Bonne nouvelle et tournant historique en Gambie où trois femmes sur quatre sont toujours excisées pour plusieurs millions de fillettes chaque année dans le monde. L’interdiction de l’excision suffira-t-elle à faire plier la tradition ?

« La violence contre les femmes et les fillettes est la violation des droits humains la plus répandue au monde. » pouvait-on lire, hier, sur la page d’Amnesty International à l’occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes. Hasard du calendrier, l’avant-veille de cette journée internationale, le président Gambien Yahya Jammeh prenait une décision historique en faveur du droit des femmes dans son pays en décrétant l’interdiction avec effet immédiat de cette pratique culturelle.

Relatant les propos tenus par Yahya Jammeh lors d’un rassemblement à Kanilai, le ministre de l’information Gambien, Sherrif Bojang, a publié sur sa page Facebook : « Le Président Jammeh a déclaré il y a quelques minutes que la mutilation sexuelle féminine était interdite avec effet immédiat ».

Le Chef d’État a notamment invoqué vouloir « protéger les fillettes » contre une pratique qui ne trouverait aucune justification religieuse dans l’Islam et touche toujours plusieurs milliers de fillettes chaque année. En Gambie, au moins trois quarts de la population féminine est concernée par cette pratique d’un autre temps pourtant très ancrée dans les traditions. On redoute que plusieurs années soient encore nécessaires pour faire baisser les chiffres malgré l’interdiction.

État de l’excision dans le monde

L’excision est une très ancienne pratique qui consiste en « l’ablation partielle ou totale des organes génitaux féminins ». Cette opération violente est dans la majorité des cas effectuée artisanalement, sans anesthésie, dans des conditions sanitaires innommables. L’OMS déplore cependant la triste professionnalisation de cette pratique qui serait, dans plus de 18% des cas, réalisées par des soignants.

Cet acte violent contre l’intégrité de la femme entraine régulièrement des complications d’ordres physiques, qu’il s’agisse de douleurs, d’hémorragies, d’ulcérations génitales ou de septicémies ; d’ordre sexuelles également, puisque le clitoris est l’organe sexuel féminin le plus sensible, provoquant une altération irréversible du plaisir ; et d’ordre psychologique, pouvant entrainer des angoisses, des dépressions et des tentatives de suicides.

Dans un rapport datant de février 2014, l’OMS déclarait qu’une vingtaine de pays Africains et du Moyen-Orient étaient encore touchés par ces pratiques culturelles, religieuses et sociales. Plus de 125 millions de jeunes femmes en seraient victimes, dont d’innombrables enfants, dès le bas-âge jusqu’à l’âge de 15 ans, bien que cette pratique est toujours exercée au-delà de l’adolescence. Selon l’UNICEF, trois millions de femmes subiraient encore cette mutilation chaque année. On rappellera que l‘excision interdite au Kenya depuis 2011 et depuis 1998 en Côte d’Ivoire où elle est pourtant toujours pratiquée  illégalement…


Sources : lesoir / Amnesty / Who / Unicef / Huffingtonpost / marieclaire.fr / Photographie à la une : UNICEF

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