Les statues de l’Île de Pâques bientôt les pieds dans l’eau ?

© Randy Olson / Nat Geo Creative

L’île de Pâques, dont les monumentales statues continuent d’intriguer les anthropologues et d’alimenter les imaginaires à propos de la civilisation pascuane qui les a érigées, pourrait bien être l’une des prochaines victimes de la montée des eaux. C’est ce que met en lumière un rapport de 2016 de l’UNESCO, qui illustre les conséquences du changement climatique sur le patrimoine mondial.

La montée des eaux est plus rapide que ce que les scientifiques croyaient jusqu’à présent. Ce sont les conclusions d’une nouvelle étude publiée lundi par le PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences). Les conséquences, dans les prochaines décennies, sont bien évidemment désastreuses : tout autour du monde, de nombreuses métropoles construites à proximité des côtes pourraient être progressivement englouties et des îles disparaître, contraignant des dizaines de millions de personnes au déplacement. En 2015, une étude de l’institut de recherche Climate Central concluait qu’une hausse des températures de 2 °C obligerait 130 millions de personnes à quitter leur foyer, alors qu’en cas d’un emballement de 4 °C ce chiffre pourrait s’élever jusqu’à 760 millions de personnes. Une perspective inquiétante, au regard des tensions générées par les « petits » mouvements de population actuels.

ICESCAPE Mission (201007090001HQ) (explored)Un patrimoine mondial menacé

Mais la montée des eaux sera aussi le théâtre d’un autre phénomène, nous rappelle le rapport « Patrimoine Mondial et Tourisme dans un climat qui change », publié en 2016 par l’UNESCO. De nombreux joyaux archéologiques pourraient être ensevelis ou se détériorer en raison des suites de la hausse moyenne des températures et notamment des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents. Sont concernées, entre autres, les forêts équatoriales, comme au Brésil, la statue de la Liberté ou encore certaines villes historiques, comme Ceský Krumlov, en République tchèque.

Autre lieu qui pourrait être touché, l’île de Pâques et ses célèbres statues Moaï, construites entre 1250 et 1500 apr. J.-C.. Sculptées essentiellement dans du tuf volcanique, elles sont généralement érigées les unes à côté des autres le regard vers l’intérieur des terres, et installées sur des plateformes cérémonielles appelées ahu. Aujourd’hui, la population de l’île a été réduite à 5000 habitants, mais les archéologues estiment qu’elles s’élevaient à 10.0000 voire 15.000 âmes avant l’arrivée des premiers Européens. Les mystérieuses statues attirent en revanche 60.000 visiteurs chaque année.

Au sein de la communauté scientifique, les causes de la disparition de la civilisation pascuane divisent. La thèse très populaire de Jared Diamond selon laquelle la population aurait creusé son propre tombeau en surexploitant localement les ressources est désormais remise en cause. Le débat reste de savoir si la population a été balayée par des épidémies, un changement dans le régime des précipitations ou des guerres entre les différents clans, reste sujet à controverse. Dans tous les cas de figure, ce joyau historique est menacé par nos activités humaines bien actuelles à une échelle planétaire.

Faux Moaï submergé pour la production d’un film en 1994. © Randy Olson / Nat Geo Creative

L’île de Pâques et son patrimoine face à la montée des eaux

Petit confetti perdu au milieu de l’océan pacifique et dont les chercheurs ont longtemps peiné à comprendre comment elle pouvait avoir été colonisée en dépit de son isolement, l’île des pâques doit désormais faire face aux conséquences du changement climatique. Au programme, des étés de plus en plus secs en raison d’un manque de précipitations, une hausse du niveau de la mer et du nombre d’inondations ainsi que l’érosion des côtes. Les Moaï se trouvant en bord de mer, l’association de ces phénomènes pourrait bien se révéler être fatal pour ces vestiges, nous apprend le rapport « Patrimoine Mondial et Tourisme dans un climat qui change ».

Les auteurs craignent en particulier que des submersions plus fréquentes et des vagues puissent fragiliser les constructions. « Avec le changement climatique, les vagues plus hautes et plus puissantes frappant les dalles des murs des ahu soumet ces structures à des dommages plus importants et les Moaï érigés dessus pourraient se renverser », écrivent-ils. La situation inquiète les archéologues, qui craignent non seulement la disparition de sites historiques emblématiques, mais aussi que certains des secrets que recèle encore l’île ne s’évanouissent à jamais. À l’heure où chercheurs et scientifiques théorisent très sérieusement le possible effondrement de notre civilisation, la menace qui pèse sur les célèbres statues fait raisonner d’une étrange manière le présent avec le sort de ces populations passées.

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