La crise agricole fait la Une des médias. Tracteurs rutilants, feux géants, saccages de bâtiments, réclamations de subsides par milliards… pour soutenir une agro-industrie à bout de souffle. En marge, silencieux mais déterminés, des paysans résistent. Ils sont éleveurs, maraîchers, viticulteurs, permaculteurs et inventent l’agriculture de demain : durable, locale, écologique, diversifiée et productive. Nous avons décidé de leur donner la parole. Cette semaine, voici la ferme du vieux poirier.

Quand on parle de la crise des éleveurs, beaucoup s’imaginent que tous les fermiers sont concernés. En réalité, il faut rappeler que ce sont les agriculteurs aux techniques industrielles qui manifestent en ce moment principalement car ils ont le couteau sous la gorge. Représentés par leur syndicat majoritaire, la FNSEA, ils subissent les conséquences d’une politique qu’ils défendaient par le passé et défendent toujours : mécanisation extrême, baisse des prix, compétition féroce, export sur les marchés mondiaux, libre-échange, autorisation des OGM, suppression des contraintes sur le bien-être animal, augmentation de la taille des exploitations, baisse des réglementations sanitaires et des charges, déréglementation de l’usage de l’eau et des pesticides, etc. Ne sont-ce pas là les mêmes revendications que ceux qui soutiennent la mise en place du TAFTA, le marché transatlantique qui favorise les méthodes industrielles ?

Mais alors, si ce mouvement représente un modèle industriel agonisant et dont plus personne n’a réellement envie (même si on continue à se gaver de leurs produits), où sont ces autres fermiers ? En France, il y a moins de 5% d’agriculteurs BIO. Autant dire qu’ils n’ont ni les moyens de manifester ni de s’organiser sur le plan européen ou national. Leur résistance à eux est simple : sur le terrain, les méthodes industrielles et les gros volumes sont abandonnés pour des techniques plus saines, plus lentes, axées sur la qualité, la diversité, l’agronomie et les écosystèmes.

Voici l’exemple de la Ferme du Vieux Poirier (Schopperten, Alsace) où tout y est produit de manière biologique, en passant par une distribution locale en ligne directe. Pas de chimie, des animaux en liberté, une vente sans passer par les marchés internationaux et peu d’investissement dans la mécanisation. Tout y est plus lent, mais de meilleure qualité, autant pour le consommateur que pour l’animal. Plutôt que de s’agrandir en s’industrialisant (et en s’endettant…), ils vont faire le choix de l’agroforesterie diversifiée : miel, poissons, viande, fruits, légumes jusqu’à la production de bio-gaz, leur projet est porteur de sens et symbolise la ferme du futur. Notez que la Ferme du Vieux Poirier organise une visite le 20 septembre 2015 à Schopperten (67260 Bas-Rhin).

Les végans / végétariens ne verront probablement pas d’un bon œil l’élevage bio et local de porc. Mais à comparer avec l’industrie de la viande (95%) dont l’impact écologique est gravissime, ce type de projet alternatif minoritaire est à accueillir avec enthousiasme et tolérance en particulier car il existera encore longtemps, qu’on le veuille ou non (liberté oblige), des consommateurs de viande. Le Ferme du Vieux Poirier invite ainsi à la tolérance et au compromis. À chacun d’en juger.


Vidéo et infos sur la visite : https://www.youtube.com/watch?v=Bk0oPMYPnBI

Site : ferme-vieux-poirier.fr

Image Une : jardinierpourlabidiversite.over-blog.com

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