Chaque année en France, 10 millions de tonnes de nourriture sont jetées à la poubelle ; un chiffre effarant qui représente pas moins de 20 % de la production de l’hexagone et 155 kg par personne. Un constat alarmant quand on sait le coût écologique de la production alimentaire et le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde. On vous propose donc sept méthodes pour lutter contre ce fléau, à notre échelle.

Rappelons, avant tout chose, qu’environ un tiers des pertes se fait lors de la production, un autre tiers pendant la transformation et la distribution et le reste durant la consommation. C’est bien sûr sur ce dernier point que nous pouvons agir en priorité.

1. Se méfier des dates de péremption

Près de 20 % du gaspillage alimentaire serait dû aux dates de péremption inscrites sur les produits. D’abord parce que beaucoup de gens jettent la nourriture dès qu’une de ces dates est atteinte, sans même vérifier grâce à ses sens si nos vivres sont vraiment devenus inconsommables.

C’est d’autant plus dramatique qu’il existe une confusion entre deux indications très différentes apposées sur les articles. La date limite de consommation signifiée par « à consommer jusqu’au… » est impérative et doit être respectée pour ne prendre aucun risque. En revanche, la date de durabilité minimale, retranscrite par la mention « à consommer de préférence avant… » peut être dépassée. Ici, seul le goût est éventuellement affecté, mais il n’y a pas de danger pour la santé.

Au bout du compte, il suffit de se fier à ses yeux ou à son odorat pour voir qu’un produit est encore mangeable, c’est d’ailleurs ce que nous faisons déjà avec les fruits et les légumes. Après tout, ces dates ne sont apparues en France qu’en 1984. Et parfois, les industriels n’hésitent pas à en profiter pour nous pousser à la consommation.

2. Faire des menus

On associe souvent les menus à la monotonie ou la rigueur d’un régime très pénible. Pourtant, dans les faits, identifier à l’avance ce que l’on va manger a beaucoup d’avantages. D’abord, contrairement à ce que l’on pourrait penser, on se nourrit sans doute de façon plus variée en prévoyant plutôt qu’en improvisant au dernier moment.

Mais anticiper ses repas permet aussi de savoir exactement quoi acheter lorsque l’on se trouve dans un magasin. On prend ainsi strictement ce dont on a besoin et plus aucun aliment dans l’hypothèse de peut-être le cuisiner un jour.

En procédant de cette manière, on ne jette pratiquement plus rien puisque tout est décidé auparavant. Évidemment, cela suppose également de prévoir les quantités de nourriture. En pesant par exemple des portions de pâtes ou de riz, on évite qu’il y en ait beaucoup trop et qu’une bonne partie finisse à la poubelle. Une excellente nouvelle pour la planète, mais aussi pour le portefeuille : un Français gaspille en moyenne jusqu’à 160 € de cette façon tous les ans.

3. Surveiller sa consommation

Éviter les pertes c’est aussi prendre garde à ce que l’on achète. En optant pour des produits de saison et de qualité, on prévient un pourrissement plus rapide. Au contraire, on peut indirectement limiter le gâchis au sein de la distribution en choisissant volontairement des marchandises abîmées (mais consommables) pour ne pas qu’ils ne soient écartés.

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Il est de même possible d’utiliser des applications pour faciliter la lutte contre le gaspillage. On connaît d’abord de plus en plus le célèbre Too Good to go, qui permet de récupérer des aliments presque périmés à des prix cassés auprès de commerçants. Mais on peut également citer Frigo Magic, qui offre des recettes avec la liste d’ingrédients présents dans notre cuisine. Pratique quand on ne sait pas quoi faire des denrées sur le point d’être perdues.

4. Partager !

On a parfois dans nos placards une grosse quantité de nourriture sans utilité et qui sera bientôt bonne à jeter. Et pourquoi ne tout simplement pas la partager avec les autres ? Évidemment, cela peut se faire aisément en organisant un repas en famille ou entre amis ; on peut aussi toquer chez nos voisins pour leur proposer nous courses en trop.

Et il existe aussi des solutions pour aider les plus démunis. On peut bien sûr citer bon nombre de banques alimentaires et d’associations comme les restos du cœur. Mais il y a également des « frigos solidaires » qui fonctionnent sur un principe proche de celui de la boîte à livres. Souvent branché devant chez un commerçant, chacun peut ainsi se servir comme il le souhaite, de même que déposer des produits autorisés.

Plus convivial, on peut aussi parler des disco soupes. Ces évènements festifs mettent à l’honneur des aliments invendus qui sont cuisinés puis distribués gratuitement par des bénévoles, le tout lors d’une soirée musicale. Ou encore des cantines solidaires en manifestation pour soutenir les militants ! 

Cantine solidaire lors du rassemblement antifasciste le 25 février 2023 à Saint-Brévin-les-Pins (44) © Victoria Berni

5. Valoriser ses déchets

Naturellement, la vie étant imprévisible, il y aura toujours un moment ou un autre ou chacun d’entre nous laissera malheureusement perdre des aliments. Heureusement, il reste encore des solutions pour faire quelque chose de ces déchets et faire en sorte que leur production n’ait pas été vaine. On peut dans certains cas les donner à manger à nos animaux de compagnie. Pour les personnes qui vivent en milieu rural, il est aussi possible d’alimenter les bêtes sauvages, simplement en déposant la nourriture périmée à l’extérieur (en se souciant bien sûr de ce qui peut être nocif pour eux ou non).

À défaut, il est également imaginable de réaliser un traditionnel compost qui aura ensuite toute son utilité pour fertiliser les sols. Dans un registre proche, mais un peu différent, nous évoquions dans un précédent article la méthode du regrowing qui permet de cultiver ses propres déchets.

Si on veut limiter notre gaspillage au maximum, les techniques ne manquent donc pas et nos gestes individuels sont loin d’être insignifiants. Néanmoins, il faut tout de même bien garder à l’esprit que, comme toujours en matière d’écologie, le rôle des pouvoirs publics reste déterminant. Pour aller dans le bon sens, il est en effet avant tout indispensable que nous repensions en intégralité notre modèle agricole.

– Simon Verdière


Photo de couverture de l’association Open Bidouille. Source : Flickr

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