Alaska, de Colombie-Britannique, de Washington ou d’Hawaii ont ainsi pu partager leurs savoirs au cours d’échanges et d’ateliers réalisés en pleine nature. Ainsi, les divers membres d’associations ont bénéficié des connaissances traditionnelles de ces peuples qui continuent de vivre en harmonie avec la nature. Cérémonie de bénédiction du bassin de lei limu, ateliers d’architecture traditionnelle hawaïenne, cours sur la construction de pièges à poissons étaient au programme dans une ambiance conviviale.
Directement concernés par la protection de la nature, et premières victimes de la destruction de leur environnement, les peuples autochtones continuent pourtant de constituer une source de savoir inestimable. Acteurs centraux d’une conservation en harmonie avec leurs modes de vie, ces communautés nous montrent humblement qu’une cohabitation respectueuse avec la nature est possible mais surtout souhaitable. Malheureusement, dans un capitalisme de connivences, ils sont encore et toujours les victimes des déplacements et des expropriations infligées par des États qui nient toute responsabilité au nom de l’économie triomphante.
Les limites de l’IUCN
Si les activités proposées par ce grand rassemblement annuel sont infiniment positives et résilientes, l’organisation tentaculaire qu’est l’IUCN n’est pas sans zone d’ombre. Englobant plus de 1200 organisation gouvernementales ou non, l’IUCN joue un rôle de consultance et d’observateur pour les Nations Unies. Certains lui reprochent sa coopération avec des multinationales comme Danone, Nokia, Shell ou encore Nespresso. L’International Union for Conservation of Nature servirait également de facilitateur pour lisser les réglementations environnementales au niveau mondial en gagnant notamment la sympathie des communautés locales.
L’IUCN étant un acteur majeur de la projection de l’environnement au niveau des institutions mondiales, aux côtés du WWF, celui-ci oriente dès lors la nature même que doit prendre la protection de l’environnement chez les gouvernements, avec toutes les influences qui gravitent au sein des institutions fréquentées. Ainsi, on lui reproche notamment l’expulsion du peuple Maasai du parc national Serengeti au nom de la protection de la nature. Un motif potentiel poussant probablement aujourd’hui l’organisation à se tourner vers les peuples indigènes en leur offrant une tribune inespérée.
Sources : TNCCanada.ca / Kuahawaii.org / IUCNWorldConservationCongress.org / Reporterre.net / Photographies à la discrétion de Sustainable Southeast Partnership (Bethany Goodrich et Michael Reid).