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Sortir de la haine : 5 préjugés infondés sur l’immigration

Ministerio de DefensaSuivre El BAC "Cantabria" rescata 410 migrantes. Foto Armada/MDE

Depuis très longtemps, une partie du spectre politique se sert des étrangers pour entretenir toutes sortes de fantasmes. Destinés à détourner l’attention des lois anti-sociales et des privilèges, les préjugés sur l’immigration alimentent des peurs qui n’ont souvent aucun fondement et génèrent des cercles vicieux de haine et de violence extrême envers une partie de l’humanité. Pour s’assurer au moment venu de faire le bilan, de ne pas se trouver du mauvais côté de l’histoire, voici 5 informations à prendre en compte. 

Thème récurrent de l’extrême droite et de la droite (y compris néolibérale macroniste), « la chasse » aux migrants est omniprésente dans les médias et dans les débats publics. Les attentats subis par l’occident depuis le 11 septembre ont par ailleurs été soigneusement exploités par leurs idéologues en ce sens, donnant lieu aux pires confusions plutôt qu’à de véritables analyses rationnelles.

Amalgames, extrapolations, généralisations, stigmatisations, sophismes, hypothèses infondées sur fond d’alimentation de la peur et de la division : tourner en boucle sur l’immigration est un filon politique historique qui permet de fédérer autour du rejet de l’autre – un bouc-émissaire qui ne peut se défendre – tout en détournant l’attention des citoyens du reste des enjeux politiques décisifs et de leurs responsables.

Car lorsque l’on observe avec vigilance les faits, beaucoup de croyances xénophobes ne reposent en réalité sur aucune réalité concrète. Mise à mal documentée de 5 grands a priori régulièrement relayés par les sphères identitaires.

1) L’immigration est massive et on se dirige vers le grand remplacement

À en écouter certains, l’immigration serait devenue incontrôlable et l’Europe serait submergée par des vagues humaines incessantes. Il est très facile de manipuler une scène, une image ou une actualité pour extrapoler les faits et les chiffres, et ainsi donner l’illusion d’une marée humaine inquiétante.

Dans la réalité, on en est cependant bien loin. Prenons un peu de recul : au sein de l’UE, le solde migratoire (c’est-à-dire la différence entre le nombre d’entrées et de sorties du territoire) était de 0,96 million en 2021 sur une population européenne totale d’environ 746,4 millions… En France, ce même solde était de 155 000 sur près de 68 millions d’habitants, soit 0,23% de nouveaux habitants. 

D’un rapide calcul, on sait donc qu’il y a eu un nouvel arrivant pour 466 habitants dans l’UE et un seul pour 437 dans l’hexagone. Si ces arrivants étaient répartis de façon homogène, cela représenterait environ quatre personnes supplémentaires par commune. La France est d’ailleurs l’un des pays développés ayant connu le moins d’immigration sur les dix précédentes années. Même si l’on compte bien de nouveaux habitants, on est, par conséquent et de façon pragmatique, très loin d’une « invasion ».

Sur le long terme, le constat est le même puisque tous les démographes démentent la théorie d’extrême droite du « grand remplacement ». Selon cette hypothèse, la population française serait petit à petit supplantée par des peuples extra-européens, en particulier musulmans, qui anéantiraient notre patrimoine commun.

France info rappelle que : « Le « grand remplacement » est une expression qui fait référence à la peur fantasmée d’une invasion de la France par des étrangers extra-européens. Popularisée par l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus, cette notion a trouvé un écho à l’international et a notamment été brandie par le terroriste de l’attentat suprémaciste de Christchurch (Nouvelle-Zélande) en 2019. Cette vision raciste et complotiste de l’immigration – qui ne repose sur aucun fondement scientifique, historique ou statistique – ne résiste pas à l’examen des chiffres démographiques ». 

Et le journal de préciser à juste titre : « Le fantasme d’une « submersion migratoire » est déjà très présent à la fin du XIXe siècle dans les courants nationalistes et antisémites. En 1886, dans La France juive, le journaliste d’extrême droite Edouard Drumont évoque une : « véritable conquête, une mise à la glèbe de toute une nation par une minorité infime, mais cohésive ». Le chantre du nationalisme français, Maurice Barrès, répand de son côté l’idée selon laquelle « l’immigration juive va modifier la substance même du peuple français » ». 

Ce n’est plus à démontrer, cette idée est profondément raciste puisqu’elle opère une hiérarchie entre les immigrés venus d’Afrique ou d’Asie et les autres (autrement dit les blancs). Et pourtant, un Français a sans doute plus de similitudes culturelles avec un Maghrébin qu’avec un Lituanien, par exemple.

En outre, dans les faits, ce phénomène n’a de toute façon aucune chance d’advenir. Or, l’inventeur de cette théorie, Renaud Camus, ne s’intéressait déjà pas aux chiffres à l’époque de sa théorisation, assurant qu’ « il n’y aurait qu’à sortir dans la rue pour le remarquer ».

Se fier à une impression et à une simple observation plutôt qu’a des données statistiques globales est néanmoins tout sauf scientifique. D’abord, parce qu’on s’expose à un biais de confirmation, mais aussi parce qu’il est impossible de tirer un constat général depuis une situation locale, aussi convaincante qu’elle nous puisse nous paraître. 

L’extrême droite utilise pourtant très souvent comme exemple des zones où les étrangers sont très présents, comme la Seine–Saint-Denis, bien plus riche et complexe que la caricature qu’ils en font. C’est également un procédé malhonnête puisque ce qui se passe dans un endroit précis ne démontre pas la réalité de tout le pays.

Si l’on s’en tient aux chiffres, selon Hervé Le Bras : il n’y a, en réalité, en France que 4,2 millions d’immigrés d’origine africaine ou asiatique aujourd’hui. Si l’augmentation reste constante, il y en aura 2,9 millions de plus d’ici 2050. L’Insee prévoit cependant que la population totale atteindra les 74 millions d’habitants. Selon cette courbe, l’ensemble de cette catégorie ne dépasserait donc pas les 10 %.

Notons d’ailleurs que l’extrême droite attisait déjà les peurs dans les années 80 en avançant que les Français pourraient être remplacés dans 30 ans. Il n’en est pourtant rien aujourd’hui, il n’en sera pas plus demain.

En revanche, ce chiffre pourrait être effectivement revu à la hausse si les conditions climatiques continuent à se dégrader. Selon les prévisions, l’intensification des catastrophes pourrait entraîner pas moins de 216 millions de migrations dans le monde d’ici 2050. Mais étrangement, la droite et l’extrême droite persistent toutefois à traiter cette problématique comme un enjeu secondaire, voire fictif…

Or, pour affronter l’enjeu de l’immigration climatique de manière mature et rationnelle, l’écologie est bien la question centrale qu’il s’agira de se poser : face aux véritables vagues migratoires à venir causées par la dégradation des conditions de vie pour les plus précaires (pourtant les moins pollueurs), que devrons-nous faire ? et surtout : quel genre d’humains voudrons-nous être ? Sachant, bien sûr, qu’un accueil digne et structuré, avec des budgets adéquats et une déconstruction en règles du modèle délétère à l’origine de ces déplacements afin de les éviter à la source, vaudront évidemment toujours mieux que la déshumanisation et la maltraitance, lesquelles donnent toujours lieu à des conflits et tensions aggravées.  

2) Les immigrés plombent les comptes publics

Bien souvent, l’immigration est désignée comme un gouffre financier qui plomberait les comptes publics. Or, selon une étude de l’OCDE, c’est tout le contraire. Au sein des membres de l’organisation :

« La contribution des immigrés sous la forme d’impôts et de cotisations est supérieure aux dépenses que les États consacrent à leur protection sociale, leur santé et leur éducation ».

En France, c’est même très clair, l’apport budgétaire net des individus nés à l’étranger est excédentaire de 1,02 % du PIB. La Banque Nationale de Belgique assure, quant à elle, que l’immigration a fait grimper de 3,5 % le PIB du plat pays.

Dans le détail, c’est la jeunesse de cette immigration qui permet d’arriver à cet équilibre. Les dépenses pour cette catégorie de la population sont ainsi plus faibles que la moyenne pour « les pensions de vieillesse et de réversion, la maladie, l’invalidité, l’éducation, la santé ». Elles sont en revanche plus importantes dans « la famille, le chômage, l’exclusion sociale et le logement ». La balance reste quoi qu’il en soit positive. Et elle pourrait même l’être encore plus si l’on améliorait nos politiques d’intégration.

3) Les immigrés volent notre travail et font baisser les salaires

Une autre idée reçue voudrait que les étrangers « volent le travail des Français ». Dans la réalité, ce phénomène n’existe pas. D’abord, parce que l’accès à l’emploi est globalement beaucoup plus complexe pour eux, tout au moins pour ceux qui ne sont pas nés dans l’Union européenne.

Il ne leur est par exemple pas permis d’exercer la plupart des métiers de la fonction publique, ce qui représente pas moins de 5 millions de postes. Pour le reste, ils doivent obtenir une autorisation de travail qui peut être refusée par la préfecture si jamais le taux de chômage est déjà trop important dans le secteur concerné. Les étrangers ne peuvent donc en vérité postuler qu’à des places où les manques de mains d’œuvre sont réels.

En 2021, les statistiques rapportent d’ailleurs 8,84 millions de ressortissants de pays hors UE étaient sur le marché du travail de l’UE, sur les 189,7 millions de personnes âgées de 20 à 64 ans, soit 4,7 % du total.

En 2022, on note que ces personnes migrantes sont largement sur-représentées dans certains secteurs professionnels délaissés par les européens tels que : l’aide de ménage avec 11,4 % de ressortissants contre 2,9 % d’européens, les services directs aux particuliers avec 7,3 % de ressortissants contre 4,1 % d’européens, les aides-soignants (5,5 % pour 3%), les métiers du bâtiment et assimilés, sauf électriciens, (6,1 % contre 3,7 %),  les manœuvres des mines, du bâtiment et des travaux publics, des industries manufacturières et des transports (6,0 % pour 2,5 %), les assistants de fabrication de l’alimentation (2,6 % contre 0,6 %), et les manœuvres de l’agriculture, de la pêche et de la sylviculture (2,4 % pour 0,7 %).

Plusieurs études affirment par ailleurs que l’arrivée d’immigrés n’a pas d’influence sur les salaires. Comme le soulignait Philippe Martinez, « ce n’est pas l’immigration qui crée du dumping social, mais l’absence de droits ».

Autrement dit, les seules rémunérations qui sont tirées vers le bas sont celles versées illégalement à des travailleurs sans-papiers. Si la situation de ces personnes était régularisée, il ne serait plus possible pour des employeurs peu scrupuleux de les payer en dessous des normes autorisées. Normes dont, au-delà des considérations économiques, tout être humain devrait pouvoir bénéficier car, assimilée à de l’esclavagisme, cette situation est intenable : sans droits, ces personnes travaillent évidemment dans l’insécurité du lendemain, sans fiches de paye, sans statut, donc sans accès à la plupart des mécanismes d’émancipations sociales comme un logement encadré, un prêt bancaire, des congés, des arrêts maladies, et tous les autres dispositifs dont on sait l’importance pour notre santé mentale et physique du quotidien. 

4) Les immigrés ne viennent que pour les allocations

Cette idée va de pair avec celle qu’il y aurait des « bons migrants » et des « mauvais migrants ». Autrement dit, d’un côté des demandeurs d’asile/réfugiés qui seraient « vraiment » dans la détresse et le désarroi, caricaturés comme de pauvres gens en haillon, et d’un autre côté des migrants économiques qui ne seraient « intéressés que par l’argent ».

Evidemment, cela ne prend pas en compte que, sans argent, la vie sur Terre peut rapidement devenir un enfer qui n’a pas besoin de guerres pour ronger les individus. Aspirer, dans ce cas, à une vie meilleure est humain, et nombre d’entre-nous se le permettent d’ailleurs au moindre inconfort sous le nom d’expatrié…  Par ailleurs, cette distinction est un bon moyen de n’aider personne, tant la figure du « bon migrant » est idéalisée et inatteignable, loin des complexités du réel qui nous composent toutes et tous, ici et ailleurs.

Malgré ces nuances, qui n’a jamais entendu ces clichés nauséabonds sur les migrants qui viendraient en France uniquement pour se la couler douce : risquant donc leurs vies et celles de leurs enfants, osant se déraciner de là où ils se sont construits en vue de terres inconnues où ils seront conspués, simplement pour toucher une « montagne d’allocations » grâce à leurs douzaine d’enfants…?

Cette croyance repose d’abord sur des préjugés concernant le taux de fécondité des étrangers. Or, il est clair à l’observation que :

 « Si la France est aux premiers rangs des taux de fécondité en Europe, cela ne vient pas tant de l’immigration que d’une fécondité élevée des natives et c’est celle-ci qu’il convient d’expliquer. Impossible de le faire sans évoquer les effets d’une politique de soutien à la famille pratiquée avec constance par la France depuis soixante-quinze ans et dans un large consensus » (« La forte fécondité de la France est-elle due aux immigrées ? », The Conversation, 2020, dossier sourcé sur la fécondité des femmes étrangères à lire en intégralité)

Il est également nécessaire de couper court à d’autres fantasmes. D’abord, il n’est pas aussi aisé qu’on aime à penser d’accéder aux prestations sociales pour un extra-européen ; et lorsque c’est le cas, elles n’ont rien de faramineux. Replaçons les chiffres à leurs échelles, loin des idées préconçues qui flattent nos biais de confirmation : l’aide aux demandeurs d’asile – quand ils sont reconnus comme tels après des mois, voire des années d’attente juridique, d’errance, et parfois de froid et de faim à la rue – ne peut s’élever qu’à 252 euros mensuels, et bien qu’elle soit due à la convention de Genève, elle n’est pourtant pas systématique.

Quant à l’accumulation supposée des aides aux familles nombreuses, c’est un préjugé qui condamne les personnes précaires à la double peine : misère et blâme. Pourtant, rappelle Sud Ouest : « La proportion des ménages sans aucune ressource est en augmentation : un ménage sur cinq accueilli par le Secours catholique en 2016 est concerné. Pour plus de la moitié, il s’agit d’étrangers sans statut légal stable, qui n’ont pas le droit de travailler, ni de bénéficier des aides sociales ». Et beaucoup sont des familles car, même si aides il y a (au pluriel), elles servent inévitablement en majeur partie à véritablement nourrir, loger et prendre soin de leurs enfants, sans jamais leur permettre de dépasser le seuil de pauvreté. 

Quant au RSA, il ne peut pas être perçu avant d’avoir passé au moins cinq ans en France avec un permis de séjour valide. Pour le minimum vieillesse, c’est dix ans. Enfin, seuls 13 % des allocataires ne sont pas français.

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En tout et pour tout, les prestations sociales accordées aux étrangers pèsent dix milliards d’euros chaque année. Pour autant, comme nous l’avons vu dans le point deux, la somme qu’ils rapportent en retour est supérieure à celle qu’ils coûtent. En effet, les étrangers paient aussi des impôts et des cotisations. Il est donc tout à fait légitime qu’ils bénéficient du système comme n’importe quel autre habitant du territoire. Notons enfin que les plus précaires d’entre eux ne sont pas plus aidés que les pauvres Français, bien au contraire.

Mais il est toujours plus facile de voir et cibler les quelques centaines d’euros d’aides du voisin que des échelles de milliards d’euros volés, cachés et virtualisés dans les paradis fiscaux : pourtant, les abus sont incomparables de gravité concernant les voleurs en col blanc et les dégâts de leurs fraudes sur nos sociétés… 

5) Avec plus d’immigrés, on est moins en sécurité

C’est sans doute l’un des préjugés qui a la peau la plus dure : la délinquance a augmenté et l’étranger serait intimement lié à celle-ci. Et cet a priori ne date pas des vagues migratoires postérieures à l’ère industrielle. On le retrouve dès le moyen âge et même l’antiquité.  Il faut dire qu’il correspond à un phénomène bien identifié : la peur de l’inconnu. Mais d’où vient ce sentiment d’insécurité grandissant qui permet d’accuser une énième fois les étrangers de tous les maux, même factices ?

De fait, cette peur infondée est souvent exploitée par la droite et l’extrême droite qui en ont fait un véritable fonds de commerce. Bien aidés par les médias qui se font très régulièrement l’écho de ces préjugés, de nombreux Français se sont laissés convaincre par cette thèse. Ainsi, un sondage indiquait en 2019 que 37 % d’entre eux voyaient l’immigration comme la première cause de l’insécurité.

Le phénomène s’est d’ailleurs intensifié avec la vague d’attentats subis par la France ces dernières années. Et ce, même si les statistiques démontrent que l’immense majorité de leurs auteurs étaient nés en France. De plus, bien que le risque zéro n’existe pas, il serait injuste de repousser l’intégralité des arrivants pour les actions d’une poignée de fanatiques.

Du côté de l’insécurité, si l’on examine les chiffres, 16 % des condamnations enregistrées dans l’hexagone en 2020 concernent des individus de nationalité étrangère. Or, il n’y a que 5,8 % d’étrangers en France. De prime abord, en comparant ces données, on peut donc être tenté d’établir une relation entre immigration et délinquance. Pour autant, il convient d’analyser les faits de plus près et de s’attarder sur plusieurs facteurs. Notons en premier lieu que 99,2 % de ces condamnations concernent des délits et 0,8 % des crimes. De plus, 55 % de ces infractions sont liées à la circulation routière ou à des vols.

Mais surtout, il existe des facteurs supplémentaires expliquant cette surreprésentation des personnes issues de l’immigration, qu’il est crucial de mieux comprendre pour mieux y répondre (si le but est vraiment de régler le problème et pas de l’alimenter…). Les chercheurs assurent ainsi que les étrangers peuvent être victimes de discrimination (inconscientes ou non) de la part des forces de l’ordre. Une étude indiquait par exemple qu’un jeune homme noir ou arabe avait 20 fois plus de chances d’être contrôlé par la police.

Si une certaine population est beaucoup plus surveillée que les autres, la probabilité qu’elle se fasse plus attraper augmente pareillement. De même que, si cette population est cataloguée comme étant délinquante, elle fera l’objet d’une prophétie auto-réalisatrice : en se sentant condamnées à ne valoir pas mieux que des délinquants, des générations entières s’y laissent couler par avance en s’interdisant d’espérer mieux ou autre chose pour elles-mêmes.

Un autre phénomène s’invite également au tribunal qui biaise notre lecture de la réalité. Des recherches suggéraient ainsi que les personnes racisées subissaient des peines plus lourdes qu’un blanc pour le même genre d’infractions. Dans ce phénomène, la précarité juridique et sociale de ces groupes joue un grand rôle. « Les immigrés (dont les étrangers) et leurs descendants sont surtout présents dans les types de délinquances qui sont typiquement celles des milieux populaires, mais qui sont également les formes de délinquance les plus visibles, les plus simples et donc les plus réprimées par la police et la justice » analyse l’institut convergence migrations.

Les conditions socio-économiques des immigrées sont d’ailleurs primordiales pour expliquer le phénomène. Cette catégorie de la population est, en effet, beaucoup plus touchée par la pauvreté. En 2010, 19 % de celle-ci vivait sous ce seuil contre 13 % en moyenne. Chez les extra-européens, le taux de chômage atteint par exemple 15 % et même 18 % pour les étrangers hors UE, soit plus du double du chiffre concernant les actifs en général (8 %).

Il est d’ailleurs plus difficile pour une personne migrante ou issue de l’immigration de trouver du travail. D’une part, parce qu’elle est en moyenne moins qualifié, mais aussi, parfois, à cause de la barrière de la langue. Enfin, si elle est d’origine africaine et/ou issue de quartiers défavorisés, elle peut clairement être victime d’une discrimination à l’embauche. Quant au lien entre délinquance et chômage, il n’est plus à démontrer.

Ajoutons pour finir, en plus de tous ces arguments, qu‘au-delà des chiffres et des statistiques – qui tendent déjà à prouver qu’un accueil réaliste et respectueux est bien plus vertueux pour la population hôte qu’un rejet massif et violent -, des questions éthiques se posent à nous : une vie humaine doit-elle forcément être rentable ? ne doit-on aider que les personnes irréprochables, et en ce sens, sur quels critères peut-on juger le parcours ou les traumatismes de quelqu’un ? sont-ils vraiment la cause de tous nos problèmes ou les responsables se cachent-ils ailleurs ? qu’est-ce que les frontières ou, encore, l’hospitalité signifient pour nous ? et qu’espérerions-nous à leur place (qui pourrait bien être la nôtre un jour) ?

– Simon Verdière


Photo de couverture @Ministerio de DefensaSuivre. El BAC « Cantabria » rescata 410 migrantes. Foto Armada/MDE/FLickr

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