En matière de gaspillage alimentaire, les Pays-Bas font partie des moins bons élèves de l’Union européenne. Sur le terrain, les nombreuses initiatives citoyennes développent des alternatives concrètes tout en espérant une réaction de la part des politiques. Désormais, associations et porteurs de projet veulent parler d’une seule voix.
Au palmarès des pays les moins bien organisés pour lutter contre le gaspillage alimentaire, les Pays-Bas sont tout en haut du podium. Avec 541 kg* gaspillés par habitant (chiffre 2010), le pays se trouve loin devant la Belgique (345 kg par habitant) et Chypre (327 par habitant). Les chiffres ne sont pas flatteurs !
Gaspillage alimentaire : bilan carbone désastreux
D’autant que la réduction des denrées alimentaires qui terminent dans nos poubelles est un impératif si l’on veut poursuivre l’objectif qui est celui de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Selon une étude publiée par la FAO en 2013, les pollutions liées à la production d’aliments qui ne sont pas mangés sont chiffrées à 3,3 milliards de tonnes d’équivalent CO2 par an dans le monde. À l’échelle européenne, la quantité de CO2 générée par la production et l’élimination des déchets alimentaires a été estimée à 170 millions de tonnes.
Ces premiers éléments sont d’autant plus préoccupants qu’au niveau mondial la faim progresse à nouveau. Selon les chiffres rendus publics cette semaine par l’ONU, 1 personne sur 9 dans le monde, soit 821 millions de personnes, souffrent de la faim (contre 815 millions selon le rapport 2017). Depuis deux ans, alors que la lutte contre la faim dans le monde progressait une décennie les statistiques sont alarmantes.
À Amsterdam, les associations veulent parler d’une seule voix
Face à une problématique bien réelle, Amsterdam a vu se développer des initiatives variées. Parmi elles on trouve notamment kaskantine, un réseau de cafés et de restaurants qui militent pour une plus grande autonomie alimentaire et dont l’une des particularités est de réinvestir des espaces libres de la ville. De manière plus classique, Taste Before You Waste intervient auprès des particuliers afin de les sensibiliser. Comme ailleurs, divers collectifs s’organisent également pour récupérer les invendus alimentaires auprès des commerçants et des grandes surfaces.
Ces nombreuses initiatives restent éparses et décentralisées. Désormais, c’est au sein du collectif « Food Circle » que l’ensemble de ces initiatives, qui portent des projets variés et ne s’adressent pas toujours au même public, souhaitent mettre leurs forces en commun. « Nous voulons concentrer nos efforts pour rassembler les forces existantes en créant un réseau entre les organisations de déchets alimentaires » explique Max Bouillon, un Français engagé dans le jeune mouvement.
L’objectif ? Se rassembler autour d’un projet commun pour mieux faire entendre leurs voix grâce au nombre. Leur première initiative consiste à demander plus de moyens aux pouvoirs publics pour transformer et stocker les aliments. Dans le même temps, les porteurs de projet réclament la mise en place d’un programme cohérent pour lutter contre le gaspillage alimentaire à l’échelle de la ville notamment au niveau de l’Hôtellerie, de la Restauration et des Cafés. Leurs demandes seront adressées ce 16 septembre aux pouvoirs publics de la ville à travers une pétition. Seront-elles entendues ?
*Ce chiffre ne doit pas tromper, il ne s’agit pas de la quantité d’aliments qui terminent dans les poubelles des particuliers, mais d’une moyenne calculée à partir de l’ensemble des denrées gaspillées depuis la production à la consommation, structures privées et publiques confondues. Étant donné que chaque pays n’a pas le même nombre d’habitants (et donc que les quantités gaspillées globales peuvent varier de manière importante), cette statistique permet de faire une comparaison entre les États.
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