Nos placards de consommateurs débordent trop souvent d’objets inutiles. Beaucoup ressentent pourtant ce besoin incontrôlable de consommer toujours plus. Kit Yarrow est psychologue de la consommation à la Golden Gate University de San Francisco et elle a fait ce constat chez ses patients. L’experte propose 12 conseils simples qui pourraient vous aider à éviter des comportements incohérents de consommation. Voici ces conseils revisités à la sauce Mr Mondialisation.
1. Triez ce que vous avez déjà.
Jenna Suhl, directrice d’une marque de luxe affirme : «Il n’est pas rare pour les gens d’acheter les mêmes choses parce qu’ils ont tellement qu’il ils ne peuvent plus savoir exactement ce qu’ils ont déjà.» Face à ce comportement, la psychologue recommande de se débarrasser de tout ce que vous n’utiliserez plus. Trier pour mieux savoir ce qu’on possède permet d’y voir clair dans ses besoins. Plus la maison est vide, mieux on différencie le nécessaire du superflu. De notre point de vue, la simplicité volontaire passe par un allègement des objets. Certaines études sur l’origine du bonheur démontrent notamment que celui-ci diminue avec l’augmentation des choix. Moins on a (sans tomber dans les extrêmes), mieux on comprend l’essentiel. Le tout étant de trouver le bon équilibre écologiquement soutenable.
2. Achetez ce que vous allez utiliser et utilisez ce que vous avez.
Ça semble basique et évident, mais il n’est pas rare d’acheter par instinct des objets aimés mais qu’on n’utilisera probablement jamais. Ça peut être la machine à café hyper-stylée ou le vêtement hors de prix. Si vous avez un doute sur l’utilité à court-terme d’une chose, passez votre chemin. De peur d’user des biens de bonne qualité, certaines personnes préfèrent leur équivalent low-cost pour les utilisations du quotidien. L’objet de qualité et durable restant « sous verre » dans une armoire. Le bilan de ce comportement est négatif car il faut remplacer plus souvent les objets de faible qualité, ce qui n’est à long terme ni bon pour le budget, ni pour l’environnement.
3. Ne pas acheter ce que vous n’utiliserez pas maintenant (sauf exceptions).
Il y a un nombre incroyable d’objets inutilisés qui traînent dans nos maisons, souvent, avec leur étiquette d’origine. Ils sont là pour une bonne raison, car nous achetons souvent en prévision d’événements qui n’arriveront sans doute jamais. Ce sont des objets qui répondent à un fantasme pas à un besoin. L’acte d’achat doit se porter sur un élément tangible, non-imaginaire. Nombre de consommateurs vont, par mégarde, se laisser séduire par des choses, certes séduisantes, mais qui n’auront aucune utilité concrète. Ces consommations inutiles, à l’échelle globale, réclament des quantités impressionnantes d’énergie et génèrent des autant de déchets.
4. Virez vos spams publicitaires !
Vous vous imaginez vivre avec quelqu’un qui vous répète constamment ce que vous devez acheter, comment vivre et avec quoi être heureux (du bonheur à -50%) ? Les marques ont ces techniques pour vous inciter, sans que vous en ayez forcément conscience, à acheter des choses dont vous n’avez pas forcément besoin. La demande est ainsi également générée par des médiums manipulatoires. Ne vous abonnez à aucun e-mail des marques. Si vous avez un besoin, vous le remplirez le moment venu naturellement.
5. Attendez au moins 20 minutes avant d’acheter.
Ne rigolez pas, attendre est efficace, car l’attente permet à la raison de reprendre l’ascendant sur l’affect. Prenez le temps d’examiner un objet, qu’il soit cher ou bon marché. Est-il vraiment utile ? Quand vais-je l’utiliser au juste ? Joue-t-il un rôle important dans ma vie ? Puis-je trouver mieux et équitable ailleurs ? Est-ce qu’il génère une pollution ? Peut-être même que ça existe en « bio » ou fait main ?! Parfois, une envie spontanée, qui manque donc de raison, peut très vite passer, donnant un lourd sentiment de regret au consommateur. Vous éviterez ainsi ce petit sentiment de culpabilité après un achat peut-être inutile.
6. Envisager d’autres moyens de posséder des choses.
Oui, posséder, ce n’est pas juste avoir plein d’objets. Les globetrotteurs en savent quelque-chose. Se détacher du matériel permet de voir les choses différemment. On s’axe davantage sur le partage, sur le créatif, sur l’échange de savoirs et d’expériences. Aujourd’hui, les initiatives de partages d’objets entre voisins sont un véritable succès ! ce n’est pas sans raison. Moins de biens = Plus de liens ! Le premier bonheur, c’est d’être.
7. Ne vous laissez pas tenter par tout ce qui est gratuit.
Rien n’est gratuit dans le commerce classique. Si on vous offre une chose, vous la payerez d’une autre manière. Les bons de réduction, ce troisième paquet de pâte offert, cette coupe de champagne offerte à l’entrée du magasin. Prudence. Ces choses sont faites pour activer un sentiment de culpabilité et vous inciter à acheter. Statistiquement, le consommateur est beaucoup plus enclin à consommer après avoir reçu une chose gratuite, comme un juste retour des choses. Parfois, il s’agit d’un véritable piège. Ainsi, on observe certaines personnes dépenser beaucoup d’argent pour obtenir quelque-chose de gratuit.
8. Évitez les cartes de crédit.
En dehors du risque d’endettement, véritable fléau chez les familles économiquement fragiles, la carte met une distance entre l’argent et l’acte d’achat. Il est ainsi plus facile de dépenser une grosse somme avec une carte, plutôt qu’en cash. Évitez aussi de stocker vos numéros de carte sur vos sites d’achat en ligne. Sur base du même principe, il est plus « facile » de céder à un clic de souris que de refaire toute la longue procédure de paiement. Au final, le bilan reste le même : c’est votre force de volonté qui prime.
9. Connaître les véritables raisons pour lesquelles vous faites des emplettes.
Le shopping n’est pas un hobby. La recherche a démontré que nous sommes capables de penser que nous avons faim quand nous avons soif en réalité. Notre cerveau nous ment à longueur de temps. Les gens achètent souvent des choses quand ils ont, en réalité, envie simplement de contact humain, le soulagement de l’ennui, la chance de se sentir compétent dans une tâche, de « soigner » un sentiment de frustration, etc… L’acte d’achat va se substituer à un manque qui pourrait être comblé autrement. Comprendre ce manque, c’est mieux orienter son choix.
10. Soyez prêt à partir les mains vides.
Il n’y a aucun problème à quitter un magasin les mains vides. Certaines personnes vont pourtant se sentir perdues ou coupables de ne rien acheter. Il n’est pas rare pour les gens d’acheter quelque chose qu’ils n’ont pas vraiment besoin, simplement pour ne pas repartir les mains vides et ressentir une forme de contrôle sur les choses. Rentrer les mains vides à la maison, c’est accepter l’idée qu’une balade est riche en dehors de l’achat d’objets matériels. Même dans un centre commercial, il est possible de passer un bon moment sans acheter grâce aux rapports sociaux.
11. Ne soyez pas dévoreur de soldes.
On a souvent le sentiment de faire de bonnes affaires durant les soldes. Pourtant, on observe aussi que durant ces soldes, le sentiment de faire « une bonne affaire » nous pousse à consommer plus que de raison. Notre cerveau nous ment encore et nous donne l’impression qu’un « prix » va être gagné, qu’il s’agit d’un concours où on en sortirait gagnant. L’objet devient convoité du fait de son prix prétendument intéressant. Selon la psychologue, les dévoreurs de soldes dépensent en moyenne plus que les autres. Bien sûr, on peut profiter de soldes, mais tout en gardant la tête froide sur l’ensemble des points précédents et se donner un objectif clair et précis.
12. Pratiquez la gratitude !
C’est probablement le point le plus important, mais le moins rationnel. Soyez heureux de ce que vous avez déjà. Vous vivez probablement dans un pays riche. Soyez heureux de la vie et votre envie d’achat (en dehors des nécessités) s’estompera graduellement. Moins consommer offre certainement un deuxième niveau de gratitude quand on comprend à quel point il est important pour l’environnement de refréner nos achats à tous. Vous serez alors en phase avec vos valeurs, vous aurez ce sentiment d’abondance émotionnelle et vous pourrez faire face à ceux qui vous questionneront sur votre différence. En plus, moins consommer vous permet d’épargner pour vous donner l’accès à la qualité ultérieurement ou à des expériences de vie fortes.
Bonus. Préférez le local et le fait main
Au regard de la crise écologique, il ne fait plus aucun doute que les grandes chaines industrielles de la consommation jouent un rôle central dans la dégradation de notre environnement. Pourquoi encourager cette destruction en réalisant nos achats dans ses filières ? Grâce à internet, il est désormais possible de trouver des alternatives locales (et parfois biologiques) dans de très nombreux domaines. Une manière de refaire vivre l’économie locale et les petites entreprises à taille humaine, les artisans, les coopératives, voire les petits auto-entrepreneurs.
Source : psychologytoday.com