Gamal Albinsaid, jeune médecin indonésien de 26 ans, a lancé en 2013 une assurance maladie d’un nouveau genre. Pour financer leurs soins médicaux, 500 familles indonésiennes peuvent désormais apporter leurs déchets recyclables dans une clinique de Malang. Aujourd’hui, la start-up cherche à exporter son modèle à un public plus large. Une révolution au cœur d’un pays où plus de 40% de la population n’avait pas d’assurance maladie en 2011.

Se fondant sur l’établissement d’une communauté d’échanges, la Garbage Clinical Insurance entend réinventer la façon dont les soins médicaux sont financés en Indonésie. Faisant le constat de la pauvreté galopante dans son pays comme été l’élément empêchant les familles d’accéder aux soins médicaux nécessaires, la GCI, montée en 2013 par Gamal Albinsaid dans la région de Malang, a fait des matières recyclables une monnaie d’échange.

Ainsi, chaque mois, les familles les plus pauvres peuvent amener leurs déchets à la clinique. Les déchets compostables sont transformés en terreau alors que les déchets recyclables sont revendus à des entreprises de traitement des ordures. Tous les mois, la production en déchets d’une famille peut atteindre une valeur estimée à 10 000 roupies indonésiennes, soit environ 0,70€ — à peu près assez pour financer deux visites médicales dans ce pays. Au fil des mois, les familles peuvent ainsi bénéficier d’une forme de « prime d’assurance » qui leur permettra de financer leurs soins futurs.

 02_dechets_recyclage_médecinSource :  Indonesia Medika

En fonctionnant comme une micro-assurance, la GCI se donne pour but de financer efficacement les soins de santé, et ce de manière « holistique ». C’est à dire que Gamal Abinsaid souhaite que les fonds collectés servent tant à la prévention des maladies qu’à leur traitement mais aussi à augmenter la qualité des soins prodigués. De plus, l’intérêt écologique semble évident, la population locale ayant désormais tout intérêt à conserver, récolter et participer au recyclage collectif.

D’une pierre deux coups dans un pays touché par la pollution et la pauvreté

Alors que l’Indonésie prévoit une couverture médicale pour l’ensemble de la population d’ici à 2019, le pays reste présentement touché par une forte pauvreté. Ainsi, près de 40% de la population vivrait avec moins de 22 dollars par mois. Un montant insuffisant, lorsque l’on sait que les dépenses annuelles en termes de santé sont estimées à 108$ par habitant.

Avec une classe moyenne en fort développement, l’Indonésie rencontre également un véritable problème dans la gestion de ses déchets, dont la quantité augmente dangereusement avec le niveau de vie. Aux abords de Jakarta, ce sont tous les jours plusieurs milliers de tonnes de déchets qui sont amenés et entassés dans des déchetteries à ciel ouvert. Les rivières et les côtes sont également touchées, participant de la dégradation du littoral et de la pollution des eaux et océans.

03_dechets_recyclage_médecinSource : virgin.com

Redonner de la valeur au contenu des poubelles indonésiennes semble donc une nécessité. En transformant les déchets en monnaie d’échange pour soins médicaux, Gamal Albinsaid espère également changer les mentalités et les habitudes vis-à-vis du recyclage. En permettant aux patients de « cotiser en déchets », la GCI instaure petit à petit dans la communauté l’idée que recycler peut servir. Aujourd’hui détenteur de sa propre clinique de soins, Gamal Albinsaid travaille également en collaboration avec quatre autres cliniques, et espère exporter son modèle d’assurance à d’autres communautés, et compte bien à ce que son idée fasse son chemin à l’internationale.

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Sources : Positivr.fr / Changemakers.com / TheJakartapost.com / BBC.com

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