Ces familles françaises qui accueillent des réfugiés dans leur maison

    Crédit photo : Julie Lambert et Kénia Sadoun

    À Lille, Montpellier, Lyon, Paris, Toulouse et bientôt Nantes, la solidarité envers les personnes exilées s’organise à l’initiative de l’association SINGA. Depuis 4 ans, elle propose à travers le programme « J’accueille » (anciennement « CALM » : « Comme A La Maison »), d’accompagner la mise en relation de personnes réfugiées à la recherche d’un accueil temporaire et des particuliers souhaitant mettre un espace à leur disposition. Découverte.


    L’association Singa porte bien son nom. Signifiant le « lien » en langue lingala, elle est entièrement tournée vers la promotion des échanges forts entre citoyens français et personnes réfugiées en situation difficile. L’association a été fondée en 2012 pour pallier le défaut de réseau social et professionnel en France à destination de ces individus. Alors que la haine déferle sur les réseaux sociaux et dans les discours politiques, des citoyens organisent ainsi une solidarité discrète et humaniste.

    Les activités de la structure s’articulent autour de trois grandes missions : informer, connecter et innover. Un programme qui doit permettre de dépasser les idées reçues tantôt teintées de racismes, tantôt de misérabilisme, sur les personnes réfugiées,« en montrant que toute personne arrivant en France n’est pas démunie ou miséreuse, mais riche d’expériences, de passions et d’ambition. »

    Crédit photo : Julie Lambert et Kénia Sadoun

    Formations, ateliers, team-building, réflexions autour de l’asile, atelier de Qi-Gong, poésie, théâtre ou cuisine… L’équipe de SINGA défend que toutes les opportunités sont bonnes pour amener les personnes réfugiées et les locaux à se mélanger, discuter et apprendre à se connaître. Au cœur du projet se trouve donc la conviction que la société sera plus inclusive si l’on arrive à connecter entre eux les individus. C’est en ce sens que l’association a lancé le dispositif J’accueille, opérationnel depuis deux ans, proposant aux personnes réfugiées une immersion de 3 mois (minimum) au sein du foyer d’une famille française volontaire.

    Le lien social comme facteur d’insertion

    Pour l’équipe de SINGA, il ne s’agit pas à proprement parler d’une aide aux personnes réfugiées. Mais au contraire d’un outil médiateur pour faciliter des échanges qui se présentent comme un point d’appui à des individus sans aucune autre alternative.

    « Ce qui est important, c’est de comprendre que J’accueille ne propose pas simplement un
    hébergement, mais un accueil qui doit toujours être accompagné d’une rencontre et d’un tissage de liens. C’est-à-dire que la personne accueillie vit avec la famille, apprend de leurs habitudes, cultures, langue(s) et passions. L’immersion permet à la personne accueillie de se focaliser sur ses démarches en cours pour la recherche d’un emploi ou d’études et sur l’apprentissage de la langue française », explique Mathilde, membre de SINGA.

    Crédit photo : Julie Lambert et Kénia Sadoun

    Depuis son lancement opérationnel, le dispositif SINGA a déjà permis d’accueillir près de 560 personnes à travers la France. « Les accueillants sont là pour accueillir, l’accompagnement social est pris en charge par les structures partenaires », détaille Vincent Berne, Coordinateur du programme au niveau national. Selon lui, « il n’y a que la création de liens que peut favoriser l’insertion de personnes qui arrivent sur un territoire ». Le programme doit être, selon lui, « un tremplin. En étant logées, les personnes exilées peuvent se consacrer à leur projet, gagner en autonomie ».

    Et les résultats publiés par l’association sont très encourageants, illustrant la réussite du dispositif : 65 % des participants trouvent des solutions de logement durables, 40 % des personnes accueillies trouvent un emploi au cours de leur accueil. Fort de ce succès, le coordinateur espère désormais intégrer de nouvelles familles qui souhaitent mettre une chambre à disposition, et prévoit déjà de se développer sur l’ensemble du territoire.

    En effet, faire connaître le programme et rassurer les gens représente certainement la plus grande difficulté, mais intégrer le dispositif J’accueille est en revanche très simple. Il suffit de s’inscrire en remplissant le formulaire en ligne, puis de déterminer un premier temps de rencontre. Tout le long de la période d’accueil, l’équipe de Singa s’attache à accompagner accueillants et accueillis via des rencontres dans un cadre sécurisant. Des mises en relation qui se font selon quatre critères principaux : localisation et durée de l’accueil proposées/désirées, domaine d’activité professionnelle et centres d’intérêt. Une fois mis en relation, les participants sont formés à l’interculturel afin que la cohabitation démarre dans les meilleures conditions possible. Une initiative qui permet d’expérimenter l’idée selon laquelle « accueillir renforce » au bénéfice de chacun, donc de la société dans son ensemble.

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