Depuis plus de quinze ans, Hossein Fatemi documente le pays qui l’a vu naître avec la délicatesse et la vision de celui qui en connaît la beauté comme les défauts. Loin des images ethnocentrées que l’on nous montre en boucle à la télévision, ses photographies dépeignent un Iran à la fois moderne et secret où la jeunesse se cherche entre soirées alcoolisées, activités non-mixtes et lectures religieuses. Un Iran bien plus complexe et divers qu’il n’y paraît.

Hossein Fatemi est un photographe reporter de guerre reconnu pour ses reportages de terrain, au cœur de l’action. Son travail, comme celui de tant d’autres, permet d’offrir une vision du monde plus proche de la réalité que ce qu’on peut s’imaginer en regardant simplement le journal télévisé. On ne compte plus ni ses publications, ni ses récompenses, parmi lesquelles des noms comme le New York Times, The Guardian, National Geographic ou des prix comme ceux décernés par Unicef, LensCulture ou le China International Photojournalism Contest trouvent leur place.

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Durant sa carrière, souvent au péril de sa vie, Hossein Fatemi a documenté la vie des habitants, et les conflits qui les traversent, au Liban, au Pakistan, en Turquie, en Iran, en Irak, en Inde, en Russie, en Somalie, au Kenya, en Turquie et au Bangladesh. Aujourd’hui, après avoir passé quelques années à photographier la guerre en Afghanistan, il a élu résidence à Chicago. Lorsqu’on l’interroge sur son pays de naissance, l’Iran, il affirme pourtant qu’il y aurait de quoi faire des photos pour une vie entière.

L’Iran telle qu’on ne la voit jamais

Pour réaliser sa série « An Iranian Journey » (« Un voyage iranien »), Hossein Fatemi a cependant dû contourner certaines règles de son pays. Certains endroits qu’il a photographiés, notamment ceux réservés aux femmes, furent difficiles d’accès et ont parfois demandé des mois au photographe pour avoir la simple autorisation d’y entrer. Son immersion dans un Iran où la charia est en vigueur, et où il peut être interdit de jouer de la musique rock, a également rendu sa tâche plus difficile. En effet, certaines personnes ont montré des réticences à être photographiées à visage découvert, craintives de devoir subir des représailles pour avoir bravé les interdits.

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Le résultat photographique de cette volonté acharnée de montrer le vérité est pourtant époustouflant, en plus d’être rare. Hossein Fatemi y révèle la part cachée du pays, celle que les autorités religieuses voudraient étouffer, une part qui ne s’opère qu’une fois les portes closes. Dès lors, les langues se délient, et dans la discrétion permise par l’intérieur, les jeunes iraniens fument, boivent de l’alcool, jouent de la musique, dévoilent la couleur de leur peau. La vie prend toute son ampleur dans la clandestinité et dans l’atmosphère rassurante de l’intime.

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C’est aussi la frontière culturelle entre l’Occident et l’Iran qui s’efface peu à peu à la vue de ces photographies. Alors que l’Iran est décrié dans les médias comme un pays islamique « ennemi » où un gouvernement oppressif opère sous le joug d’idéologies hyper-conservatrices, le travail photographique de Hossein Fatemi rend honneur à sa population, bien vivante et surtout rebelle. Dans ce pays où les hommes et les femmes sans lien de parenté n’ont pas le droit de se côtoyer et où l’alcool est prohibé, on observe alors l’universelle recherche de liberté. Une recherche qui, on le notera cependant, n’est pas exempte de l’influence d’une télévision et d’un internet majoritairement occupés par le mode de vie occidental.

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Sources : HosseinFatemi.com / Panos.co.uk / NYTimes.com / Mymodernmet.com / Toutes photographies : Hossein Fatemi

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