Alors que la méfiance vis-à-vis des géants d’Internet comme Google et Facebook vient à croître, certains acteurs du monde 3.0 cherchent des solutions éthiques pour garantir la vie privée sur internet. Qwant, moteur de recherche élaboré par des Français il y a 3 ans, se développe aujourd’hui dans cette optique, cherchant à réinventer le modèle de l’entreprise web. Son succès est grandissant.

Un moteur de recherche éthique nouvelle génération

S’il a été critiqué à ses débuts pour son utilisation des mêmes algorithmes que Yahoo, Qwant a bien évolué depuis son lancement en février 2013. Son fer de lance ? Ne pas tracer les utilisateurs et ne pas filtrer le contenu sur internet. C’est à dire abandonner le traçage à l’aide des cookies (petits fichiers de données collectés par les différents sites), et intégrer un algorithme aux critères objectifs qui renvoie les mêmes résultats à chaque individu connecté. Ainsi, Qwant, contrairement à Google, n’utilise aucun traceur publicitaire qui pourrait être utilisé par la suite pour vous proposer des produits susceptibles de vous intéresser (et vous amener à acheter), orientant ainsi les résultats à des fins économiques.

Vous l’aurez peut-être compris, Qwant cherche à pratiquer la « data minimisation » à l’heure du « big data ». Mais il va plus loin encore, en proposant de rendre anonymes les requêtes faites par les utilisateurs, en dissociant les recherches effectuées de l’adresse IP de leur initiateur. Pour ce faire, chaque numéro IP utilisé par session est crypté et transformé en une chaîne de caractères différente à laquelle sont ajoutés des chiffres de façon aléatoire. Aucun moyen de retrouver l’adresse originelle, donc. De même, aucune collecte concernant les données de navigation ou la localisation des utilisateurs.

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Un algorithme unique, une interface originale et complète

Concernant l’algorithme utilisé, Qwant hiérarchise les contenus présentés en fonction de différents critères auxquels ont été attribués différents poids en fonction de leur importance. Ainsi, les contenus sont classés en fonction de qualités propres au SEO déjà pratiqué ailleurs (comme le nombre de liens renvoyant vers la page, par exemple), mais aussi en fonction de la qualité du contenu proposé et le comportement en ligne de l’auteur.

Du point de vue de l’utilisation et de l’interface, il n’y a pas grand chose à redire, et Qwant n’a pas beaucoup à envier aux autres moteurs de recherche. On retrouve ici la possibilité de trier les résultats selon la nature du contenu recherché, qu’il s’agisse de pages web, d’actualités, d’images, de vidéos ou encore de publications faites sur les réseaux sociaux (une catégorie que l’on ne retrouve pas sur l’interface du géant de la Sillicon Valley). Plus récemment, Qwant a même lancé la version Bêta de son moteur de recherche de musique, Qwant Music, avec lequel il compte se différencier de la concurrence. On trouve également une version simplifiée et sécurisée pour les enfants.

Un modèle « traditionnel » loin de la revente de données

Bien loin des requins du marketing à la recherche d’un ciblage de clientèle toujours plus intrusif et demandeur en informations privées, Qwant table sur des revenus au clic. C’est à dire que seuls les sites marchands et le moteur de recherche sont impliqués dans la transaction. Si Qwant parvient à renvoyer les utilisateurs vers certains sites, alors il sera rémunéré en fonction du nombre de clics issus des différentes recherches. Même schéma avec l’affiliation de Qwant avec d’autres sites, un modèle très utilisé par les sites internet et qui revient à passer des « partenariats » avec des sites de comparateurs ou marchands. C’est un peu le retour à la simplicité volontaire dans le monde numérique.

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Google, qui quant à lui a abandonné ce modèle en 2009, cherche aujourd’hui davantage à tirer des revenus de la collecte de données, et leur revente, permise par ses différents services. Ainsi, selon les recherches que vous effectuez sur le moteur de recherche, sur YouTube, les sites que vous avez visités sur Chrome, Google est en mesure d’établir un profil utilisateur. Avec toutes les données collectées sur vos habitudes de navigation, il est ensuite en mesure de revendre ces informations à des acteurs privés intéressés, très souvent des sites marchands à la recherche de ciblages précis. Google peut également fournir ces informations personnelles à divers gouvernements. Autant dire qu’il faut espérer que vos autorités soient démocratiques…

Le business de la revente de données, les internautes dans le flou

Avec une valeur estimée à 1000 milliards d’euros d’ici à 2020 pour l’ensemble de nos données, on ne s’étonne pas de voir les géants du Web se frotter les mains. Aujourd’hui, la revente de données collectées sur internet par les différentes entreprises est interdite, dans la mesure où les internautes ne seraient pas mis au courant de cette collecte et de son utilisation. C’est pourquoi Google a déjà eu affaire par le passé à des plaintes de la CNIL et dû payer une amende. Sur les différents sites, il faut donc que les conditions de cette collecte soient spécifiées dans les conditions générales d’utilisation que, avouons le, nous validons tous, ou presque, sans les lire. Malheureusement, celles-ci sont bien souvent opaques et difficiles à décrypter pour l’internaute lambda.

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Pourtant, une simple recherche (sur Qwant, naturellement!) nous renvoie rapidement vers une page statuant l’utilisation faite par Google des données des utilisateurs. On y apprend donc que celles-ci servent à « accroître l’efficacité des annonces » ou encore à « transmettre des rapports sur l’activité des annonces aux annonceurs et aux propriétaires des sites Web qui hébergent ces dernières, et garantir le paiement des éditeurs de ces sites ». Si l’intérêt commercial n’y est pas clairement énoncé en tant que tel, il y est fait référence.

Pour certains sites comme Amazon, les règles du jeu sont différentes. On ne parlera pas de revente de données à proprement parler. En revanche, le site tablera sur sa base de données pour gonfler les prix auprès des annonceurs, au nom d’un ciblage plus précis permis par la masse conséquente d’informations sur les utilisateurs et les consommateurs. En d’autres termes, il est très facile pour ces entreprises de se faire des fortunes sur le dos de leurs utilisateurs sans que ceux-ci ne soient mis au courant ni de la collecte ni de l’utilisation des données récupérées pendant leur navigation sur différents sites.

Pour vivre heureux, plus que jamais, vivons cachés ?


Sources : Qwant.com / LeMonde.fr / Cnetfrance.fr / My-Business-Plan.fr

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