Des scientifiques ont découvert une sous-population d’ours polaires dans le sud-est du Groenland. Dans cette région, les ours sont habitués à vivre avec peu de banquise et survivent grâce aux glaciers d’eau. Une bonne nouvelle pour cette espèce menacée par le réchauffement climatique, ou une dernière chance pour la survie des ours polaires ? 

Au Groenland, une nouvelle sous-population d’ours polaires a été découverte dans le sud-est du pays. Cette région, encore méconnue, est entourée par des montagnes et souvent confrontée à de fortes chutes de neige. Cette découverte est surprenante car selon les hypothèses scientifiques, aucun ours polaire ne peut théoriquement survivre au sud-est du Groenland. À cet endroit, la saison des glaces de mer dure moins de quatre mois, entre février et mai, ce qui est trop court pour assurer la survie des ours polaires. En effet, ces derniers devraient avoir constamment besoin d’être sur de la glace pour pouvoir se nourrir. Pourtant, une sous-population d’ours polaires a bien été découverte à cet endroit. 

Une sous-espèce d’ours polaires au Groenland

La découverte de cette sous-espèce d’ours polaires a été publiée dans la revue Science. Selon les résultats des chercheurs, ces animaux feraient bien partie d’une nouvelle population d’ours polaires puisqu’ils n’ont pas exactement les mêmes génomes que les autres et sont plus éloignés géographiquement. Pour arriver à ces résultats, les scientifiques ont regroupé sept années de données recueillies dans la région du Groenland, ainsi que trente ans de données historiques. 

Une population d’ours polaires précédemment non identifiée documentée sur la côte sud-est du Groenland utilise la glace des glaciers pour survivre malgré un accès limité à la glace de mer. Source : Science.

Afin d’étudier ces ours découverts dans le sud-est du Groenland, les chercheurs ont utilisé des échantillons de tissus prélevés sur les proies des chasseurs. Ils ont également eu recours à des données satellites afin d’étudier les conditions géographiques des ours polaires, ainsi qu’à des colliers de repérage pour suivre leurs mouvements. 

« Il s’agit de la population d’ours polaires la plus isolée génétiquement sur la planète. Nous savons que cette population a vécu séparément des autres ours polaires durant au moins plusieurs centaines d’années », a affirmé Beth Shapiro, co-autrice de l’étude et généticienne à l’université de Californie à Santa Cruz.

Selon les résultats de l’étude, seulement quelques centaines d’ours polaires vivraient dans le sud-est du Groenland. Contrairement à leurs congénères, ils seraient capables de vivre plus longtemps sans banquise et pendant plus de trois mois, ce que les scientifiques pensaient jusqu’à présent impossible.

Une espèce menacée par le réchauffement climatique

Cette découverte pourrait être un espoir quant à l’avenir des ours polaires, qui sont fortement menacés par le réchauffement climatique. En effet, à cause de la hausse des température, la fonte des glaces s’accélère et la banquise devient de plus en plus petite. Or, les ours polaires utilisent la glace pour chasser les phoques en les attendant près des fissures et des trous de la glace pour les attraper quand ces derniers remontent à la surface pour respirer. Ainsi, si la banquise fond, les ours polaires trouvent de moins en moins de quoi se nourrir, ce qui menace leur survie. Bien qu’ils sachent très bien nager, les ours polaires restent des animaux terrestres.

Les ours polaires sont menacés par le réchauffement climatique qui provoque la fonte de la banquise. Crédit : Pixabay

Aujourd’hui, les ours polaires font partie des premiers animaux à être menacés par le réchauffement climatique. Si la présence d’ours dans le sud-est du Groenland peut être un signe d’espoir, cela peut également être leur dernière chance de survivre. En effet, ce lieu pourrait devenir le dernier refuge de l’espèce avant son extinction.

La survie des ours polaires 

Cette étude permet également de comprendre comment les ours polaires pourraient se comporter suite à la fonte des glaces et au réchauffement climatique. La glace provenant des glaciers d’eau douce pourrait compenser la perte de la banquise dans cette région. En effet, selon le comportement des ours découverts, ces derniers n’utilisent pas la banquise pour chasser mais bien la glace qui fond directement des glaciers. Quand les glaciers fondent, ils tombent par blocs qui forment ensuite des icebergs. C’est ainsi que les ours arriveraient à se déplacer sans banquise. Cependant, cette théorie reste assez optimiste.

« Il y a peut-être une tendance à vouloir que les ours polaires soient sauvés. Malheureusement, il y a très peu d’endroits qui fournissent beaucoup de matière glaciaire de cette manière. Pour de nombreux ours polaires de l’Arctique, ce type de glace est indisponible », a décrété Ars Twila Moon, co-auteur de l’étude et scientifique principal adjoint au National Snow and Ice Data Center.

Si les ours polaires arrivent à utiliser la glace provenant des glaciers pour survivre, ils pourraient être moins menacés. En effet, le sud-est du Groenland est une région souvent confrontée à de fortes chutes de neige, qui alimentent continuellement les glaciers. Un équilibre instable pour les ours polaires, entre espoir et dernière chance.

– Lisa Guinot

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