Les fermes urbaines ont le vent en poupe et nous nous en réjouissons ! Mais rien n’est acquis… À Colombes, un projet de parking privé temporaire menace une unité d’Agriculture urbaine et une recyclerie qui, pourtant, illustrent à merveille la créativité et la volonté citoyenne d’aller vers d’autres modes de production, de démocratie locale et de consommation. Récemment, R-Urban a été sélectionné par le gouvernement parmi les « 100 projets pour le climat ». Comment la commune pourra-t-elle justifier sa destruction ?

Initié par l’association professionnelle et citoyenne « Atelier d’Architecture Autogérée » (AAA), le projet R-Urban est un réseau de pratiques urbaines qui apporte les outils aux citoyens pour changer leur mode de vie concrètement. R-Urban a pour vocation non seulement de lutter contre la pollution et de mettre en place une économie circulaire, mais aussi de sensibiliser les habitants à ces nouvelles pratiques écologiques (préserver les ressources, recycler, produire de l’énergie, dépolluer des eaux grises, développer une économie sociale et de proximité, de l’éco-construction, de l’agriculture urbaine, des habitats partagés écologiques,  des transports non polluants, etc.). Un projet précieux en ces temps où chaque action censée limiter nos effets sur les changements climatiques est fondamentale !

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Du recyclage à l’agriculture urbaine

L’initiative de Colombes, lancée il y maintenant quatre ans, se compose de deux volets : l’Agrocité (unité d’agriculture urbaine dédiée à l’expérimentation et au développement de dispositifs écologiques de proximité – tels que des parcelles maraichères, des jardins partagés, etc. – et de pédagogie environnementale) et le Recyclab (ateliers de recyclage, de fabrication de mobilier sur le modèle up-cycling, « repair cafés », résidences d’artistes et de chercheurs, outils mis à disposition des citoyens, etc.). Quelques centaines d’usagers y développent des activités régulières et une dizaine de personnes sont salariées de façon permanente ou temporaire sur ce projet.

Son caractère novateur et pionnier attire de nombreux visiteurs (professionnels, municipalités, étudiants, promoteurs, chercheurs, etc.) venant des communes voisines, d’autres villes françaises, européennes ou internationales venus s’inspirer et/ou réaliser des équipements similaires. De même que Fribourg, BedZed et Hamarby, R-Urban Colombes est devenu une référence en matière de résilience urbaine, la démarche de AAA étant consacrée par de nombreux prix internationaux : Zumtobel, Curry Stone, EIB Social Innovation, Prix Européen de l’Espace Public.


Des résultats concrets et probants

En faveur du projet, un bilan écologique remarquable : 6 fois moins d’émissions de CO2/an de la part des usagers de l’Agrocité, 24 tonnes/an de déchets organiques recyclés, 50 tonnes/an de réduction de la consommation d’eau, 3 tonnes/an de production locale de légumes biologiques, etc. Un effort qui devrait être encouragé à l’approche de la COP21, la Conférence sur le Climat qui aura à Paris du 30 novembre au 11 décembre prochains, et qui a pour but d’obtenir, pour la première fois en plus de 20 ans de négociations aux Nations Unies, un accord universel juridiquement contraignant sur le climat en vue de maintenir le réchauffement climatique en-dessous de 2°C.

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Malheureusement, après le changement d’équipe municipale en mars 2014, la Mairie de Colombes s’est détachée de ses engagements auprès du projet Européen Life+ soutenant pourtant l’initiative. Life+ finance des projets qui contribuent au développement et à la mise en œuvre de la politique et du droit en matière d’environnement. L’Agrocité est invité à quitter les lieux en vue de céder la place à un « parking privé temporaire » pour 2 ans. Les alternatives ne manquent pourtant pas. AAA a répertorié des terrains disponibles aux alentours et propose l’installation du parking temporaire sur un terrain vide en permettant ainsi de perpétuer le développement de l’Agrocité avant une relocalisation possible si un projet durable le nécessite impérativement.

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(mise à jour juillet 2016) Récemment, cette histoire à contre courant de la raison, sur fond de conflit politico-économique, va prendre un nouveau tournant. En effet, R-Urban vient d’être sélectionné parmi les « 100 projets pour le climat« , une initiative de Ségolène Royal dans le cadre de la COP21 et des engagements des puissants en faveur des alternatives de terrain. Une décision qui n’empêche visiblement pas la municipalité de Colombes à perpétuer ses pressions pour le démantèlement de l’Agrocité. Il est d’ailleurs possible de soutenir le projet sur le site du gouvernement par vote.

Afin d’alerter les médias et les pouvoirs publics sur le caractère arbitraire et destructif de la décision de la Mairie, AAA et les usagers de l’Agrocité ont lancé des pétitions papier et en ligne. Si vous estimez ce projet plus porteur de sens qu’un parking, nous vous invitons à signer et à partager autour de vous cette pétition afin de préserver ce projet et surtout laisser la possibilité à ce type d’initiative d’émerger en France et dans le monde.

L'Agrocité - coin de verdure au milieu des tours

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Troc et repair café au recyclab

L'unité Agrocité du projet R-Urban

La cantine associative et la boutique locale non consumériste de l'Agrocité


Sources : r-urban.netmrmondialisation.orgtheguardian.comlefigaro.fr / cop21paris.org

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