L’information secoue les États-Unis en ce début de semaine. Une vidéo capturée par un smartphone va faire surface pour confronter l’acte odieux d’un policier responsable de la mort d’un homme en fuite suite à un contrôle de routine. Sur les images, on peut observer la victime de 50 ans abattue de sang froid par un policier de 33 ans. Face à l’origine de la victime, on assiste à un soulèvement d’indignation international.
Michael Slager, policier de 33 ans, ne s’attendait pas à ce que son acte soit publié sur internet dans une vidéo amateur. Samedi dernier, le « gardien de la paix » réalisait un simple contrôle routier quand il va arrêter Walter Scott, un cinquantenaire de la région, pour un feu brisé. Dans l’illégalité ou par peur, l’homme va prendre la fuite et être rattrapé par le policier. Quand celui-ci va tenter à nouveau de prendre la fuite, l’agent va spontanément dégainer son arme et lui tirer dans le dos à huit reprises. Un acte totalement illégal considéré comme un meurtre.
Cette histoire va faire surface plusieurs jours après l’incident grâce à une vidéo capturée par un curieux. Sans celle-ci, la vérité n’aurait probablement jamais vu le jour. En effet, pensant être seul, le policier avait invoqué la légitime défense pour justifier son acte. La vidéo va faire basculer un simple fait divers (sur base des déclarations du policier) en meurtre volontaire, le policier ne cherchant pas à empêcher à la fuite, mais bien à donner la mort. L’une des balles va d’ailleurs toucher la victime en plein cœur.
Le maire de la localité a fermement condamné l’acte inexplicable du policier. « Quand vous prenez une mauvaise décision, on ne regarde pas si vous portez un insigne de police ou si vous êtes un simple citoyen, vous devez assumer cette décision. » estime-t-il. Une manifestation est prévue prochainement devant la mairie de North Charleston, troisième plus grande agglomération de Caroline du Sud. Mis en examen pour assassinat, le policier risque la prison à vie.
L’acte intervient dans un climat très tendu où ce genre d’affaire semble se multiplier au point d’être à l’origine de véritables révoltes dans certains états. Plusieurs actes odieux qui se ressemblent tristement (policier blanc, victime noire) ont secoué le pays ces derniers mois dont l’épisode de Ferguson où un jeune homme afro-américain de 18 ans a été tué par la police. Depuis, plus d’une dizaine de personnes de couleur furent tuées par la police aux États-Unis. Nombre d’observateurs estiment qu’il s’agit de bavures racistes en raison d’une grosse disproportion dans l’origine des policiers et celle de la population visée.
Tout comme Ferguson, North Charleston est une ville composée essentiellement de minorités ethniques. Une différence qui n’est pas représentée dans les forces de police où 80% des effectifs sont blancs. La National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), organisation de défense des droits civiques, avait accusé les forces de l’ordre de sélectionner ses effectifs en fonction de l’origine. Sur le terrain, cette disproportion engendrerait des abus de droits envers les minorités, même dans des cas anodins comme un vulgaire contrôle d’identité. La question en suspend est : le policier aurait-il tué de sang froid un simple fuyard si celui-ci avait été blanc ? Au delà de cette question, un être humain vient de perdre la vie et ce sentiment d’une police violente et autoritaire, qui peut vous ôter si rapidement la vie, questionne l’opinion publique, toutes origines confondues.
Dans un état de droit, les forces de police ne jouissent pas d’une immunité totale. Ce sont ces limites légales qui font toute la différence entre un état totalitaire et une démocratie. Force est de constater que loin des yeux des observateurs, les Droits de l’Homme sont parfois très malléables, d’autant plus dans un climat de haine raciale et de stigmatisation des minorités.
Pire encore, certains programmes politiques au cœur de l’Europe proposent ouvertement d’offrir une immunité totale aux policiers qui seraient dès lors implicitement autorisés à tuer s’ils le jugent nécessaire. C’est notamment ce que suggère le programme du Front National (FN) en France. Une manière d’introduire discrètement la peine de mort sans jugement sur simple appréciation d’un fonctionnaire.
Tamir Rice tué en 2014 pour avoir porté un pistolet en plastique (source)
S’il peut sembler malsain de publier ces images, sans elles, la justice n’aurait pas pu être rendue. Ceci pose donc une question liée à la modernité. Les citoyens ont désormais la possibilité de capturer de plus en plus facilement des vidéos grâce aux smartphones. Dans ce cas de figure, une curiosité peut-être déplacée aura tout de même permis de rétablir la vérité sur un fait tragique.
Source : lemonde.fr / nbcnews.com