Souvent considérée comme nuisible en raison de ses propriétés urticantes, l’ortie a pourtant de nombreuses vertus. Disposant de caractéristiques nutritionnelles utiles, la plante est aussi connue pour ses qualités médicinales. Dans le jardin, elle est, par ailleurs, une alliée précieuse puisqu’elle peut servir à la fois de fertilisant et de protection pour les cultures. Plus surprenant, elle permet même de faire des vêtements. Enfin, elle favorise la préservation de la biodiversité. Portrait d’une herbe sous-estimée.
Si l’ortie (nom scient. Urtica, famille Urticacées) si mauvaise réputation, c’est sans aucun doute parce qu’elle « pique ». La plante est en effet recouverte de poils urticants qui se fichent dans la peau et libèrent une substance riche en acides lorsqu’on la touche. Toutefois, malgré cet inconvénient, elle est loin d’être sans intérêt. Voici cinq raisons de se pencher sur ce végétal étonnant.
1. Un aliment de premier choix
«Jusqu’au XVIe siècle, elle était consommée aussi régulièrement que l’épinard ».
De prime abord, il ne nous viendrait donc sans doute pas à l’idée de manger une plante urticante. Et pourtant, une fois plongée dans l’eau bouillante, elle perd tout pouvoir de nuisance. Il est aussi possible de la faire sécher plusieurs jours pour arriver au même résultat.
On peut ensuite l’utiliser de nombreuses manières. Elle était d’ailleurs très prisée depuis la préhistoire et a sauvé bon nombre de personnes de la famine : «Jusqu’au XVIe siècle, elle était consommée aussi régulièrement que l’épinard. Il y a peu encore, elle était vendue sur les étals des marchés comme l’oseille et le cresson », explique Jean-François Astier, auteur de L’Ortie, une panacée oubliée, à APEI-Actualités. Mais avec l’intensification de l’urbanisation et l’accès facilité à la nourriture, la consommation de cette plante sauvage a cependant été largement oubliée par la majorité de la population.
Pourtant, il existe beaucoup de recettes pour préparer ce mets abandonné. La plus connue est sans doute la soupe, mais il est possible de la manger aussi bien crue que cuite, en salade, en quiche, en pesto, en tourte, en jus, en infusion, en cake, etc.
D’un point de vue nutritionnel, les orties sont en outre extrêmement intéressantes. Particulièrement riches en protéines, elles ont ainsi une forte teneur en vitamine C, fer, minéraux, silicium et antioxydants.
2. Une plante médicinale
Si les orties représentent déjà un atout pour la santé au niveau de l’alimentation, elles sont également connues pour soigner certains petits maux dans une certaine mesure. Elles sont par exemple très bonnes pour les reins et la vessie puisqu’elles ont des facultés diurétiques (qui favorise la production d’urine).
Associée à l’argile verte en cataplasme, elle permet aussi de soulager l’arthrite, les rhumatismes et les douleurs articulaires. Elle peut de même être utilisée contre l’acné, des aphtes, des gingivites ou encore pour la stimulation du lait maternel.
3. Fertiliser et protéger le jardin
Souvent coupée pour éviter les irritations dans le jardin, l’ortie n’est malheureusement que rarement utilisée a posteriori. Pourtant, en plus de pouvoir être consommée par l’être humain, elle peut aussi être recyclée dans le potager avec un intérêt particulier.
Il est en effet très facile de fabriquer un purin d’ortie, comme l’expliquait la journaliste spécialisée du Monde Nathalie Guellier. Il faut pour cela faire macérer de jeunes pousses non montées en graines avec de l’eau. Pour un kilogramme de plantes, dix litres d’eau sont nécessaires.
Le temps d’imprégnation dépend ensuite de l’usage souhaité du purin. Pour protéger ses cultures des insectes et des champignons, 48 h de trempage sont suffisantes. En revanche, si l’on veut faire de l’engrais, une quinzaine de jours sont indispensables et la mixture ne doit plus faire de bulles lorsque l’on remue.
Restera enfin dans tous les cas à filtrer le mélange pour ne garder que la partie liquide qui sera une précieuse alliée pour le jardin. Il faut, pour finir, noter que l’ortie peut également représenter un merveilleux activateur de compost.
4. Faire des vêtements
Difficile d’y croire, et pourtant, il existe bel et bien des vêtements réalisés à base de fibres d’orties. Ici, ce ne sont pas les feuilles qui sont utilisées, mais bien les tiges. À l’instar du chanvre ou de la jute, la fibre d’ortie possède des propriétés thermorégulatrices. Elle permet ainsi de conserver la chaleur en hiver et la fraîcheur en été.
Légère et résistante, elle a aussi des qualités antibactériennes. En outre, elle dispose d’une bonne élasticité ce qui en fait un vêtement confortable à porter. Enfin, cette technique représente évidemment une alternative intéressante à la culture de coton et aux textiles synthétiques qui nuisent à la planète.
Contrairement à beaucoup d’autres plantes très gourmandes en eau et en pesticides, les orties ne demandent elles pratiquement aucun entretien et poussent très facilement. Elles ont également l’avantage de pouvoir être récoltées en France métropolitaine et peuvent donc être produites au niveau local.
5. Préserve la biodiversité
Reste aussi de bonnes raisons de tout simplement laisser les orties prospérer y compris dans nos jardins. En effet, la plante favorise grandement la biodiversité. Elle permet d’abord d’assainir les sols en consommant les excédents de phosphate et de nitrate présents dans la terre. Un facteur qui aide évidemment la vie souterraine à mieux se développer.
De nombreuses espèces prolifèrent également dans les orties : papillons, coccinelles, punaises ou araignées. De multiples insectes butineurs y pondent d’ailleurs leurs œufs. Cette faune sert, en outre, d’alimentation à d’autres animaux comme les oiseaux ou les mammifères.
On l’aura compris, les usages de l’ortie sont donc abondants, aussi bien pour l’être humain que pour le reste de la nature. De quoi réfléchir à deux fois avant de les considérer comme une simple « mauvaise herbe » et de bêtement s’en débarrasser.
– Simon Verdière
Image d’entête @MabelAmber/Pixabay