Le trio bordelais Odezenne, en collaboration avec le réalisateur Jérôme Clément Wilz, lance une nouvelle série de clips dans un format à la fois esthétique et engagé. La première vidéo de cette suite, intitulée Novembre, issue de l’EP Rien, est sortie hier. Elle est le résultat d’un travail artistique recherché et minutieux à découvrir.
Odezenne, dont la réputation n’est plus à faire, est un groupe de musique français, au style éclectique, composé d’Alix Caillet, Jacques Cormari et Mattia Lucini. Dans un style qui leur est si particulier, ils dénoncent les paradoxes et incohérences de la société contemporaine. En 2014 paraissait leur 5ème EP, Rien. Deux ans plus tard, le morceau Novembre est retravaillé pour être intégré à un « clip documentaire » inédit.
La vidéo, au cœur des récentes actions militantes, repose sur la confrontation entre réalité et fiction : la réalité est représentée à travers des images prises récemment, à l’occasion des mouvements sociaux qui divisent la France. La fiction vient s’y joindre avec un morceau dont les paroles ont été écrites il y a six ans et qui relatent un embryon de révolution à Paris bien plus tard. L’un des membres du groupe, Alix, défend le caractère original de cette idée dont il est l’initiateur.
Les images à la beauté poignante tournées par Jérôme Clément Wilz témoignent de la violence, des clivages et de l’absence de dialogue qui brûlent la France à petit feu. Connu du milieu, le réalisateur s’est déjà distingué avec le reportage « Un baptême du feu » sorti en 2015, où il met en scène le quotidien dangereux et précaire des photographes de guerre.
Jérôme Clément Wilz à l’œuvre
Un clip musical aux images travaillées
Dans une scansion volontairement traînante et lancinante, le clip nous emmène au milieu des rues, au centre des manifestants, au cœur des grenades lacrymogènes et des coups échangés entre forces de l’ordre et militants depuis le début de ce printemps. Se trouvant embarqué aux premières loges de l’action, le spectateur est pris entre les échos mélancoliques de la guitare, des paroles fortes et des images qui ne peuvent laisser indifférent.
D’après le témoignage du chanteur, ce travail a permis de « mêler l’œil de Wilz à la musique du groupe et de quitter ainsi la fiction et la mise en scène des clips traditionnels », tout en donnant aux images une dimension « poétique ». À propos des différentes scènes filmées au ralenti, le chanteur déclare que « la réalité des images violentes au ralenti fait écho au texte lui aussi violent » et entre en contraste avec la mélodie.
Le groupe
Un groupe engagé
Le groupe se démarque non seulement par son style musical mais aussi par ses choix engagés et courageux. Dans un monde de la musique où le rythme est dicté par les grandes maisons de disques, ils ont fait le pari de l’indépendance. Leurs disques sont publiés au nom de leur propre label : Universeul. Leurs concerts, explique le journal L’Humanité, sont organisés à la demande des utilisateurs Facebook, lorsque un nombre suffisant de personnes est inscrit en ligne à l’événement. Cette décision minoritaire est le synonyme de plus de liberté dans les propos et les prises de position. Cependant, Alix rappelle toute la difficulté que présente la promotion d’un nouvel album pour des artistes indépendants.
Le nouveau clip, qui sera suivi de deux autres séquences, s’inscrit de manière cohérente dans le parcours du groupe.
Sources : humanite.fr / libeation.fr