L214 vient de révéler une nouvelle enquête montrant des mises à mort de jeunes cerfs (daguets) dans un élevage situé dans la commune de Courbeveille, en Mayenne (Pays de la Loire). Animaux saignés encore conscients, irrespect des règles sanitaires : L214 porte plainte pour mauvais traitements, et demande l’arrêt immédiat de l’activité d’abattage de cet élevage. Attention, images pouvant heurter la sensibilité. 

Alors que Noël se profile déjà, L214 rappelle la dure réalité subie par certaines espèces en coulisses des festivités. Voici leur enquête. (Attention, certaines images sont difficiles).  

Sur ces images, des cerfs sont encore conscients après l’étourdissement : ils se contorsionnent à la sortie du piège, et réagissent au coup de couteau alors qu’ils sont ligotés et maintenus par deux personnes. Ils sont tués au-dessus d’un bidon en plastique qui se remplit de sang au fur et à mesure des abattages. Certains égorgements sont réalisés en plusieurs passages de couteau.

« installations en bois, équipements précaires, atmosphère poussiéreuse, désinfection inexistante »

Les animaux sont mis à mort dans une « salle d’abattage » archaïque, dans l’irrespect le plus total des règles sanitaires : installations en bois, équipements précaires, atmosphère poussiéreuse, désinfection inexistante. Pour atteindre le front de l’animal avec le pistolet à tige perforante (méthode d’étourdissement), l’éleveur monte sur une chaise en plastique.

@L214

La viande de ces cerfs est vendue aux consommateurs dans des boucheries, principalement à l’occasion des repas de fêtes de fin d’année, sous forme de viande fraîche, pâté ou rillettes.

L214 porte plainte et demande la fermeture de la salle d’abattage

L214 a déposé plainte ce mercredi 13 décembre auprès de la procureure du tribunal judiciaire de Laval pour mauvais traitements commis par un professionnel.

Au vu de la souffrance de ces cerfs, du non-respect des règles de protection animale lors de l’abattage, des installations particulièrement précaires, L214 demande la fermeture immédiate de cette salle d’abattage, notamment via une pétition adressée à la préfète de Mayenne. 

Sébastien Arsac, porte-parole de L214 : « Face à cette nouvelle enquête, comment se justifieront les services vétérinaires qui une fois de plus laissent faire des pratiques intolérables ?

@L214

Il n’y a aucune excuse recevable quand on voit ce que subissent ces jeunes cerfs… Les conditions d’abattage des cervidés sont rarement montrées, c’est la première fois que l’association a l’occasion de les documenter. Ces pratiques d’un autre âge doivent définitivement cesser. »

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Près de la moitié des Français ne mangent jamais de viande de gibier

En France, la consommation de viande de gibier (venaison) est d’environ 300 à 350 g par an et par habitant. Près de la moitié des Français n’en mangent jamais. Une centaine d’élevages de cerfs sont répartis en France et produisent environ 60 tonnes de viande par an.

Ferme des cerfs-Courbeville-Daguets. Cornes sciées @L214

La viande provient majoritairement de daguets (jeunes cerfs) âgés de 16 à 18 mois, tandis que l’espérance de vie d’un cerf se situe normalement entre 12 et 18 ans. [ndlr : mieux connaître les cerfs pour mieux entendre leur souffrance via Pas si bêtes : le cerf élaphe, sur France Culture]. 

Dernière actualité en date : la préfecture ne recule devant aucune contradiction pour attaquer L214

Dans son communiqué du jeudi 14 décembre en réponse à la communication de L214, la préfecture de Mayenne avoue que les abattoirs ne sont pas adaptés aux cervidés : « La réglementation prévoit en effet une procédure spécifique afin qu’ils [les cerfs] puissent être mis à mort sur leur lieu d’élevage. Cette pratique légale et encadrée évite d’exposer les animaux à différents facteurs de stress comme la séparation du troupeau, le transport, la rencontre avec des personnes et des animaux inconnus ainsi que les bruits et les odeurs inhabituels. »

Ces facteurs de stress étant valables pour toutes les espèces, L214 partage le constat de la préfecture : les abattoirs ne sont pas faits pour les animaux. Cependant, la préfecture est en pleine contradiction puisqu’il existe en France 40 abattoirs agréés par le ministère de l’Agriculture pour l’abattage des cerfs, où les animaux ont donc bien été séparés de leur troupeau, transportés, et ont été confrontés à la rencontre avec des personnes et des animaux inconnus ainsi qu’à des bruits et des odeurs inhabituels.

Pour Sébastien Arsac, porte-parole de l’association : « Cette communication de la préfecture est cocasse. Elle reconnaît que les abattoirs ne sont pas des lieux adaptés à l’abattage des cerfs, alors même que la majorité d’entre eux sont tués en abattoir !

De plus, la préfecture approuve l’abattage à la ferme avec des installations précaires et vétustes, des étourdissements imprécis réalisés depuis une chaise de jardin, sans immobilisation suffisante des cerfs, où la saignée est réalisée sans contrôler l’inconscience des animaux. Sur nos images, on constate de nombreuses reprises de conscience des cerfs au moment de la saignée et aucun étourdissement d’urgence n’est réalisé.

Dans cette salle d’abattage, les animaux sont ligotés par les pattes arrière, leurs pattes avant sont maintenues de force par une personne pendant qu’une autre égorge l’animal tout en bloquant également la tête des animaux par les oreilles et les moignons des cornes, parfois en plusieurs passages de couteau.

La préfecture se moque de nous quand elle affirme que tout est conforme dans cette salle d’abattage, il est indéniable que ces conditions d’abattage sont une catastrophe ! Cette réaction de la préfecture est irresponsable ! »

En avril 2023, cette salle d’abattage a fait l’objet d’une visite des services vétérinaires d’État sans qu’aucun procès-verbal ne soit établi alors que le non-respect des règles sanitaires et de protection des animaux est évident. C’est pourquoi L214 entame un recours contre l’État pour carences de ses services vétérinaires. Par ailleurs, l’association conteste toute intrusion dans les locaux de cette exploitation.

Pour rappel : L’État condamné 4 fois en 2023 pour dysfonctionnements des services vétérinaires

En 2023, la justice a condamné l’État à 4 reprises pour carence fautive en raison des dysfonctionnements des services vétérinaires de l’État dans leur activité de surveillance et de contrôle de 4 abattoirs.

Les tribunaux administratifs de Montpellier pour l’abattoir de Rodez (ovins), de Rennes pour l’abattoir de Briec (coches) et de l’abattoir du Faouët (dindes) ainsi que le tribunal de Pau pour l’abattoir de Mauléon-Licharre (agneaux) ont ainsi tous donné raison à L214.
Le tribunal de Rennes reconnaît même une « obligation de résultat » incombant à l’État afin de « remédier aux non-conformités et d’empêcher leur renouvellement ou répétition. »

– L214

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