Les chasseurs de Larmes de Sirènes “ratissent les plages pour sauver notre écosystème” nous explique Myriam Roelli chez En vert et contre tout. Bien loin de l’image d’un compte de fée, ce nom désigne les quelques personnes qui partent en lutte contre l’éternel ennemi de nos océans, dans sa forme industrielle la plus pure : le plastique.


Des “Larmes de sirène” ?

S’il est certain que la situation donnerait envie de pleurer à un certain personnage de Disney, les “Larmes de sirène” n’ont absolument rien d’extraordinaire, si ce n’est leur grande capacité de destruction de nos écosystèmes marins. Les larmes de sirènes ? Des petites billes de plastique, le plus souvent de la taille d’une lentille. Une « matière première » issue du pétrole et servant dans la plupart des industries de la transformation.

D’aspect extérieur tout à fait inoffensif, ces billes ont pour principale fonction celle d’être fondues puis transformées en objets de tous les jours : sac plastique, jouets pour enfants, meubles de jardin, bouteilles de shampoing… Elles sont les éléments de base de la société fossile et du mode de vie qui en déroule. Principalement transportées par cargos, plusieurs milliards d’entre elles traversent les océans tous les jours pour approvisionner les usines de parts et d’autres de notre planète. Par la force des choses, ces transports connaissent des déversements “accidentels”, des négligences… et c’est à partir de là que leur nom de “Larme” prend tout son sens.

Billes de plastique / Source : Common Public Domain

Une catastrophe écologique invisible

Dans tous les océans et sur les plages, on trouve aujourd’hui ces billes de plastique en quantité phénoménale. Naufrages, industriels peu scrupuleux, rejets sauvages, négligence, on ne compte plus les facteurs à l’origine de ce déferlement de perles dans les cours d’eau et océans du monde.

Ainsi, sans jamais vraiment pouvoir déterminer leur provenance exacte, on retrouve des quantité importantes de billes de plastique dans la nature. La densité moyenne du nombre de Larmes de Sirènes dans notre environnement est estimée à 300 000 unités/km2 à la surface des océans et 100 000 u/km2 au fond de l’eau. Du fait de leur aspect, nombre d’entre elles sont ingérées par les animaux marins ou picorées par les oiseaux marins.

À cause de leur tendance à attirer et concentrer les hydrocarbures et les PCB comme des éponges, elles contaminent toute la chaîne alimentaire (humains inclus). Pour celles qui ne sont pas ingurgitées, l’érosion se charge de répandre les substances toxiques qu’elles contiennent à des échelles très petites. Ces déchets issus d’un mode de production délirant rejoignent parfois les autres formes de plastiques et se concentre dans les gyres océaniques. De quoi effectivement faire pleurer les sirènes.

Crédit image : Laurent COLASSE

Les chasseurs de larmes de sirène

C’est ici qu’interviennent les « Nurdle Hunters » ou chasseurs de larmes de sirène. Suite à l’apparition inexpliquée de plusieurs millions de larmes de sirènes à Shelly Beach à Warrnambool, en Australie, Colleen Hughson a créé le groupe « Good Will Nurdle Hunting », qui rassemble de nombreux bénévoles qui partent régulièrement à la chasse aux billes de plastique sur les plages.

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En Écosse aussi, on essaie de faire sa part. Les « Nurdle Warriors » de FIDRA ont lancé l’opération « The Great Nurdle Hunt » dont le but est d’encourager le ramassage des larmes de sirène aux quatre coins du monde, mais surtout de pousser les entreprises écossaises qui les utilisent à mettre fin aux pratiques qui contribuent à la pollution des eaux. Pour cause, nettoyer continuellement les plages s’apparenterait au Mythe de Sisyphe si en amont les industriels préservent les mêmes pratiques.

Encore une raison (de plus) d’éliminer un maximum le plastique de nos quotidiens. D’ailleurs, un premier rayon de grande surface Zéro Plastique est né à Amsterdam et les magasins zéro déchet ont la cote. D’autres initiatives sont également à prendre en compte un peu partout aux coins du monde, mais il ne faudrait pas ménager nos efforts pour lutter contre la pollution extrême de nos océans, surtout face à l’inaction criante des multinationales et entreprises concernées. Car, selon leur prisme, pourquoi arrêter si les consommateurs et les États ferment les yeux ?

Moro


Sources : En Vert et Contre Tout / Nurddle Free Oceans / Mr Mondialisation

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