L’énergie solaire au coeur des nouveaux investissements européens ? Il semblerait bien, puisque selon un très sérieux article publié dans The Guardian, le gouvernement ukrainien aurait remis à plusieurs banques d’investissement la présentation d’un projet de grande envergure. Le sujet de celle-ci : voir le site de Tchernobyl transformé en l’une des plus grandes fermes solaires au monde. Celle-ci serait capable de générer 1000 MW, soit le quart de l’énergie produite par l’ancien réacteur. Une nouvelle qui vient redessiner le paysage des possibles dans cette zone désertée depuis 1986.

Un parc solaire de 1000 MW sur la zone d’exclusion

Abandonné depuis maintenant 30 ans suite à la catastrophe nucléaire la plus dévastatrice de tous les temps, le site de Tchernobyl pourrait bientôt (re)devenir un atout majeur de l’économie ukrainienne. En effet, le gouvernement voudrait y construire une ferme solaire capable de générer une puissance de 1000 MW. C’est en tout cas ce que révèlent les documents perçus par The Guardian, et adressés à divers investisseurs, notamment européens et américains. Six mille hectares au sein de la zone d’exclusion ukrainienne, étendue sur 1000 kilomètres carrés, pourraient donc être transformés en grande plantation solaire. L’idée est de créer un complexe capable de générer de l’électricité à partir du soleil, mais également d’autres énergies propres, comme l’éolienne et le biogaz.

Tchernobyl_1Photo : Wikimedia Commons

Comme le rappelle l’article du Guardian, cela faisait plusieurs années que des pressions étaient exercées afin de permettre le développement industriel de la zone. La présentation adressée aux investisseurs explique les raisons d’un certain revirement : « Il y a eu un changement dans la perception de la zone d’exclusion en Ukraine. Trente ans après la tragédie de Tchernobyl, [celle-ci] révèle des opportunités de développement. Une zone industrielle spéciale doit être créée en conformité avec toutes les règles et règlements de sécurité imposés par le rayonnement au sein de la zone d’exclusion ».

Comme cherche à le montrer la présentation, l’impossibilité sur les terres concernées de cultiver, ou de réimplanter une population, en fait un terrain justifié pour une activité industrielle d’envergure. De plus, certains câbles électriques nécessaires à la transmission du courant et datant de l’ancienne centrale seraient, semble-t-il, toujours en état d’usage. L’ensoleillement du lieu joue également en sa faveur, car le site aurait une exposition solaire semblable à celle constatée au Sud de l’Allemagne.

Tchernobyl_4Photo : Flickr/hélène veilleux

Réduire sa dépendance énergétique : le nouveau défi l’Ukraine

Si le projet présente des avantages certains en matière de reconstruction du territoire et de transition vers les énergies renouvelables, il représente aussi un enjeu politique de taille pour le pays. En montrant sa volonté d’investir dans les énergies propres, l’Ukraine et ses responsables politiques espèrent en effet s’attirer les faveurs de l’Europe. D’ailleurs, la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), a accueilli l’initiative avec bienveillance et s’est déclarée prête à investir dans le projet. Deux sociétés américaines et quatre canadiennes auraient également signifié leur intérêt.

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Se rapprocher de l’Europe signifierait également pour le nouveau gouvernement ukrainien de pouvoir prendre ses distances avec la Russie sur l’échiquier international. Actuellement en cessez-le-feu avec le Kremlin, le pays continue de subir des désordres politiques et des violences locales, notamment à la frontière russe. Jusqu’à récemment, l’Ukraine était fortement dépendante du gaz naturel russe. Suite à des disputes autour des paiements des importations, et des menaces exercées par le Kremlin de couper l’approvisionnement, l’Ukraine cherche toujours des moyens de se défaire du fournisseur russe et de sa dépendance énergétique aux autres pays voisins.

Tchernobyl_3Photo : Flickr/hélène veilleux

Miser sur les énergies renouvelables pourrait donc permettre au pays de faire d’une pierre deux coups : d’un côté se rendre encore un peu moins dépendant de l’énergie russe, et de l’autre se rapprocher des gouvernements européens en montrant ses bonnes intentions. Tchernobyl pourrait ainsi enfin retrouver une nouvelle utilité dans ce paysage ukrainien entaché par la catastrophe nucléaire de 1986.

En attendant la concrétisation de ce projet, si symbolique d’une renaissance bienvenue, voici des images poignantes de la zone sinistrée de Tchernobyl prises l’année dernière. Là-bas, le temps semble s’être arrêté.


Sources : TheGuardian.com / Bloomberg.com / Yahoo.com

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