S’inspirant des librairies partagées, l’américaine Jessica Maclard a voulu mettre en place un garde-manger 100% gratuit. The Little Street Pantry, immédiatement approprié par les habitants, doit permettre de partager de la nourriture entre voisins, en particulier avec ceux qui sont dans le besoin.
Depuis quelques années, fleurissent des « cabines à lire », des micro-bibliothèques souvent installées dans d’anciennes cabines téléphoniques reconverties. Aux États-Unis, elles sont connues sous le nom de Little Free Libraries (petites librairies grauites). Chacun peut y apporter des livres et en prendre d’autres en échange. Leur nombre est estimé à 25.000 dans 70 pays différents. Le mouvement a connu autant de succès en raison de son efficacité : il crée un lieu d’échange local qui bénéficie à tous, autant matériellement que socialement.
Une Américaine a voulu pousser le principe un peu plus loin en proposant de mettre à disposition des plus démunis une armoire de première nécessité dans laquelle ils peuvent se servir sans aucune contrainte. C’est après avoir constaté le développement spectaculaire des librairies partagées qu’elle a eu l’idée d’étendre le concept à d’autres biens. Son projet original revisite un concept familier pour développer l’engagement local contre l’insécurité alimentaire. The Little Street Pantry a beau être petit, il pourrait faire une grande différence pour ceux qui en ont besoin.
Images à la discrétion de Little Street Pantry / Facebook
Partager avec ses voisins
Jessica Maclard a installé la première armoire à côté d’une église luthérienne à Fayetteville, en Arkansas. Les habitants sont invités à y déposer des produits de première nécessité comme des denrées alimentaires, des produits hygiéniques ou encore du matériel pour l’école. Dès ses débuts, The Little Street Pantry a convaincu voisins et internautes : l’armoire est régulièrement approvisionnée et le projet a obtenu plus de 10000 like sur facebook en l’espace de quelques semaines.
Ces débuts couronnés de succès ont encouragé Jessica Maclard à élargir encore le mouvement. Sur un site internet, elle explique la démarche et invite d’autres à l’imiter. Et pourquoi pas vous ? Le mouvement s’inspire d’une citation de Howard Zinn, un politologue et philosophe américain engagé dans le mouvement pacifiste ainsi que dans la lutte pour la reconnaissance des droits civiques : « Les petits gestes, répétés par des millions de personnes, peuvent changer le monde. » Si vous habitez dans un quartier plutôt aisé, l’armoire peut être l’occasion de partager des denrées proches de la date de péremption que vous n’aurez pas l’occasion de consommer vous-même. D’ailleurs, l’idée à d’ores et déjà inspiré d’autres projets similaires dans le sud de Fayetteville ainsi qu’à Ardmore, en Oklahoma.
Image à la discrétion de Little Street Pantry / Facebook
Une méthode solidaire pour construire le voisinage
À la différence d’autres projets, l’idée d’échange et de partage sans contreparties est ici centrale. En effet, s’il existe aux États-Unis bon nombre de Food Pantries (garde-manger) similaires à des banques alimentaires, l’initiative de Jessica fait appel à des « utilisateurs » mais non à des « clients ». Et ça fait toute la différence. Par ailleurs, il fonctionne par l’intermédiaire du voisinage, sur base de la bonne volonté, indépendamment de tout engagement direct dans une association.
Se démarquant ainsi par sa dimension sociale, l’armoire offre un moyen simple aux citoyens de s’engager pour la communauté locale. « À mon sens », explique Jessica Maclard au magazine Resilience, « ce type de structure crée de nouvelles relations de voisinage et traite en même temps certains problèmes sociaux ». Elle ajoute : « Ce qui est déterminant dans le projet, c’est la volonté des habitants de participer au sein de quelque chose de concret et de faisable ».
Les armoires communautaires traverseront-elles bientôt l’Atlantique ? Ceci dépendra peut-être de vous !
Sources : boredpanda.com / littlefreepantry.fr / resilience.org / shareable.net