Une vidéo tournée le 30 décembre 2018 dans le Finistère par l’association Direct Action Everywhere – France relance le débat sur les conditions dans les élevages spécialisés dans la production d’œufs à couver et de poussins et dont les poules sont le maillon invisible.
L’association Direct Action Everywhere – France a mis en ligne ce jeudi 17 janvier des images filmées dans l’un des poulaillers de Goasduff, une entreprise d’accouvage située dans le Finistère. La société est spécialisée dans la production et la sélection d’œufs à couver. Une fois les œufs éclos, les poussins sont revendus à des éleveurs de volaille. L’entreprise, qui revendique une centaine de salariés, affichait un chiffre d’affaires de 22 millions d’euros en 2017. Avec 31 sites et environ 600.000 couveuses, elle vend 1,2 million de poussins par semaine à ses clients, dont Doux, LDC, Sanders, Savel.
Sur les images, prises la nuit, on peut voir les poules souvent déplumées qui fuient les intrus. William Burkhardt, membre de Direct Action Everywhere – France se dit choqué par les images tournées. « Elles vivent enfermées en bâtiment, sans accès à l’extérieur, sont blessées ou amochées par ce mode d’élevage qui les oblige à vivre par milliers dans un même bâtiment. Sous ces conditions, elles peuvent développer de l’agressivité envers leurs congénères », décrit Direct Action Everywhere – France dans son communiqué de presse. L’association, qui vient tout juste de créer son antenne en France, souhaite montrer au public l’intérieur des élevages industriels et leur « réalité » par le biais d’enquêtes vidéo, afin d’encourager une prise de conscience à propos des conditions de vie des animaux. « En Bretagne, des élevages intensifs », il y en a partout précise l’activiste. Et pour cause, si l’image des français concernant l’agriculture reste très positive, la majorité des exploitations fonctionnent aujourd’hui en mode industriel déconnecté du vivant, pressées par la nécessaire rentabilité.
L’entreprise se défend
Des accusations que M. Goasduff, qui regrette le mode opératoire de Direct Action Everywhere – France, rejette en bloc. Par téléphone, il affirme que le bâtiment visité abritait des poules de « plus de 62 semaines et en fin d’activité, ayant perdu leurs plumes de manière naturelle en raison de leur âge et non en raison d’un comportement agressif ». D’après lui, la concentration serait moins élevée que ce que peuvent laisser penser les images, à raison de 6 poules par m2. Par ailleurs, l’absence de cadavres au sol suggère qu’elles sont « en bonne santé », tient-il à souligner. Enfin, M. Goasduff insiste sur le fait que les poules ne vivent pas en cage, mais à même le sol « sur une litière naturelle » et que l’insémination se fait naturellement par reproduction avec des coqs. Il conviendra à chacun d’en juger.
En France, Direct Action Everywhere n’est pas à son coup d’essai. L’association s’était déjà introduite dans un élevage de poulets en Ariège, puis de porcs en automne dernier, suscitant à chaque fois des débats sur le bien-être animal et la légalité de leur intervention. Côté politique, rien ne semble évoluer, où beaucoup trop lentement. Ce n’est donc pas la dernière fois que nous risquons de voir ce type d’images en France. Et pour cause, sans changement structurel, les entreprises suivent simplement les règles du jeu leur permettant de maximiser leurs profits. Rares sont celles qui, d’elles-mêmes, décident d’en faire autrement.
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