La ville prend de plus en plus d’espace ? Qu’à cela ne tienne, faisons en sorte que la nature prenne ses droits sur les toits, les balcons, les pelouses, les alentours des bâtiments… Voilà en substance le message de Terre de Monaco, dont la mission est de valoriser les espaces plats de la ville de Monaco en créant des potagers hors sol de fruits et légumes. Un geste fort et symbolique pour une principauté comme Monaco qui permet de limiter le transport des aliments, les emballages, tout en permettant à tous de concevoir et d’entretenir son propre potager. Explications.

L’initiative de Jessica Sbaraglia a vu le jour au printemps 2016, et a beaucoup fait parlé d’elle depuis. Et on peut dire que sa mission est plutôt bien partie puisque la Principauté de Monaco se voit peu à peu envahie de potagers écolos et bios. Un an après la création de Terre de Monaco, ce sont plus de 1400 m2 qui ont été cultivés par le groupe.

L’idée de Jessica était de transformer ce micro-Etat à forte densité urbaine en véritable oasis de verdure, en investissant les toits, les balcons, les terrasses des immeubles de la principauté. Un projet qui a dès le départ reçu du soutien local puisque Jessica a réussi à récolter les 25 000€ dont elle avait besoin pour son démarrage, grâce à une campagne de crowdfunding.

Dans le respect des valeurs de la culture biologique et des techniques inspirées de la permaculture, Terre de Monaco cultive donc des fruits et légumes bio et propose ses services au sein de grandes parcelles, mais aussi de petites parcelles à destination des particuliers. Dès les premiers moments de son histoire, elle a été à l’origine d’un potager bio de 30m2 dans les jardins de la Fondation Albert II, puis développe son activité en partenariat avec des écoles, des hôtels et des restaurants. Pour le Chef Marcel Ravin du restaurant Blue Bay, Terre de Monaco offre la possibilité d’avoir des produits frais et bios à disposition. En mai dernier, ils ont même inauguré un potager de 250m2 au sein du Centre Hospitalier Princesse Grace, conçu pour fournir les cuisines de la crèche et du personnel de l’établissement.

Comment ça marche?

L’organisme propose aux entreprises, aux collectivités mais aussi aux particuliers des contrats de prestation de service et des contrats de sous-location. Les contrats de prestation de service s’adressent aux commanditaires de potagers de moins de 100m2. Le plus souvent, il s’agit de particuliers qui veulent aménager un potager hors sol sur leur balcon ou leur terrasse. L’engagement de la start-up est alors de concevoir le potager sur mesure, et de proposer un entretien et des cours tout au long de l’année, pour un coût forfaitaire. Cela peut aussi être le cas d’un restaurant qui souhaite avoir la possibilité de cuisiner ses propres produits et d’avoir un potager qui corresponde à ses besoins.

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Les contrats de sous-location répondent aux mêmes besoins mais à une autre échelle. Ils s’adressent aux propriétaires de surfaces de plus de 100m2 qui souhaiteraient simplement la mettre à disposition. Les fruits et légumes récoltés sont alors vendus sous le label « Terre de Monaco », en échange d’un loyer, d’un coût d’entretien ou simplement de paniers de fruits et légumes produits sur la parcelle en question. Avec ce système, la start-up vise particulièrement les propriétaires d’immeubles qui voudraient donner une utilité à leurs toits. Et, outre les avantages évidents d’une telle démarche, elle n’hésite pas à rappeler que l’implantation d’un potager sur son toit présente d’autres avantages tels que l’augmentation de l’effet de durabilité du toit par un effet de protection et de rafraichissement, le maintien de la fraicheur en été et de la chaleur en hiver pour les pièces situées sous le toit, et la rétention des eaux de pluie par le substrat.

Si Terre de Monaco peut se réjouir de l’intérêt porté à son initiative, seulement un an après sa création, ce succès représente également une belle avancée écologique pour une zone à forte densité urbaine. Rappelons-le, l’agriculture urbaine réduit la pollution atmosphérique et les émissions de CO2, et permet la réductions des transports de marchandises et des emballages. De plus, elle offre la possibilité de savoir ce que nous avons dans notre assiette et d’éduquer à la terre une population parfois déconnectée d’elle.

Et si la création de la plus grande exploitation agricole urbaine s’est faite dans l’un des plus petits pays au monde, les perspectives ouvertes par l’initiative sont particulièrement réjouissantes. Cependant, nul ne peut perdre de vue que cette agriculture urbaine se doit d’être complémentaire à une révolution plus large de nos modes de productions alimentaires.


Terre de Monaco / La Tribune / France 3 Chroniques Méditerranéennes

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