Dessinatrice et illustratrice professionnelle, Eva Roussel s’est associée à son compagnon, Bruno Isnardon, pour nous parler d’effondrement en BD. Chaque semaine, du lundi au jeudi, ils proposent une nouvelle planche dans laquelle ils essayent de comprendre le monde d’aujourd’hui et de demain. Découverte de “Tout va bien, enfin ça va aller”.
« Tout Va Bien, enfin ça va aller » est une BD en ligne qui met en scène ses auteurs dans un futur où notre société serait en proie à un effondrement. En écho aux données scientifiques les plus récentes et à la multiplication de publications à propos des limites systémiques et matérielles atteintes par les sociétés thermo-industrielles, Eva Roussel et Bruno Isnardon explorent la fragilité de notre monde contemporain.
« C’est en envisageant l’avenir que nous pouvons changer notre rapport au présent »
Les deux auteurs lyonnais se sont plongés dans les théories de l’effondrement il y a un an environ. D’abord mal à l’aise avec un sujet qui n’a rien de réjouissant, puisqu’il oblige à envisager la finitude de notre modèle économique et social tout en remettant radicalement en cause notre mode de vie, ils ont voulu se confronter à la thématique avec leurs propres moyens : le récit et le dessin. Le but étant de répondre à ces deux questions : « Si ça arrive demain, on fait quoi ? » et « Comment on aborde le sujet avec les gens, sans passer pour des fous ? ». L’autre partie du défi est d’évoquer une question sensible au plus grand nombre. Ainsi, le récit d’anticipation doit permettre de réfléchir à la manière dont il serait possible de s’organiser autrement afin d’accroître la résilience collective tout en diminuant l’empreinte environnementale de la population.
« On a le sentiment de rentrer dans une période de l’histoire où nous (peuples riches) commençons à nous rendre compte du caractère non pérenne de notre mode de vie. Nous vivons une déconstruction de notre rapport au monde, à l’autre et à nous-même », nous expliquent les auteurs. « On se confronte aux sentiments d’impuissance et de culpabilité, d’avoir créé une machine dont nous ne pouvons nous extraire et qui mène l’humanité droit dans le mur. Dans ce cadre il nous semble urgent d’écrire un récit positif de cette déconstruction afin d’aborder l’avenir de façon proactive et sereine, un moteur de changement individuel », poursuivent-ils.
Face à la déstabilisation progressive de nos sociétés incapables d’entretenir les infrastructures sur lesquelles elles reposent en raison de leur trop grande complexité et de la raréfaction des énergies les moins coûteuses (pétrole), il est important de se confronter à la réalité pour comprendre les bouleversements majeurs auxquels les êtres humains du monde entier sont désormais confrontés. Mais il également nécessaire, dès aujourd’hui, de s’engager pour préserver les structures les plus indispensables, celles qui servent la production de nourriture et le soin des personnes, car leur disparition serait un facteur de fragilisation supplémentaire.
Tout va bien est disponible gratuitement sur Facebook. L’intégralité de la bande dessinée peut être consultée dans son ordre chronologique sur tumblr. La première partie de cette BD sera diffusée jusqu’à mi-mai, les auteurs espèrent que la seconde partie, dont la réalisation est en cours, pourra être publiée sous forme imprimée.
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