Quand on sait, premier film d’Emmanuel Cappellin, expose le gigantisme vertigineux de la société de consommation et son inexorable déclin. En réaction, le réalisateur essaye de cerner les nouveaux récits qui émergent et qui tentent d’expliquer les défis auxquelles s’expose l’humanité.
Face à l’épuisement des ressources et au changement climatique, une nouvelle période, certainement marquée par l’instabilité, s’ouvre pour l’humanité. Le réalisateur Emmanuel Cappellin a essayé de comprendre les tenants et aboutissants de cette nouvelle ère en scrutant les réactions humaines face à ces perspectives inquiétantes.
« Quand on sait » raconte le cheminement intellectuel de l’auteur, depuis le moment où, à bord d’un cargo, il réalise la fragilité de notre société et la possibilité que nous ayons dépassé des points de non-retour, laissant envisager la possibilité d’un effondrement global. Il fait dialoguer ses sentiments avec ceux de scientifiques reconnus, comme le climatologue Hervé Le Treut, ou l’ingénieur Jean Marc Jancovici en les interrogeant non pas tant sur leurs recherches que sur leurs émotions personnelles par rapport à la situation présente et la manière dont ils se préparent aux bouleversements à venir.
Le réalisateur a commencé par faire des études au Canada en Sciences environnementales, un cursus qui privilégie une approche transdisciplinaire de la question, laissant aussi bien la place aux sciences dures qu’aux sciences humaines. « Ces études m’ont permis de parler tous les langages des sciences environnementales », se souvient le réalisateur. Par la suite, il se forme au cinéma en Californie, avant de commencer sa carrière professionnelle en travaillant à la réalisation de documentaires, notamment auprès de Yann-Arthus Bertrand.
Nouveaux enjeux, nouveaux récits
Les origines de « Quand on sait » remontent à 2012. « Je voulais essayer de traiter du malaise ambiant qui grimpe ainsi que de nombreux récits qui émergent en parallèle », nous explique le réalisateur, qui voit dans ces récits l’un des points de cristallisation des futurs débats. « Ces différents récits sont en compétition. Chacun d’entre eux essaye d’expliquer ce qui nous arrive aujourd’hui, avec une recherche de sens très forte », poursuit-il. Ainsi de la « crise » des réfugiés, qui trouve des interprétations souvent opposées et à laquelle la société réagira de manière différente selon l’interprétation qui dominera les débats.
Ramenés à la question écologique et plus précisément à la finitude des ressources, ces récits questionnent notre capacité à réagir de manière collective. « Le plus dangereux n’est pas la contrainte sur l’énergie, mais de le vivre dans une société extrêmement atomisée et individualisée », analyse Emmanuel Cappellin. La question qui se pose alors est la suivante : « Comment est-ce qu’on apprend à développement des aptitudes et des compétences qui nous permettent de nous adapter à une société en décroissance forcée ? ». En d’autres termes, les questions physiques doivent désormais structurer les débats si nous souhaitons y apporter une réponse crédible.
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Finitude des ressources et inégalités
Néanmoins, la discussion est rendue d’autant plus complexe que les question de la finitude des énergies et de l’empreinte environnementale ne sont pas les seules en cause. « Il y a deux questions qui se polluent mutuellement », résume le réalisateur : « il y a la question des limites, c’est-à-dire le gâteau que nous avons à disposition, et la question de justice, c’est-à-dire la manière dont on se répartit le gâteau ». Ce qu’il signifie qu’il est difficile d’obtenir de la sobriété – perçue par la majorité comme de la restriction – alors que notre société n’a jamais été aussi inégalitaire. À l’avenir, les décisions collectives seront certainement soumises à un difficile équilibre à trouver entre ces deux aspects. Avec cette interrogation au centre : serons-nous encore capable de faire société demain ?
Avec « Quand on sait », Emmanuel Cappellin produit son premier long-métrage en tant que réalisateur. Une campagne de financement participatif est en cours pour permettre le montage final du documentaire. Quelques extraits peuvent d’ores et déjà être consultés sur le site du film. Mr Mondialisation est partenaire du film.
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