Voyage à vélo et Slow-tourism écologique : « Le seul moteur, c’est l’envie » (Interview)

Seul, en famille, entre amis : les voyages à vélo n’ont jamais été aussi tendance. Le livre « Partir à vélo », actuellement en cours de financement, recueille les témoignages de vingt baroudeurs et apporte de précieux conseils à ceux qui voudraient les suivre. Et si, vous aussi, vous optiez pour un peu plus de liberté pendant vos prochaines vacances ? Interview de Céline Forestier*, coordinatrice de l’ouvrage.

Mr Mondialisation : Pourquoi le vélo s’impose-t-il progressivement comme mode alternatif de déplacement pour voyager ?

Céline Forestier : Le voyage à vélo est une forme de slowtourism qui séduit : l’augmentation des voies cyclables et des aménagements cyclotouristiques, la pratique du vélo comme moyen de déplacement au quotidien, l’existence d’un matériel de plus en plus adapté à l’itinérance contribuent certainement au développement de ce mode (de déplacement) alternatif. Voyager à vélo, ce n’est plus une liste de sites à visiter, c’est une expérience unique accessible à tous : il n’est pas nécessaire d’être sur-entraîné ou d’être un cycliste de longue date pour pouvoir partir. Le seul moteur, c’est l’envie. Et puis, je crois que c’est surtout l’envie et le besoin de liberté qui attirent de plus en plus d’adeptes. Prendre le large et pédaler tout simplement. Dans nos modes de vie ultra pressés et connectés, sa pratique nous vide et nous permet d’accueillir le monde autrement.

Crédit image : cyclable

Mr Mondialisation : Qu’est ce qui le différencie d’autres modes de déplacement ?

Céline Forestier : Ah, les road trip ! On prend la voiture, on avance, on roule, on s’arrête, on prend une photo et on fait le plein… d’essence ! À vélo, contrairement à un déplacement en voiture ou en moto, on reste connecté à l’environnement extérieur tout au long de la journée et on fait le plein… dans un bon restau !

Autre avantage de ne pas être enfermé dans un habitacle : on peut discuter aisément avec les gens que l’on croise. Le vélo est aussi un objet de curiosité et permet de faire des rencontres, de créer plus facilement un lien avec les locaux.

Voyager à vélo permet de préserver la planète : le cyclotouriste produit une émission de gaz à effet de serre toujours très inférieure par rapport à celui qui prend ne serait-ce que le bus pour effectuer le même voyage ! Ce n’est bien évidemment pas parfait en terme de bilan carbone, car les composants de fabrication et le transport du vélo ne sont pas forcément éco-responsables.

Enfin, le vélo a des effets positifs multiples sur la santé parce qu’il permet de faire des efforts physiques qui ne sont pas traumatisants, respirer le grand air, évacuer le stress…

Mr Mondialisation : Peut-on dire que voyager en vélo, c’est aussi un « état d’esprit » ?

Céline Forestier : À vélo, la vitesse de déplacement, ni trop lente, ni trop rapide, permet de profiter des gens, des paysages, tout en avalant facilement plus de 60 kilomètres dans la journée, même sans être un sportif chevronné. Dans le même temps, on profite de toutes les petites scènes de vie le long des routes, des villages traversés mais aussi des odeurs, des cris, de la météo. Bref, on est dans la vie !

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Le vélo élimine les toxines mentales et physiques, favorise la circulation des idées dans la tête. Il nous donne à voir une autre perspective, une manière d’observer le monde différemment. J’aime bien le terme « vélosophie »…

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Mr Mondialisation : En France et en Europe, il existe bon nombre d’itinéraires qui traversent des paysages uniques, le long du Rhin et de la Loire par exemple. Lesquels préférez-vous ?

Céline Forestier : Mon plus beau souvenir est sans doute, la traversée des Dolomites en Italie en passant par la région des lacs. Et si la France est la première destination mondiale du tourisme à vélo, ce n’est pas un hasard : la Vélodyssée, la Loire à vélo, le Canal du Midi, ou la Véloscénie sont à découvrir absolument. J’ai eu un coup de cœur pour un itinéraire peu connu en France dans le Tarn : la Passa Païs. Mais finalement le meilleur itinéraire est celui qui permet de partir du pas de sa porte et au gré des envies !

Mr Mondialisation : Vous publiez le livre-témoignage, Partir à vélo. Que contient-il exactement ? 

Céline Forestier : Pendant 8 ans Cyclable a organisé une bourse aventure. Chaque année, des baroudeurs nous confiaient leurs projets de voyage à vélo. Nous avons eu envie de raconter quelques-unes de ces belles histoires pour en créer de nouvelles, planter en chacun la graine du voyage à vélo, donner envie de partir… Le livre contient des récits croustillants de cyclorandonneurs, des itinéraires incontournables sélectionnés pour inspirer, des photos pour faire rêver. Partir à vélo, c’est également un guide pratique qui permet d’organiser sereinement ses propres épopées : réaliser l’itinéraire, préparer ses sacoches, choisir son vélo, identifier votre budget, définir le sens du voyage etc.

Crédit image : cyclable
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Mr Mondialisation : Quels sont vos trois principaux conseils à ceux qui veulent partir à l’aventure sur leurs deux roues ?

Céline Forestier : Premièrement, lancez vous : ne pas vous privez pas d’un voyage à vélo parce que vous pensez ne pas avoir le matériel au top. Deuxièmement, tentez l’aventure sur quelques jours : avant de vous engager sur un périple au long cours, un itinéraire facile et aménagé est bienvenu. Enfin, privilégiez la lenteur. Même à vélo, on a souvent tendance à vouloir aller trop vite, alors, prenez votre temps, profitez de chaque instant car le voyage se fait intérieur de chacun d’entre nous !

*Céline Forestier a découvert le vélo par l’itinérance. Depuis 20 ans, elle profite de chaque vacances pour organiser des périples de 3 jours à 3 semaines, en France ou en Europe, en couple, entre amis ou en famille. Avec ses 3 enfants, le voyage est un rituel familial. Après avoir occupé plusieurs postes en marketing dans de grandes entreprises, elle décide après la naissance de son troisième enfant de donner du sens à son travail en s’engageant pour la défense des déplacements à vélo. Depuis 5 ans elle contribue à développer l’aventure du réseau de magasins Cyclable. L’entreprise ambitionne non seulement de vendre du matériel de vélo de qualité, mais aussi d’accompagner le développement du vélo comme moyen de transport et de plaisir.

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