Alors que les récits forgés par Moscou gagnent du terrain en Occident, une dangereuse amnésie historique s’installe. Ces discours érigent la Russie en puissance « libératrice », balayant d’un revers de la main des décennies d’occupation et de violences imposées par l’URSS. Éclairage d’Elena Meilune, journaliste d’origine lituanienne dont la famille a vécu ce que certain·es persistent à appeler une « libération ».
Dans ce contexte où les récits trompeurs prolifèrent, la machine de désinformation russe continue de travestir les faits, brouillant la compréhension de l’histoire et légitimant les ambitions impérialistes du pouvoir en place. L’un des piliers de cette manipulation repose sur une confusion volontaire entre URSS et Russie, fiction centrale de la propagande du Kremlin : elle lui permet de s’approprier la victoire de 1945, d’effacer les autres peuples soviétisés et de fabriquer un récit impérial qui justifie ses agressions actuelles.
Pour comprendre la guerre menée contre l’Ukraine aujourd’hui, il est indispensable de revenir sur les falsifications qui entourent encore l’héritage soviétique et les violences infligées aux peuples de l’Est.
La mécanique du mensonge : comment Moscou transforme l’occupation en « libération »
Avant toute chose, il faut rappeler un fait historique élémentaire : la Russie n’existait pas en tant qu’État pendant la Seconde Guerre mondiale. L’entité politique qui a combattu l’Allemagne nazie était l’Union soviétique, un empire multinational sous la domination de Moscou, où la Russie n’était qu’une république parmi quinze. En proportion de leurs populations, les pertes les plus lourdes ont été subies par les Ukrainiens, Biélorusses, Baltes, Caucasiens et peuples d’Asie centrale.
L’Ukraine a perdu 5-7 millions de personnes durant la Seconde guerre mondiale. La Biélorussie, quant à elle, a perdu un quart de sa population. Réduire ces pertes immenses à « la Russie » relève déjà d’une manipulation : cela efface les peuples qui ont réellement porté la violence des combats, de l’occupation et des massacres, et sert aujourd’hui les desseins impérialistes du Kremlin.
Cette confusion n’est pas innocente : elle permet à la Russie actuelle de s’approprier les sacrifices de dizaines de peuples non russes, et de se présenter comme héritière exclusive d’une victoire collective. En naturalisant cette fiction historique, Moscou se fabrique un mythe fondateur impérial : la Russie serait née « libératrice », et aurait donc la légitimité éternelle d’occuper, punir ou « corriger » ses voisins.
Loin de la propagande qui circule aujourd’hui en Europe occidentale, la réalité vécue sous le régime soviétique par les pays baltes, par l’Ukraine et par tant d’autres était celle d’une oppression systématique : déportations, interdictions linguistiques, tortures, violences sexuelles, occupations militaires, destructions culturelles. Assimiler cette histoire à une prétendue « libération » revient non seulement à falsifier le passé, mais aussi à piétiner la mémoire de celles et ceux qui ont résisté – souvent au prix de leur vie.
Et aujourd’hui, les mêmes mécanismes narratifs se répètent concernant la guerre en Ukraine : « dénazification », « protection des russophones », « libération du Donbass », comme si l’invasion, les massacres, les bombardements et les déportations de dizaines de milliers d’enfants n’étaient que de simples opérations humanitaires.
Face à cette résurgence de récits impérialistes, il est essentiel de rappeler ce que furent réellement les décennies de domination soviétique, ce que fut le courage des peuples qui ont combattu pacifiquement pour leur indépendance, et ce que révèle aujourd’hui encore la propagande d’un régime autoritaire – des récits mensongers qu’il faut déconstruire, un à un, pour en montrer la réalité.
Je viens d’un pays que l’on a voulu faire taire
Je suis Elena Meilune, journaliste chez Mr Mondialisation. J’ai grandi en Lituanie, un pays qui a passé cinquante ans sous domination soviétique. Personne, dans ma famille, n’y a échappé : mes parents, mes grands-parents – dont la mémoire m’accompagne – et la plupart des personnes qui me sont ou m’ont été chères dans mon pays natal ont vécu dans un État où la peur, la surveillance et la violence structuraient chaque recoin du quotidien. La culture était contrôlée, le russe imposé partout : à l’école, dans l’administration, dans la vie publique, tandis que le lituanien, l’une des plus anciennes langues vivantes d’Europe, était rabaissé, moqué, dénigré, qualifié par les Soviétiques de « langue de chiens ».
Une prison à ciel ouvert où l’on apprenait à se taire pour survivre. Où l’horizon se refermait à des frontières gardées par des soldats prêts à tirer à vue.
Aujourd’hui, voir la propagande russe contaminer les esprits en Europe de l’Ouest – notamment ce récit qui présente la Russie comme ayant « sauvé l’Europe du nazisme » et aurait donc la légitimité à se poser en puissance libératrice – provoque en moi un choc profond. Un choc pas seulement intellectuel : un choc intime, viscéral. Car ce récit efface les décennies de violences infligées à des peuples entiers, dont le nôtre. C’est comme entendre quelqu’un réécrire notre propre histoire sous nos yeux – et en piétiner la mémoire.
Malgré la peur, malgré la répression, la Lituanie a choisi la dignité. La résistance balte avait pris mille formes au fil des décennies – clandestine, culturelle, politique – mais c’est un moment précis qui a tout fait basculer. Le 11 mars 1990, la Lituanie proclame son indépendance à main levée, devenant le premier État de l’ex-URSS à oser ce geste.
Une mobilisation pacifique sans précédent, bientôt suivie par les autres pays baltes et par l’Ukraine. Pas d’armes. Pas de milices. Aucune violence. Juste des voix humaines, fragiles mais unies. Et une solidarité internationale, certes tardive, mais déterminante, qui finit par reconnaître ces indépendances naissantes. Cette résistance pacifique a porté ses fruits : elle a ouvert la brèche qui mènerait à l’effondrement de l’URSS, même si Moscou s’accrochait encore de toutes ses forces.
Je pense à mes parents. À ce qu’ils ont vu. À la nuit du 12 au 13 janvier 1991, quand les chars soviétiques sont entrés dans Vilnius pour tenter d’écraser cette liberté fragile. Comme des dizaines de milliers d’autres, ils ont marché jusqu’au Parlement, déterminé·es à protéger leur pays, sans armes. Vers trois heures du matin, le président du Parlement leur demande de se disperser : l’assaut est imminent, leur vie est en danger. Ils refusent. Tout le monde refuse. Alors ils s’enlacent, respirent profondément, peut-être pour la dernière fois, et restent debout.

Plusieurs bâtiments stratégiques de la ville sont protégés par des chaînes humaines. Des civils désarmés, face aux blindés. Cette nuit-là, quatorze personnes sont tuées, près d’un millier blessées. Je pense à Loreta Asanavičiūtė, 23 ans, écrasée par un char soviétique alors qu’elle défendait pacifiquement l’indépendance de son pays. Ce n’était pas une guerre : c’était la violence nue d’un empire qui s’accrochait avec une brutalité inouïe à des territoires qui n’avaient jamais été et ne seront jamais les siens.
Si je n’ai pas grandi dans une dictature autoritaire, si je n’ai pas été forcée de parler russe, si j’ai pu apprendre l’histoire de mon pays dans des livres non censurés, c’est uniquement grâce au courage immense de celles et ceux qui se sont dressé·es, sans armes, face à l’armée soviétique. Des êtres humains qui ont eu la force inimaginable de résister pacifiquement, parfois au prix de leur vie, libérant un pays qui demeure à ce jour marqué par une mémoire traumatique collective bien ancrée, largement documentée.
Alors quand je lis ou j’entends aujourd’hui des discours qui glorifient la Russie car elle aurait « libéré l’Europe », je ressens une douleur que j’ai du mal à décrire. Pas une douleur tournée vers le passé, mais celle de voir l’oubli gagner, de voir des récits mensongers remplacer des faits, de voir des vies entières reléguées à des notes de bas de page. C’est assister à un déni total des déportations, humiliations, tortures, violences sexuelles massives, qui faisaient partie intégrante de la domination soviétique.
J’y vois une méconnaissance abyssale de la réalité historique, teintée de mépris pour ces vies brisées, pour notre culture que l’on a tenté d’effacer, pour les corps meurtris, pour nos livres brûlés. Cette propagande qui circule aujourd’hui n’est pas seulement fausse : elle est une insulte à la mémoire des peuples qui ont survécu à l’occupation soviétique et qui luttent encore pour préserver leur liberté.
Et si une part de moi aurait envie de laisser éclater une colère brute face à celles et ceux qui reprennent ces discours, je refuse de tomber dans le piège de l’accusation individuelle envers des personnes mal informées, mais nullement mal intentionnées. Car le problème ne réside pas en ces individus : il réside dans un système qui les égare. Un puissant système de propagande qui recycle l’héritage colonial soviétique pour continuer à légitimer la domination. Mais la vérité historique n’est pas un territoire que l’on peut annexer. Elle résiste. Elle survit. Comme nous.

Propagande et manichéisme : des armes impérialistes
Le mythe d’une « Russie libératrice » n’a rien de nouveau : c’est le même discours utilisé chaque fois que l’État russe – tsariste, soviétique ou actuel – tente d’occuper un pays. Depuis des siècles, les invasions sont justifiées au nom de la « protection », de la « libération » ou de la « défense » de populations prétendument menacées. Une rhétorique impériale classique et systématiquement recyclée, qui sert à travestir des conquêtes territoriales en actes humanitaires.
Présenter l’URSS comme un sauveur revient ainsi à effacer les crimes commis dans les pays qu’elle a occupés : l’annexion de territoires entiers, le massacre de millions de personnes, l’écrasement des mouvements démocratiques, la suppression violente des cultures. Cela transforme un empire autoritaire en héros et réduit les victimes au silence.

À cela s’ajoute un manichéisme toxique : bien des personnes qui portent un regard critique – légitime – sur l’OTAN, pensent que cela implique ipso facto de soutenir Vladimir Poutine, notamment dans sa guerre contre l’Ukraine. Comme si refuser un impérialisme obligeait à en applaudir un autre. Comme si on ne pouvait avoir une histoire indépendante de ces jeux de blocs. Cette vision simpliste empêche de comprendre les dynamiques impériales réelles – et alimente exactement la propagande que la Russie cherche à imposer.
Ce n’est pas seulement l’histoire qui révèle la dimension impérialiste du pouvoir russe : la pensée stratégique qui a nourri ses élites l’indique tout autant. En 1997, paraît à Moscou les Fondamentaux de la Géopolitique, premier grand manuel de géopolitique en langue russe et rapidement devenu un ouvrage de référence. Utilisé dans plusieurs institutions militaires, c’est un classique de la géopolitique russe. Tout y est déjà : la volonté de dominer l’Ukraine, de fragmenter les États voisins, d’affaiblir l’Europe, d’utiliser la désinformation et le soutien à l’extrême droite pour miner les sociétés démocratiques. Rien n’a été improvisé : dès la fin des années 1990, la stratégie impériale était écrite noir sur blanc.

Cet ouvrage n’est pas une analyse académique, mais un programme politique où l’Ukraine est décrite comme, une « anomalie absolue », un non-État qui doit être conquis et annexé, où le Royaume-Uni devrait être séparé de l’Europe pour affaiblir celle-ci, où les États baltes doivent être neutralisés et où l’Occident doit globalement être divisé de l’intérieur. Vingt-huit ans plus tard, la Russie applique exactement ce qui y est décrit.
Le grand mensonge : « La Russie a sauvé l’Europe du nazisme »
Au-delà de la confusion entretenue aujourd’hui entre URSS et Russie, si la propagande russe contemporaine trouve un écho dans certains milieux occidentaux, c’est parce qu’elle repose sur une vérité partielle, soigneusement déformée : oui, l’URSS a combattu l’Allemagne nazie – mais non, elle n’a jamais « sauvé l’Europe ». L’histoire réelle est infiniment plus complexe et surtout, beaucoup plus sombre.

L’Union soviétique n’entre en guerre contre Hitler qu’en 1941, lorsque celui-ci envahit son ancien partenaire. Car avant d’être ennemis, l’URSS et l’Allemagne nazie ont été liées par le Pacte Molotov-Ribbentrop, signé en août 1939, qui incluait un protocole secret prévoyant le partage de l’Europe de l’Est entre les deux régimes totalitaires. Dans ce cadre, l’Armée rouge envahit la Pologne orientale en septembre 1939, puis annexe de force les États baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), la Bessarabie et attaque la Finlande. En 1940, le NKVD massacre plus de 20 000 officiers polonais à Katyn – un des nombreux crimes soviétiques longtemps niés par Moscou.
Un documentaire letton, The Soviet Story (2008), s’appuie sur des archives pour montrer cette réalité : loin d’avoir « sauvé l’Europe », l’URSS a d’abord collaboré avec l’Allemagne nazie, participé au partage de l’Europe de l’Est et commis des crimes de masse parallèles. Ce film illustre de manière accessible ce que démontrent les historiens : la terreur stalinienne n’a jamais été une entreprise de libération, mais l’imposition d’un empire autoritaire.
Lorsque l’Allemagne attaque l’URSS en 1941, Staline mobilise non seulement les citoyens russes mais aussi des millions de personnes issues des territoires annexés, parfois à peine soviétisées : Baltes, Ukrainiens, Moldaves, Caucasiens, Asiatiques. Beaucoup sont enrôlées de force, envoyées au front sans formation, parfois même utilisées comme « troupes pénales » ou comme lignes sacrifiables pour épuiser les munitions allemandes. Ces morts, aujourd’hui récupérés par la propagande russe, n’étaient pas « l’armée russe » : ils étaient les victimes d’un empire qui les a exploités puis effacés de la mémoire officielle.
Lorsque l’URSS avance vers Berlin à partir de 1943, après avoir repoussé l’invasion nazie, elle n’apporte pas la liberté aux pays qu’elle traverse : elle impose sa propre domination. Ce qui suit n’a rien d’une libération : arrestations massives, exécutions politiques, déportations, viols de masse, russification forcée, destruction des élites locales, installation de gouvernements fantoches. L’Europe de l’Est passe simplement d’une occupation à une autre.
Dire que « la Russie a sauvé l’Europe » revient aussi à réécrire le rôle de toutes les autres nations sous le joug des soviétiques: Ukrainiens, Baltes, Biélorusses, Géorgiens, Arméniens, Kazakhs, Ouzbeks,… Ce sont eux qui ont payé le prix du sang. L’URSS n’était pas la Russie.

S’ajoute à cela un autre fait volontairement occulté : sans l’aide matérielle massive des États-Unis et du Royaume-Uni (via le programme Lend-Lease), Staline n’aurait très probablement jamais résisté à la Wehrmacht.
Précisons-aussi que la majorité des villes de l’Europe de l’Ouest n’ont jamais vu un seul soldat soviétique. La libération à l’Ouest est principalement le résultat de l’action combinée des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, des résistances locales et des forces françaises libres. Confondre ces réalités, c’est réécrire l’histoire au profit d’un récit impérialiste forgé après-guerre.
La « Russie » n’a donc pas « libéré l’Europe » : elle a participé à la défaite du nazisme tout en construisant son propre empire autoritaire sur les ruines des peuples qu’elle prétend aujourd’hui avoir sauvés.
La « libération » version Staline : des millions de personnes massacrées
Le récit officiel soviétique, aujourd’hui repris par la Russie, présente l’URSS comme un « libérateur » des peuples de l’Est. La réalité est exactement inverse : avant 1939, la plupart de ces pays étaient indépendants, et c’est l’URSS qui les a envahis, annexés, soviétisés de force.
Il faut rappeler l’ampleur vertigineuse des crimes commis sous Staline dans les pays occupés : famines organisées (dont l’Holodomor, qualifié de génocide par plusieurs États), système concentrationnaire du Goulag, purges, exécutions, déportations massives, élimination des élites locales, réquisitions agricoles, torture, violences sexuelles systématisées, russification de la langue et des institutions. La terreur d’État était une méthode de gouvernement.
Le bilan humain du stalinisme se compte en millions, voire dizaines de millions de morts selon les estimations des historiens. Plusieurs travaux universitaires situent le total des victimes – famine, répression politique, déportations, exécutions, mortalité carcérale – à un niveau comparable, voire supérieur, à celui du régime nazi. Rappeler ces chiffres ne relativise en rien les crimes d’Hitler : cela montre simplement que présenter l’URSS comme un « libérateur » est historiquement absurde et moralement obscène.
La domination soviétique après 1945
La logique impériale de l’Union soviétique ne se limite ni aux pays baltes et à l’Ukraine, ni à la période stalinienne (1922-1953 mais dont le spectre continue à ce jour à hanter la Russie). Après 1945, l’URSS transforme l’Europe centrale en zone d’occupation permanente : Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Allemagne de l’Est, Roumanie, Bulgarie… Dans toutes ces sociétés, les troupes soviétiques demeurent stationnées pendant des décennies, et chaque tentative d’émancipation est écrasée dans le sang.
En Hongrie, la révolution de 1956 est écrasée par les chars soviétiques : des milliers de civils sont tués, 200 000 personnes fuient vers l’Autriche, et le pays reste sous tutelle de Moscou jusqu’en 1991. En 1968, la Tchécoslovaquie est envahie par le Pacte de Varsovie, pour mettre fin au Printemps de Prague et empêcher toute démocratisation.
En Allemagne de l’Est, l’armée soviétique ne quitte le territoire qu’en 1994, soit cinq ans après la chute du mur de Berlin (1989) – un évènement vécu par la majorité de la population allemande comme la fin d’un système autoritaire imposé par l’URSS.
Dans tous les cas, la rhétorique reste la même : le pouvoir soviétique invoque la « protection » pour écraser toute volonté d’émancipation. Aujourd’hui, même stratégie utilisée pour légitimer l’invasion de l’Ukraine : « Nous libérons le Donbass. », « Nous protégeons les russophones. », « Nous menons une opération spéciale pour dénazifier l’Ukraine. ». Ces slogans sont la continuité logique d’un schéma impérial éprouvé, où la violence la plus brutale se déguise en mission humanitaire. Chaque fois, la « libération » n’est qu’un paravent pour légitimer la conquête de territoires qui ne lui ont jamais appartenu.
Ce que les peuples brisés portent encore debout
L’histoire des pays baltes, comme celle de l’Ukraine, de la Géorgie, de la Tchétchénie et de tant d’autres peuples que la Russie a tenté d’écraser, est une histoire de résistance et de résilience. C’est une histoire portée par des voix humaines qui refusent de se taire, même quand tout autour d’elles s’effondre. Une histoire tissée d’insurrections silencieuses, d’êtres humains debout face aux tanks, de langues réprimées qui survivent dans les chuchotements, de livres brûlés dont la mémoire continue pourtant de vibrer dans les générations suivantes.
Ce sont des peuples qui ont traversé la déportation, la famine, la guerre, la torture, l’effacement programmé – et qui continuent malgré tout de se tenir debout. Des peuples qui ont construit leur liberté non pas dans la violence, mais dans la dignité, le courage et la solidarité.
Et si les empires s’effondrent, si les dictateurs passent, si les mensonges se fissurent, c’est parce que ces femmes et ces hommes ont choisi la résistance plutôt que la résignation. C’est parce qu’ils ont refusé que leur histoire soit confisquée. Ils sont la preuve que la liberté, même piétinée, même assiégée, finit toujours par respirer à nouveau.
Lire la seconde partie de ce dossier
– Elena Meilune
Source image d’en-tête : Unarmed Lithuanian citizen standing against Soviet tank, Vilnius, January 13, 1991 – @WikimediaCommons














