Elles sont discrètes. Elles sont partout. On en consomme des milliards. Les pailles en plastique sont un poison environnemental ignoré. Mounia El Kotni, Yasmine El Kotni, Johanna Niedzialkowski et Ghita Chraïbi ont des idées derrière la tête : elles viennent de lancer une initiative pour protéger les mers et les océans des déchets plastiques qui les menacent en s’attaquant à cet objet bien précis, les pailles. Bas les pailles, du nom de leur projet, rappelle l’urgence à combattre les pollutions marines. Une pétition a été lancée en soutien sur change.org.
Certes les choses avancent, et la lutte contre le plastique est inscrite à l’agenda de certaines politiques publiques mais également sur celui des ingénieurs et des inventeurs qui s’évertuent à proposer de nouvelles solutions pour nettoyer mers et océans, mais aussi pour recycler les déchets plastiques. Malgré tous les projets positifs qui on été portés ces dernières années, la tache à accomplir pour protéger l’environnement des plastiques reste considérable, d’autant que sa production ne cesse d’augmenter, croissance mondiale oblige.
Pourquoi s’en prendre spécifiquement aux pailles pour porter une lutte plus vaste contre le plastique ? Mounia El Kotni, Yasmine El Kotni, Johanna Niedzialkowski et Ghita Chraïbi, les quatre amies porteuses de la pétition nous expliquent que cet objet « ne représent[e], dans la majorité des cas, pas une nécessité mais un confort ». Tout un symbole donc, nombre de nos consommations étant des objets de confort d’apparence sans danger qui, à très large échelle, créent des marées de problématiques.
Les océans se noient dans le plastique
De fait, les pollutions plastiques restent considérables et inquiétantes, au point que l’ONU vient de lancer un programme spécifique pour s’y attaquer. D’autant que les chiffres sont alarmants : en 2014, l’Institut français de recherche pour le développement indiquait que chaque année, 1,5 millions d’animaux mourraient à cause du plastique. Ainsi, cette pollution est désastreuse pour la faune et la flore. Sous l’effet de l’eau, les plastiques s’érodent en de petits morceaux qui sont souvent ingérés : les êtres marins, comme par exemple les tortues, en sont les premières victimes ; mais ces plastiques atterrissent également dans nos assiettes sous forme de particules.
Bas les pailles entame à son échelle une lutte pour mettre un terme au « raz de marée de plastique [qui] continue de faire des dégâts considérables ». De part leur poids « plume » et leur taille, les pailles échapperaient facilement au recyclage. Ainsi, elles terminent leur parcours dans les océans, parmi les 8 millions de tonnes de déchets plastiques qui finissent leur route dans les eaux. Certains animaux les ingèrent, s’étranglent et parfois en meurent. Chaque jour, ce sont pas moins d’un demi-milliard de pailles qui sont utilisées, uniquement aux États-Unis ! Dans le monde, les chiffres manquent, mais s’estiment en centaines de milliards. C’est chiffres sont difficilement intelligibles : l’équivalent d’une benne à ordure de plastique est déchargée dans la mer chaque minute et on estime que d’ici 2050, on devrait trouver plus de plastique (en poids) que de poissons dans l’ensemble des océans. Mais si ces chiffres dépassent l’imagination, les conséquences environnementales, elles, restent bien concrètes.
Après les gobelets et les assiettes, faire interdire les pailles
Les gobelets, les assiettes ou encore les cotons-tiges sont progressivement interdits, notamment depuis la loi sur la biodiversité de 2016. Les porteuses de l’initiative espèrent obtenir à leur tour « l’interdiction des pailles en plastique en France ». D’autant qu’il est d’ores et déjà possible de se tourner vers d’autres solutions : « les alternatives existent : en bambou, en inox ou en carton et il ne tient qu’à nous de changer nos habitudes ! ».
Dans le même temps, faute de volontés politiques (et de gens pour voter pour elles) Bas les Pailles mise tout sur le changement des comportements : « Lorsque nous commandons une boisson, précisons « sans paille ». Parlons-en autour de nous, sensibilisons nos proches et nos restaurateurs de quartier » s’exclament les quatre jeunes femmes qui affirment leur sensibilité pour les « problématiques environnementales » et leur engagement pour « la protection de nos océans pour que notre planète bleue le reste ». Aussi, elle veulent inscrire leur démarche dans un cadre plus large, autour de « campagnes internationales pour la protection des océans telles que Say No to Straw et Straw wars ». Reste à faire entendre leur démarche, qui peut être soutenue sur change.org.
Source : baslespailles.org