Très appréciée des touristes à la recherche d’une eau turquoise et d’un sable fin sans leur pareil, la ville mexicaine de Cancún attire depuis de nombreuses années une population diverse qui s’entasse dans les nombreux hôtels dont elle dispose. Aujourd’hui, la péninsule est menacée, notamment par les changements climatiques induits par cette importante fréquentation et le développement de complexes touristiques toujours plus grands. Une vidéo pour résumer la situation.

Le poids du tourisme de masse

Située au Nord-Est de la péninsule du Yucatan, au Mexique, Cancún jouit d’un environnement exceptionnel qui l’a propulsée au rang de destination touristique de premier choix en l’espace de quelques années. Composée d’une bande de terre encerclée par la mer des Caraïbes d’un côté et le lagon de l’autre, Cancún a su attirer les touristes du monde entier grâce à la qualité de son sable fin, de ses plages, et la limpidité de son eau. Aujourd’hui, ce sont pas moins de 148 hôtels qui se sont implantés sur la péninsule, redoublant d’inventivité et de luxe pour attirer le chaland. À tel point que le tourisme représente à l’heure actuelle un chiffre d’affaire de 12,7 milliards de dollars par an.

Pourtant, le revers de la médaille pour la destination favorite des spring-breakers américains n’est pas négligeable. L’importance du développement d’immenses complexes en bord de côte ainsi que l’affluence touristique sont à l’origine d’une modification sans précédent de l’environnement de la ville mexicaine. Comme le note la vidéo ci-dessous réalisée par Scilabus, la péninsule de Cancún subit le poids des complexes hôteliers qu’elle accueille, symboliquement tout comme physiquement. Ceux-ci s’enfoncent dans le sol, rendent la péninsule rigide, et empêchent les échanges de se faire entre l’eau du lagon et l’eau de la mer. L’eau du lagon commence à stagner, et devient propice à la prolifération d’espèces destructrices. Ils bloquent également les vents et les vagues rebondissent sur leurs fondations, ce qui cause directement l’érosion des plages. À tel point que la péninsule nécessite l’importation de plusieurs millions de mètres cubes de sable pour continuer à prétendre au titre de paradis touristique.

La vidéo

Une activité humaine intense et polluante

En plus de cela, l’activité touristique est à l’origine de pollutions diverses et éparses. Ainsi, la pollution des eaux est un des problèmes majeurs causés par l’activité des hôtels en bord de mer. Les hôtels seraient à l’origine de 95% des rejets d’eaux usées dans la péninsule, en quantité telle que la ville ne détient pas les infrastructures nécessaires à leur traitement. Bien souvent, ces eaux usées sont donc rejetées dans la mer. Les récifs de coraux et ceux qui y vivent sont directement impactés par ce tourisme de masse. L’abondance des bateaux de croisière est également en cause dans le rejet dans la mer d’eaux usées, de produits chimiques ou de traces d’hydrocarbures.

Ces différentes sources de pollution ont un impact réel sur l’écosystème de la péninsule, qui jouit encore aujourd’hui du deuxième plus grand massif corallien au monde. De plus, l’importation massive de sable, par exemple, crée un dépôt artificiel sur la barrière qui est asphyxiée et n’a dès lors plus accès à la lumière dont elle a besoin pour vivre. La pollution de l’air générée par le nombre important de véhicules utilisés pour se déplacer sur la péninsule est la deuxième cause de pollution derrière le rejet d’eaux usées. Sans compter la pollution générée directement par la consommation et l’activité humaine, qui requiert une gestion des déchets efficace. Aujourd’hui, Cancún apparait comme un micro-laboratoire de la mondialisation triomphante. Elle est confrontée à tous les enjeux environnementaux de notre temps sur une petite superficie, rendant davantage visibles les conséquences du tourisme de masse et d’un mode de vie déconnecté du réel. Combien de temps encore l’écosystème exceptionnel et intrinsèquement fragile de Cancún survivra-t-il à la folie humaine ?

Cancun vu du ciel / Wikimedia

Sources : International Journal of Environmental Sciences

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