En analysant des images satellites, des chercheurs du British Antarctic Survey ont découvert 4 nouvelles colonies de manchots empereurs dans l’Antarctique. Une bonne nouvelle pour cette espèce menacée par le changement climatique. Mais cette découverte est assombrie par la situation des autres colonies… Explications. 

Le manchot empereur est un oiseau marin emblématique de l’Antarctique qui vit sur la banquise, dans l’hémisphère sud de la Terre. Aujourd’hui, on estime qu’environ 250 000 couples reproducteurs de manchots empereurs vivent en Antarctique, soit près de 500 000 individus. Ces oiseaux marins ont besoin de vivre sur la glace où ils se reproduisent, pondent leurs œufs et élèvent leurs petits. Chaque année, les manchots arrivent sur leurs sites de reproduction au mois de mars et pondent leurs œufs entre mai et juin. L’éclosion se produit 65 jours plus tard et pendant leurs premiers instants de vie, les nouveau-nés survivent en restant sur la glace, loin de l’eau.

Image par Barbara Dougherty de Pixabay

La banquise est essentielle pour la survie des manchots empereurs. Cependant, leur milieu naturel est menacé par le changement climatique. La hausse des températures accélère la fonte des glaces, réduisant la surface de la banquise. Selon Le Monde, en 2023, la banquise de l’Antarctique a atteint sa superficie la plus faible jamais enregistrée, avec un minimum historique de 1,792 millions de kilomètres carrés.

Le manchot empereur, une espèce menacée

Confrontés à la perte de leur habitat naturel, les manchots empereurs font partie des espèces menacées et sont en danger d’extinction. Selon un article publié dans Nature Communications Earth & Environment en août 2023, sur les cinq colonies de manchots empereurs connues dans la région de la mer de Bellingshausen, à l’ouest de l’Antarctique, quatre colonies n’ont pas pu se reproduire à cause de la fonte des glaces. En effet, la banquise s’est brisée avant que les poussins n’aient eu le temps de grandir assez pour survivre dans l’eau.


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« Nous n’avons jamais vu de manchots empereurs subir un tel échec de reproduction en une seule saison. Avec la fonte des banquises qu’a connue cette région au cours de l’été antarctique, il est très improbable que les poussins déplacés aient survécu », a déclaré Peter Fretwell, scientifique au British Antarctic Survey et auteur principal de l’étude, dans un communiqué relayé par National Geographic.

Pour tenter de protéger les manchots empereurs, des scientifiques surveillent les déplacements des colonies en analysant des photos satellites. Ces clichés sont pris à 600 kilomètres de la Terre, depuis l’espace. Si les chercheurs ne voient pas directement les manchots sur les images, ils repèrent leurs excréments, des taches noires laissées sur la glace qui indiquent l’emplacement des groupes d’oiseaux. Grâce à ces traces, les scientifiques sont capables d’estimer le nombre de colonies de manchots empereurs vivant en Antarctique

Quatre nouvelles colonies de manchots empereurs 

En consultant des images de l’Antarctique des mois passés, les chercheurs du British Antarctic Survey, dont Peter Fretwell, ont fait une découverte. Selon un article publié dans la revue Antarctic Science le 20 janvier 2024, les scientifiques ont repéré quatre nouvelles colonies de manchots empereurs jusqu’à présent inconnues. Ces colonies représentent à elles seules plusieurs centaines d’oiseaux marins supplémentaires sur le territoire.

« Les résultats nous donnent une idée de la répartition et de l’endroit où se trouvent les colonies, et c’est vraiment très important si nous voulons surveiller comment elles s’adaptent au changement climatique. Les colonies découvertes existent probablement depuis de nombreuses années », a précisé Peter Fretwell à Geo.

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Au total, on recense désormais 66 colonies de manchots empereurs en Antarctique. Cette découverte est une bonne nouvelle pour l’espèce en danger car elle prouve que les oiseaux marins sont capables de s’adapter aux conditions climatiques et de déménager si besoin, au fur et à mesure que la banquise évolue.

Mais à terme, le changement climatique pourrait continuer de menacer l’habitat naturel des manchots empereurs. Si la hausse des températures se poursuit dans les prochaines années, plus de 80% des colonies de manchots empereurs seront quasi éteintes d’ici 2100, et les individus seront trop peu nombreux pour faire survivre l’espèce.

– Lisa Guinot


Photo de couverture : Pixabay

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