Le 20 mars dernier, nous étions aux Vans, en Ardèche, participant à un évènement qui a réuni plus d’un millier de personnes avec la venue du chanteur HK. Ce rassemblement festif et revendicatif en plein air, comme bien d’autres, a rapidement été fustigé par la sphère politico-médiatique. Les interdictions de manifester se sont rapidement multipliées sur le territoire français, le tout accompagné d’une répression sans nom. Alors que des journalistes, magistrats, célébrités et personnalités politiques participaient en toute impunité à des dîners clandestins, les évènements en plein air ont suscité des vagues de commentaires indignés dans les médias. En outre, d’après les données actuelles, rien ne porte à croire qu’un seul de ces évènements en extérieur ait entraîné une vague de contaminations : les observations montrent que le risque dans ce genre de situations en plein air est quasi-nul. Pourquoi ce déchaînement médiatique, cette désinformation et ces sanctions démesurées ? L’art, la culture et le lien social seraient-ils devenus de nouveaux berceaux de la répression ?

Édito – Mettons les choses à plat. L’être humain est avant tout un être social. De nombreuses études en témoignent, les relations interpersonnelles sont un pilier incontestable de notre santé, à la fois sur le plan psychologique et physique[1],[2]. Elles sont aussi importantes, si ce n’est plus, que le régime alimentaire, l’activité physique etc. Des liens fructueux avec autrui sont même un réel facteur d’amélioration de notre état de santé global[3]. Selon une théorie sur l’origine du langage, celle de Robin Dunbar (anthropologue et biologiste britannique, également professeur de psychologie évolutionniste), l’évolution si particulière du langage chez les humains serait due à notre besoin fondamental de lien social avec nos congénères.

Sacrifier la santé… au nom de la santé

L’isolement est contre nature pour l’être humain, c’est le moins qu’on puisse dire. En effet, la solitude est liée à une incidence accrue des morbidités psychologiques, cognitives et physiques et plus globalement, à une diminution du bien-être et de la qualité de vie[4]. Les enfants et les adolescents sont ceux qui en souffrent le plus[5] : nous voilà à sacrifier une jeunesse par des décisions arbitraires, non-fondées sur une réalité scientifique. Soyons clairs, la technologie ne pourra jamais remplacer durablement le véritable contact humain, sans oublier que le mésusage des réseaux sociaux a des répercussions néfastes non négligeables sur notre santé mentale[6].

D’autre part, l’Art et la Culture font partie intégrante de nos sociétés dites civilisées, c’en sont même des ciments depuis la nuit des temps. Comment a-t-on pu accepter si facilement qu’on les qualifie de « non-essentiels » du jour au lendemain sans voir émerger une vague d’indignation ?

Il n’est pas question ici de nier la gravité de l’épidémie de Covid-19 qui reste un fléau pour nos aînés et pour l’hôpital public (déjà à l’agonie depuis de nombreuses années en raison notamment de suppressions de lits qui se poursuivent malgré la pandémie[7],[8]). Cependant, on sait aujourd’hui que le risque de contamination en extérieur est quasi-nul : la concentration de molécules de SARS-CoV-2 diminue de manière spectaculaire à l’air libre[9],[10],[11]. Le risque est d’autant plus réduit dans un environnement ensoleillé[12]. L’essentiel des contaminations se fait donc en intérieur, là où les masses d’air et les gouttelettes sont concentrées.

De fait, pas un seul des rassemblements en plein air, même lorsque ceux-ci réunissaient plusieurs milliers de personnes et même lorsque celles-ci ne respectaient pas les gestes barrières, n’a engendré de nouveau cluster selon les donnés actuelles. Aucun lien n’a été établi entre ces évènements et une éventuelle hausse des contaminations, pas même dans le cas de la fameuse rave party en Bretagne (qui a fait risquer 10 ans de prison à l’organisateur), ni dans celui du carnaval non-autorisé à Marseille qui a réuni près de 7 000 personnes, sans masque pour la plupart.

Pourtant, à chaque fois, ces évènements ont suscité maintes indignations de la part de la sphère politico-médiatique (dont plusieurs acteurs sont impliqués dans des des affaires de dîners clandestins dans des espaces clos qui eux, favorisent clairement les contaminations). Une partie de la population a suivi ce faux mouvement d’indignation médiatiquement construit face à des rassemblements en extérieur que l’on sait inoffensifs. Polémiques de court-terme qui disparaissent aussi vite qu’elles émergent. Les conséquences sanitaires étant inexistantes, ceux qui en parlent reviennent rarement faire un point sur la question.

Deux poids, deux mesures https://www.facebook.com/LesRepliquesOfficiel/posts/4728974537129571

À ceux qui dansent, l’étiquette de l’inconscience

On nous laisse nous entasser dans les transports en commun, les entreprises et les supermarchés sans l’ombre d’un questionnement public. En parallèle, l’interdiction de partager un moment de joie à l’air libre s’est peu à peu démocratisée. Des interdictions de manifester à la pelle, de nombreux festivals annulés, sans même parler des arrêtés préfectoraux bannissant la musique amplifiée et la consommation d’alcool sur l’espace public. Interdictions conduisant notamment à une pluie d’amendes envers les classes populaires.

Dans le monde, la France est un exemple particulièrement autoritaire de la gestion du Covid-19. D’autres pays ont agi différemment, sans pour autant finir débordés par l’épidémie. Ainsi, l’Hexagone se retrouve parmi les pays ayant eu la pire gestion de la crise. D’autres États n’ont ni causé de fermetures arbitraires, ni imposé de restrictions de circulation à la population dans les espaces publics. Au Japon par exemple, en dépit d’un gouvernement très à droite, les lieux publics n’ont jamais été fermés, la population n’est pas confinée et les libertés ont été préservées. Pas de coercition ni de sanction, tout reposant sur des recommandations sanitaires aux acteurs de la société. En France, après un an de mesures arbitraires, nous en sommes pratiquement toujours au même point avec une moyenne de 20.000 nouveaux cas déclarés par jour, soit autant qu’en octobre 2020. Les baisses successives de contaminations suivies d’une nouvelle vague semblent suivre une courbe naturelle également observée dans les autres pays.

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Selon le dernier rapport de l’ONG Amnesty International, les mesures sanitaires mises en place par le gouvernement français dans le cadre de la pandémie « ont soulevé un certain nombre de préoccupations en matière de droits humains, notamment en ce qui concerne l’usage excessif de la force par la police, le droit à la liberté de réunion pacifique »[13],[14]. Un comble pour le pays des droits de l’Homme !

Certes, prudence reste de mise face à un virus « mutant » imprévisible. Celui-ci doit-il pour autant devenir l’élément central de nos vies au point de négliger tous les autres aspects de l’existence, jusqu’à notre santé mentale et notre Culture ? (À ce sujet, nous vous invitons à relire notre article « Covid-19 : d’un simple virus à l’aliénation collective »). Doit-on automatiquement être taxé d’irresponsable tueur de personnes âgés dès lors que l’on s’exprime contre la pensée médiatique majoritaire du moment ? Doit-on être mis au ban de la société dès lors que l’on pense qu’une autre voie est possible que celle de la terreur, des restrictions arbitraires et de la répression ?

Aux Vans : des bonheurs interdits

Suite au rassemblement festif et revendicatif qui a eu lieu le 20 mars aux Vans, en Ardèche (et dont les organisateurs ont été convoqués à la gendarmerie dans le cadre d’une enquête sur une éventuelle « mise en danger d’autrui »), il fut constaté une quantité colossale de désinformation dans des médias mainstream pourtant absents de l’évènement en question. Cette désinformation a suscité d’autant plus d’indignation artificielle venant d’une partie de la population : « Bande d’irresponsables », « Assassins ! », « À cause de vous on va être reconfinés » … Des phrases culpabilisantes qui semblent s’être rapidement inscrites dans nos mœurs et qui s’abattent impitoyablement sur les malheureux qui daignent partager un moment de bonheur en plein air. Si seulement les véritables destructeurs de notre santé et de la planète devaient faire face à la même indignation…

https://www.facebook.com/hksaltimbanks/posts/10158519542139398

Sans surprise, l’évènement tant décrié n’a pas engendré de contaminations remarquables à notre connaissance. Les ARS traquant systématiquement les nouveaux cas, si contamination il y avait eu lors du rassemblement, les médias se seraient empressés d’en faire les gros titres.

Pour éclaircir la situation et répondre à la désinformation véhiculée par certains médias officiels, nous avons discuté avec Camille, active au sein des « Gens d’Arts Mobiles » qui a participé à l’organisation de nombreuses actions aux Vans :

Mr Mondialisation : Peux-tu nous parler un peu des Gens d’Arts Mobiles ?

Camille : Au départ, c’est un jeu de mots de fin de soirée… et même de fin de cercle, puisque depuis début 2020, avant le premier confinement, nous avions pris l’habitude de nous voir sous forme de cercle de paroles, de discussions ouvertes sur le thème de la libre expression, de la criée publique, de l’écriture, de la censure, et finalement d’un peu toutes les préoccupations, envies, rêves, peurs, sentiments des gens présents… « Les Gens d’Arts Mobiles » sont aussi liés à notre découverte de l’Armée des Clowns Rebelle, Insurgée et Clandestine lancée depuis 2003 en Angleterre, constituant une réponse humoristique aux militaires dans les rues. De la même manière, Les Gens d’Arts Mobiles deviennent peu à peu une autre forme de présence dans les rues, malgré celle des gendarmes mobiles… Les armées, les polices, les gendarmes mobiles et les CRS sont le bras armé d’un monde basé sur la peur de l’autre, de l’étranger, sur la rivalité, la concurrence, la guerre des riches contre les pauvres. Toujours sous forme de blague (très sérieuse parfois), les Gens d’Arts Mobiles, comme la Clown Army, se présentent comme les « Gendarmes du Futur » ou « venus d’une autre planète » pour essayer d’aider l’humanité… et pour recruter les gendarmes actuels, au service non pas du pognon, mais des gens, non pas de Macron et son monde, mais au service de la Vie, de l’entraide, de l’amour, du partage, de la solidarité. L’ordre par la force ou force de l’ordre, ou bien l’ordre par la fArce, les fArces de l’ordre… Dissuasion, intimidation, violence, menaces, armes, mutilations face à l’invitation, la créativité, les arts mobiles, deux mondes face à face… ou plutôt côte à côte…

Aux Vans, le 20 mars 2020
Photo : J.M.

Mr Mondialisation : Quel genre d’évènements organisez-vous aux Vans ?

Camille : Le déclic est venu en réaction à l’annonce du second confinement le jeudi 29 octobre. Le samedi 31 octobre fut le premier d’une longue liste : un simple texto qui tourne, et quelques centaines de personnes réunies après le marché pour dire NON, que c’est trop, que ça va trop loin… de la musique, quelques joueurs et joueuses de Batukada, des prises de paroles et quelques heures qui font un tel bien que c’est le début de ce « à samedi prochain» qui dure depuis… Un évènement important de cette première journée fut l’arrivée d’on ne sait où d’une guillotine en bois de 4m de haut, très réaliste, sans lame bien sûr… avec écrit dessus « Liberté » ! Un acte fort, puissant, qui parle à beaucoup de monde. Même si personne ne souhaite réellement couper véritablement la tête du monarque, le symbole est là… et du haut de ses 4m nous pose la question : « doit on couper la tête d’un roi ou plutôt d’un système »? C’est ma lecture personnelle en tout cas.

Dès ce premier samedi 31 octobre, la pluie d’amendes et d’intimidations a commencé : au moment où il ne restait plus que quelques personnes sur la place, 6 voitures de gendarmerie, encerclement, certains arrivent à partir en courant, plusieurs se sont fait verbaliser. Beaucoup de contrôles ont également eu lieu sur les routes, donnant lieu à maintes contraventions. Nous avons aussi subi des amendes reçues directement par la poste sans avoir rencontré aucun gendarme, ou encore mieux, des gens convoqués au poste avec présentation de photos de gens du coin et une phrase du genre : « Donnez des noms et vous n’aurez pas d’amende ! ». Pour couronner le tout, la préfète est venue en personne le samedi suivant aux Vans pour montrer les muscles, voulant soit disant rassurer tout le monde, mais dans la réalité, distribuant une avalanche d’amendes… Dès le début le message est clair : fermez là et obéissez !

Quelques criées publiques et samedis plus tard, un samedi de janvier, nous chantons « Danser Encore » (le désormais célèbre hymne de HK) pour la première fois, suivant l’exemple d’un certain nombre d’autres villes et villages. Un magnifique moment… tout simple, de la beauté, des sourires, un moment inoubliable… Réponse du pouvoir la semaine suivante : plein de gendarmes, des amendes, des intimidations… Le 6 février, retour de « Danser encore » : cette fois l’idée est de se réunir sous forme de 3 flashmobs à trois horaires différents. Et là c’est encore plus fort. Nous sommes une quinzaine à 10h puis, une cinquantaine à 11h puis une centaine voir 200 à midi selon les estimations. Un moment magique pour certain.e.s, choquant et dangereux pour d’autres… Énergisant et revitalisant pour certain.e.s, mise en danger du marché et d’autrui pour d’autres… Rebelote le samedi suivant : gros déploiement de gendarmes dès 8h du matin, distribution d’amendes hyper agressives, et menaces de fermeture du marché. Plus nos actions prennent de l’ampleur, puis le samedi suivant la répression augmente… et plus la peur et la division opèrent… Les Gens d’Arts Mobiles commencent à être populaires d’un coté, et accusés de « faire venir plein de gendarmes aux Vans » de l’autre.

Aux Vans, le 20 mars 2020
Photo : J.M.

Mr Mondialisation : Comment s’est déroulé l’évènement du 20 mars, lorsque Kaddour Hadadi (HK) est venu aux Vans ?

Camille : Le 20 mars, c’est donc plusieurs mois d’aventures après les débuts des Gens d’Arts Mobiles… Jour du printemps, 9ème journée internationale du bonheur… Nous avons eu un mois pour préparer la venue d’HK et lui faire le plus bel accueil possible. Un mois pour déclarer la journée en préfecture, demander l’aide de la mairie et recevoir une réponse 100 % négative, un mois pour imaginer une affiche, une cantine à prix libre, une zone de gratuité (gratuithèque ou gratiféria), une zone de libre expression avec micro libre, de criée publique, des espaces d’affichages et d’écritures libres… Et le 20 mars arrive enfin… Et tout comme la préfecture et la mairie qui s’avouent dépassées, nous le sommes également, dépassées par 1000 à 2000 personnes selon les estimations, débordés par tant de joie, de chants, de danses, et heureux d’être débordés en réalité… Heureux et soulagés de vivre à nouveau en quelque sorte, heureuses et joyeuses de goûter enfin à une journée festive et revendicative, une journée de liberté comme nous n’en connaissons plus… Une journée de libération, comme si nous avions le droit un court instant de vivre, d’être joyeuses, d’être épanouies, d’être libres… Des livres entiers pourraient tenter de raconter cette journée. Tellement d’artistes, actrices et acteurs y ont participé !

Mr Mondialisation : Que penses-tu des diverses accusations (que nous savons fallacieuses car nous étions nous-mêmes sur place) qui ont entouré cette manifestation, notamment celle de violences verbales envers des personnes portant le masque pendant ce rassemblement ?

Camille : Des violences envers les pro masques ou envers celles et ceux qui le portent ? Il n’y en a pas eu à ma connaissance, pas dans mes pratiques ni dans celles de mes proches. Il y avait d’ailleurs pas mal de gens masqués avec nous le 20 mars (on peut le voir sur la plupart des vidéos en ligne) qui n’ont pas compris ces accusations relayées par les « grands » médias. Grands médias qui, bien qu’absents le jour de la manifestation, nous ont largement tapé dessus en réunion. Pour dire quoi ? Des mensonges, clairement et tranquillement…

Aux Vans, le 20 mars 2020
Photo : J.M.

Par exemple, nous n’avons jamais été « anti-masques » contrairement à ce qu’ils prétendent, notre communication est très claire depuis le début. Si nous sommes contre quelque chose sur le sujet du masque, c’est avant tout contre l’obligation de le porter partout et tout le temps. Les médias ont été jusqu’à conseiller aux parents de mettre des masques à la maison pour pouvoir faire des câlins à leurs enfants ! Nous n’en sommes pas à une aberration près.

Des mensonges également en nous traitant d’ « irresponsables qui mettent en danger la vie d’autrui ». Il n’y a eu aucun cluster en extérieur. Aucun aux Vans, aucun au carnaval de Marseille, aucun, nulle part ! Des mensonges concernant cette « manifestation interdite qui a dégénéré » alors que d’une part, la manifestation était déclarée et autorisée, et d’autre part, ça n’a « dégénéré » que du point de vue du pouvoir et des médias dominants. De voir autant de gens chanter encore et en chœur « ne soyons pas sans résistance les instruments de leurs démences » pour eux, c’est clair que ça dégénère, c’est même insupportable pour la monarchie démocratique… Pour nous au contraire c’est une montée en puissance au fil des mois et des semaines, et de nombreuses prises de conscience concernant les mensonges des médias dominants, mensonges que tout le village entend, ressent, comprend, et c’est finalement fédérateur, d’un coté la colère monte, et avec cette colère l’envie d’agir, de se bouger, de discuter, de choisir son camp… du coté des médias dominants, de la préfecture, des gendarmes, de la mairie, ou bien des petits, des médias libres, des Gens d’Arts Mobiles…

Mr Mondialisation : Le préfet a ensuite pris la décision d’interdire les évènements suivants ? Que penses-tu de sa réaction et de celle des médias face à ses rassemblements?

Camille : Le 20 mars nous renouvelons bien évidemment notre appel à nous réunir chaque samedi qui dure depuis le 31 octobre. Bien entendu : la préfecture répond de manière encore plus forte le samedi suivant, avec pour la première fois des gendarmes mobiles aux Vans… Du jamais vu, pire encore que le 13 février. Comme tout le monde nous comprenons la situation : les gendarmes sont là pour nous faire taire, nous empêcher d’exister par tous les moyens, à commencer par la peur et la dissuasion… Le message comme toujours est limpide de la part de la préfecture : « nous vous enterrerons si vous tentez quoi que ce soit ». Sauf que nous sommes des graines, et que malgré le dispositif policier hors norme, beaucoup sont déguisés, jouent avec les forces de l’ordre, prennent des photos, et se disent en rigolant « à samedi prochain ».

Trois jours après l’arrivée et le départ des gendarmes mobiles, nous déclarons une manifestation pour le samedi 3 avril qui est alors interdite par la préfecture, la veille de l’évènement. La présence annoncée d’Ingrid Courrèges et sa réponse très claire sous forme de clip vidéo à celles et ceux qui nous traitent d’irresponsables, lui vaut une visite des gendarmes à son domicile à Montpellier le vendredi 2 avril, pour lui faire signer l’arrêté d’interdiction de manifester aux Vans ! C’est dire que nous sommes surveillés… Ingrid décide de venir malgré tout aux Vans. Malgré un dispositif policier une nouvelle fois imposant, elle a pu chanter à plusieurs endroits en veillant à ne pas créer d’attroupements. Nous avons ainsi respecté en partie mais pas totalement l’interdiction de manifester en nous disant « ils ne seront pas là chaque samedi, nous oui ! »

Mr Mondialisation : Est-ce que, globalement, il y a eu des dérapages, quoi que ce soit qui justifierait ces interdictions, cet emballement médiatique et ces abus de pouvoir ?

Camille : Oui : une révolte joyeuse, bienveillante, festive, « désobéissante et élégante » pour reprendre les mots de HK, potentiellement très fédératrice et ambitieuse, qui monte et ne cesse de monter, qu’il faut à tout prix briser. N’oublions pas cette phrase dans « Danser encore » qui doit beaucoup déplaire en haut lieu : « Ne soyons pas sans résistance les instruments de leurs démences ! » Je pense que les gens au pouvoir, ceux qui tentent tant bien que mal de nous faire croire que nous sommes encore dans une démocratie, ont peur…  et c’est une lecture largement partagée il me semble, que s’il y a tant de gendarmes dans notre petite vallée, c’est parce que la peur de voir une vraie résistance se lever est là… Que s’il y a des gens qui collaborent, qui servent le pouvoir en place, de plus en plus de monde ne veut plus jouer, cherche à déserter, à désobéir, à se cacher, à prendre le maquis… Les mots résistance et collaboration sont de plus en plus sur toutes les lèvres…

La France, ce pays qui flirte ostensiblement avec l’autoritarisme…

Plus récemment en Ardèche, plus de 100 gendarmes ont été mobilisés pour mettre fin à une fête en pleine forêt qui avait réuni près de… 200 personnes ! Cela donne un aperçu des proportions que prennent les choses alors même que le risque est inexistant. Les évènements en plein air – plus particulièrement lorsque ceux-ci suscitent de la joie – se retrouvent ainsi démesurément réprimés par le pouvoir et lourdement condamnés par une partie de l’opinion publique – indignation encouragée par les médias officiels qui ridiculisent et mettent dans le même panier toute personne daignant remettre en cause ce postulat fondé sur la peur, pas la raison. Cette même élite politico-médiatique qui condamne et réprime « l’irresponsabilité » des citoyens est, rappelons-le, impliquée dans des dîners clandestins[15],[16],[17], faisant preuve d’un mépris de classe à toute épreuve.

Des interdictions plus aberrantes les unes que les autres, destinées à « freiner l’épidémie » et « désengorger les hôpitaux » sont imposées à la population depuis plus d’un an. Pendant ce temps-là, le gouvernement a dépensé 3 millions d’euros pour suivre sa réputation en ligne et commandé 10 000 policiers supplémentaires pour 2022. Au même moment, 51 milliards d’euros de dividendes étaient reversés aux actionnaires du CAC 40 dont les entreprises ont bénéficié d’aides publiques durant la crise. L’hôpital public, lui, agonise toujours sous les coupes budgétaires. Pendant ce temps, ceux qui jouissent d’un peu de bonheur en extérieur sont taxés de meurtriers. Dans quelle supercherie vivons-nous ?

– Elena M.

Sources

1. Umberson D, Montez JK. Social relationships and health: a flashpoint for health policy. J Health Soc Behav. 2010

2. Ozbay F, Johnson DC, Dimoulas E, Morgan CA, Charney D, Southwick S. Social support and resilience to stress: from neurobiology to clinical practice. Psychiatry (Edgmont). 2007

3. Reblin M, Uchino BN. Social and emotional support and its implication for health. Curr Opin Psychiatry. 2008

4. National Academies Press (US); 2020 Feb 27. 3, Health Impacts of Social Isolation and Loneliness on Morbidity and Quality of Life. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK557983/

5. Loades ME, Chatburn E, Higson-Sweeney N, et al. Rapid Systematic Review: The Impact of Social Isolation and Loneliness on the Mental Health of Children and Adolescents in the Context of COVID-19. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry. 2020

6. Karim F, Oyewande AA, Abdalla LF, Chaudhry Ehsanullah R, Khan S. Social Media Use and Its Connection to Mental Health: A Systematic Review. Cureus. 2020

7. Le gouvernement continue de supprimer des lits d’hospitalisation : la carte des hôpitaux concernés. Bastamag. 29 octobre 2020. https://www.bastamag.net/carte-des-suppressions-de-lits-hopital-covid-reanimation-ARS-CHU

8. Rachel Knaebel. Grâce aux mobilisations, le gouvernement remet en cause plusieurs plans de suppressions de lits d’hôpitaux. Bastamag. 22 avril 2021. https://www.bastamag.net/carte-suppressions-lits-hopitaux-mobilisations-Covid-Copermo-suivi

9. Belosi F, Conte M, Gianelle V, Santachiara G, Contini D. On the concentration of SARS-CoV-2 in outdoor air and the interaction with pre-existing atmospheric particles. Environ Res. 2021

10. Bulfone TC, Malekinejad M, Rutherford GW, Razani N. Outdoor Transmission of SARS-CoV-2 and Other Respiratory Viruses: A Systematic Review. J Infect Dis. 2021

11. Qian H, Miao T, Liu L, Zheng X, Luo D, Li Y. Indoor transmission of SARS-CoV-2. Indoor Air. 2021

12. Shanna Ratnesar-Shumate, Gregory Williams et al. Simulated Sunlight Rapidly Inactivates SARS-CoV-2 on Surfaces. J Infect Dis. 2020

13. L.A. Rapport : comment le covid-19 frappe de plein fouet les droits humains. Mr Mondialisation. 16 avril 2021. https://mrmondialisation.org/rapport-comment-le-covid-19-frappe-de-plein-fouet-les-droits-humains/

14. T.B. Violences : la France épinglée par le rapport annuel d’Amnesty International. Mr Mondialisation. 18 avril 2021. https://mrmondialisation.org/violences-la-france-epinglee-par-le-rapport-annuel-damnesty-international/

15. Théo Ruiz. Restaurant clandestin à BFM : une vingtaine de journalistes et des médecins surpris en plein repas. Midilibre. 4 mars 2021. https://www.midilibre.fr/2021/03/04/une-vingtaine-de-journalistes-et-medecins-surpris-dans-un-restaurant-clandestin-au-siege-de-bfmtv-9407271.php

16. Marc-Olivier Fogiel surpris par Le Canard enchaîné dans un restaurant clandestin. Le Parisien. 10 mars 2021. https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/tv/marc-olivier-fogiel-surpris-par-le-canard-enchaine-dans-un-restaurant-clandestin-10-03-2021-7UYRV56CVFCA5KT4SVU6MCEI5A.php

17. Antoine Albertini. Restaurants clandestins : des policiers et magistrats surpris à table. Le Monde. 5 février 2021. https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2021/02/05/restaurants-clandestins-des-policiers-et-magistrats-a-table_6068876_1653578.html

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