Les néonicotinoïdes contaminent la grande majorité des miels dans le monde entier, selon une étude publiée dans la revue Science ce 6 octobre. Alors que ces pesticides font l’objet de nombreuses controverses en raison du danger qu’ils représentent pour les abeilles et du rôle probable qu’ils jouent dans leur déclin, ces résultats montrent que les butineuses des quatre coins du globe sont bien concernées.

L’étude franco-suisse, pilotée par l’université de Neuchâtel, révèle que 3 miels sur 4, vendus dans le commerce, contiennent au moins un type de néonicotinoïde, un résultat particulièrement inquiétant alors que les populations d’abeilles déclinent. Selon ces premières analyses, les niveaux de pesticides présents sont suffisamment importants pour affecter les abeilles, leur comportement mais aussi leur capacité à se reproduire. Les néonicotinoïdes font partie des pesticides les plus utilisés au monde, essentiellement pour traiter les semences. Ils agissent sur le système nerveux central des insectes.

Cité par Le Vif, Chris Connolly, expert en neurobiologie de l’université de Dundee, a estimé dans un article accompagnant la publication de l’étude que « ces découvertes sont alarmantes ». Selon lui, « les niveaux relevés sont suffisants pour affecter les fonctions cérébrales des abeilles et pourraient entraver leur habilité à trouver de la nourriture et à polliniser nos cultures et notre végétation », a-t-il mis en garde.

Une contamination globale

L’étude a été menée sur 198 pots de miel en provenance des quatre coins du globe. Cinq molécules de la famille des néonicotinoïdes étaient recherchés : imidaclopride, acétamipride, thiaméthoxame, clothianidine et thiaclopride. « Au total, 75% de tous les échantillons de miel contenaient au moins un néonicotinoïde » précise l’étude qui souligne également que « sur ces échantillons contaminés, 45% en contenaient au moins deux et 10% quatre ou cinq ».

« Ces résultats suggèrent qu’une partie importante des pollinisateurs dans le monde sont probablement affectés par les néonicotinoïdes », notent les auteurs de l’étude. La découverte n’est pas particulièrement surprenante, selon l’état actuelle des connaissances du problème. Néanmoins, les résultats devraient encourager davantage la communauté internationale et les autorités locales à agir rapidement pour endiguer le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles.

En effet, la dangerosité des néonicotinoïdes pour les insectes est aujourd’hui reconnue. Plusieurs études ont établi un lien entre le déclin des population d’abeilles et l’usage massif de pesticides qui contiennent des molécules de ce type. Il y quelques mois, des scientifiques démontraient par exemple que ces substances chimiques réduisaient la fertilité des colonies. Or, les abeilles sont indispensables pour l’agriculture humaine. Elles sont responsables de la pollinisation de 90 % des 107 cultures les plus importantes sur terre.

honeyDes taux suffisamment élevés pour affecter les abeilles et d’autres insectes

Selon les scientifiques, le taux de contamination moyen des miels est de 1,8 microgramme par kilo (µg/kg). Cités par le journal Le Monde, les auteurs de l’étude s’alarment : « Nous avons trouvé plus de quarante études récentes qui traitent des effets des néonicotinoïdes aux niveaux rencontrés dans l’environnement. Or, on voit que des effets négatifs commencent à apparaître chez certains insectes dès une concentration de 0,1 µg/kg. » La problématique est donc manifeste, d’autant qu’une enquête récente a révélé qu’un pot de miel sur trois était frelaté en Europe (allongé au sirop de sucre, élaboré à partir de maïs ou de riz).

Toujours selon Le Monde, l’étude fait apparaître les faiblesses de la réglementation existante, alors que la contamination aux néonicotinoïdes est générale et mondiale. En effet, à ce jour, les risques sont estimés en fonction « d’une exposition aigüe ». Or, les nombreuses études menées par les scientifiques montrent désormais que même des doses moins importantes mais régulières peuvent avoir des conséquences négatives à moyen terme sur les insectes. En France, l’usage de ces substances devraient être interdit à partir de 2018, avec des dérogations possibles jusqu’en 2020. Il n’existe pour le moment pas de restrictions au niveau européen, bien que le sujet soit en discussion.

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« Pas de danger » pour le consommateur

Et le consommateur, doit-il s’inquiéter pour sa santé ? Les taux de pesticides relevés jusqu’à présent sont en deçà des niveaux des plafonds autorisés par l’Union européenne. Les miels seraient donc, en principe, sans danger pour la santé humaine. Nous savons désormais que c’est loin d’être la seule notion qui importe dans l’équation de nos choix de consommation…


Sources : vif.be / lemonde.fr / sciencemag.org

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