Et pourquoi ne pas porter des vêtements faits à partir du lait recyclé ? C’est l’idée remise au gout du jour par une jeune microbiologiste allemande, Anke Domaske, et sa fibre textile biodégradable créée à partir d’une protéine du lait.

Certes, l’idée n’est pas neuve puisque le lait avait déjà été utilisé dans l’industrie textile des années 30, servant de substitut à la laine durant la Seconde Guerre mondiale. Mais la technique fut rapidement marginalisée après la guerre. Anke Domaske, designer et microbiologiste de 28 ans, a recréé ce textile « laitier » alors qu’elle faisait des recherches sur un tissu destiné aux personnes allergiques aux textiles modernes traités par des produits chimiques ou issus de substances pétrolières.

« On n’imagine pas combien la chimie est encore utilisée dans la production de coton ou d’autres textiles comme le polyester ou le polyamide, et combien de résidus de pesticides ou additifs composent nos pantalons et chemises » explique-t-elle aux médias allemands. Il y a six ans, décidée d’apporter sa pierre au changement, elle commence à faire ses expériences dans sa cuisine, avec un simple mixeur, jusqu’à trouver la bonne composition des fibres de son textile biologique.

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La fibre de l’or blanc

Pour créer un vêtement à base de lait, la chercheuse réalise plusieurs étapes. De la vache à la garde-robe, le lait doit ainsi subir plusieurs transformations. Tout d’abord, on élimine les impuretés du lait pour mieux en extraire la caséine qui sera mélangée à de l’eau et d’autres ingrédients naturels dont elle conserve le secret. La pâte obtenue est mixée, chauffée et passée à travers une tuyère pour produire des filaments. La fibre obtenue est plus fine qu’un cheveu humain tout en possédant une résistance satisfaisante pour la production textile. Une fois ces fils secs, ils peuvent être filés et transformés en vêtements de manière conventionnelle.

La chercheuse affirme que sa fibre est obtenue avec une production très réduite d’énergie et d’eau, ce qui pourrait concurrencer sérieusement le coton en matière d’écologie. « En cinq minutes, nous produisons un kilogramme de fibres : avec des machines d’une capacité de 2 000 tonnes de fibres au total, ce sont 240 millions de t-shirts qui peuvent être conçus à base de caséine, chaque année. » Le prix de revient est cependant plus élevé que le coton mais nettement moins que celui de la soie tout en ayant des caractéristiques semblables : résistant, antibactérien, antistatique et hypoallergénique. La fibre de lait associe ainsi les avantages des fibres naturelles et des fibres synthétiques avec un impact écologique limité. De plus, le tissu à base de lait possède un dernier avantage et non des moindres : il est compostable et biodégradable en seulement 6 semaines.

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Désormais à la tête de la startup QMilch (littéralement « lait de vache »), la jeune chercheuse dirige une équipe de 10 salariés à Hanovre en vue de concrétiser son projet. Projet qui vient d’ailleurs d’être primé par le prestigieux prix GreenTec Awards qui récompense les avancées remarquables en matière de technologies vertes. La remise de prix aura lieu fin du mois de mai. Forte de son succès, Anke Domaske envisage d’employer le lait pour créer d’autres produits écologiques comme des cosmétiques sains ou des sacs biodégradables. La jeune femme espère qu’un jour elle pourra trouver des vêtements à base de caséine dans les grands magasins. En attendant, elle propose déjà une collection de robes sous la marque Mademoiselle Chi Chi.

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Si l’idée semble véritablement attrayante, il ne faut pas oublier que la fibre de lait reste un produit dérivé de l’élevage industriel. Une industrie à l’impact non négligeable sur l’environnement, la santé et le bien-être animal. Conscient de cela, QMilch fabrique ses vêtements à partir d’un lait impropre à la consommation, périmé ou des rejets de laiterie. Actuellement, ce lait serait donc destiné à la poubelle ce qui propulse le projet de Anke Domaske en tant qu’alternative au gaspillage en transformant un déchet en objets utilitaires à faible impact écologique.


Source : wedemain.fr / sciencepost.fr / pumpkin-paradise.com

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