Lorsqu’un séisme entraine un tsunami et une catastrophe nucléaire il y a quatre ans, Fukushima se voit rapidement déserté par ses habitants qui fuient les risques liés à la radioactivité. Pris de court, la plupart laisseront dans leur fuite tout ce qu’ils possédaient alors… y compris leurs animaux domestiques et d’élevage.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais c’était sans compter sur celui que l’on surnomme désormais « le dernier homme de Fukushima », Naoto Matsumura de son nom. Cet agriculteur courageux n’a jamais obéi aux directives des autorités qui imposaient de quitter la zone d’exclusion. Il est resté vivre, seul, dans son petit village de Tomioka, proche de Fukushima. Pas tout à fait seul…
Si l’homme a décidé de rester en zone dangereuse, ce n’est pas tant par obstination insensée ou pour s’accrocher désespérément à ce qu’il possède, mais surtout pour s’occuper des animaux abandonnés sans soins dans un environnement irradié. Chaque jour, l’homme répète les mêmes actions inlassablement : il nourrit chiens, chats, cochons, autruches et même les abeilles. Il va même jusqu’à entretenir les tombes d’un cimetière local.
Si son histoire atypique fut déjà médiatisée par le passé, l’homme fait désormais l’objet d’un livre écrit par le photo-reporter Antonio Pagnotta et publié aux éditions Don Quichotte. « Le dernier homme de Fukushima » est le récit de cet homme simple qui n’a plus rien à perdre, animé par une philosophie antispéciste qui lui fait considérer les espèces comme ayant également des droits sacrés.
À Antonio Pagnotta, il confiera : « toutes les choses, tous les êtres sont égaux parce que la nature contient une dimension sacrée qui mérite notre déférence et respect. Nous devrions tous posséder l’intuition, et comprendre que nous sommes une humble partie de ce délicat tissu de relations que l’on appelle la vie, et au grand jamais, son exploiteur, ni son destructeur. »
Des propos emprunts de sagesse et d’empathie pour l’homme qui se rend volontiers dans certaines conférences afin de mettre en garde contre les dangers du nucléaire. C’est devenu son cheval de bataille, sa marotte ; avertir en témoignant de son expérience qui pourrait, selon lui, être celle de n’importe quel homme vivant dans un pays nucléarisé. « Je suis prêt à aller dans le monde entier pour m’exprimer et témoigner. Pour vous aussi, ça peut venir demain, il faut dire non au nucléaire. Il faut combattre » assène-t-il inlassablement.
Une belle leçon d’humanité et de sagesse dispensée par « le dernier homme de Fukushima » qui prouve bien humblement que la volonté tenace d’un seul homme peut faire toute la différence. Un joli pied de nez au fatalisme donnant du sens au proverbe : tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.
Sources : Mediapart / Boredpanda / Socurious / Wamiz / Photographies : ledernierhommedefukushima.com & Jeremie Souteyrat.