23 février 2015 – Oxfam France vient d’épingler, dans son dernier rapport, trois banques françaises. Selon l’ONG, qui venait tout juste de dénoncer la détention de 50% des richesses par les 1%, des banques très connues continueraient de mener des mouvements de spéculations sur les matières agricoles.

Tout commence en 2013 quand Oxfam dénonçait les impacts dramatiques des activités spéculatives des banques françaises sur la sécurité alimentaire mondiale. Le rapport avait fait réagir. Même les parlementaires français ont adopté des mesures ambitieuses pour améliorer la transparence et la régulation des marchés dérivés de matières premières agricoles. Les banques étaient supposées prendre des actions pour réduire leurs activités de spéculation qui menacent directement des millions de vies humaines.

Deux ans après, Oxfam France décide de faire le bilan. Le résultat n’est une surprise. L’ONG met en lumière la persistance des spéculations menées par plusieurs banques françaises sur le marché des matières premières agricoles, via des fonds de placement, malgré l’engagement pris en 2013 de réduire ces activités.

A ce jour, les observateurs tirent le constat que ces belles promesses ne furent pas réellement mises en œuvre par toutes. Certaines banques françaises mèneraient toujours des activités qui nuisent à la sécurité alimentaire mondiale. Nul ignore évidemment que ce type de spéculation joue un impact, direct ou non, sur le droit à l’alimentation des populations les plus vulnérables. Jouer avec des chiffres sur un écran peut effectivement priver un peuple d’accès à l’alimentation.

Action 2013 Solidar contre la spéculation alimentaire

Dans ce nouveau rapport 2015, on découvre que trois groupes bancaires d’origine française offrent toujours la possibilité de spéculer sur les matières alimentaires à leurs clients. Pour ne pas les citer : la BNP Paribas, la Société Générale et la BPCE, via Natixis. Selon le rapport, ce sont des centaines de millions de personnes qui sont menacées par ces activités dans l’ignorance totale. En pratique, c’est la spéculation qui induit une volatilité des prix alimentaires. En effet, dans les pays les plus pauvres, la part du revenu pour l’alimentation monte jusqu’à 75%. La moindre augmentation de prix peut plonger un peuple dans la misère alimentaire.

Les banques qui ont effectivement respecté leurs engagements, comme le Crédit Agricole, refusent toujours de prendre des engagements fermes dans la durée. Tout pourrait revenir au « business as usual » à la moindre distraction des observateurs d’Oxfam. Par ailleurs, c’est la Société Générale qui décroche la palme. « C’est aujourd’hui la banque française qui spécule le plus sur la faim » précise l’association.

Enfin, c’est également le gouvernement français qui est responsable de ce « laissez-faire » déplore l’ONG. En effet, les mesures législatives de transparence et de régulation des marchés, votées à l’Assemblée, ne sont toujours pas mises en œuvre. Ce laxisme peut se traduire par des pertes en vies humaines. Des morts de faim probablement trop éloignés de nos yeux pour qu’un réel mouvement de régulation ne se débloque.

« Les banques doivent prendre au plus vite des engagements forts, basés sur les recommandations du présent rapport, et tenir leurs promesses dans la durée. Mais surtout, le gouvernement doit prendre ses responsabilités et jouer son rôle de régulateur. » termine Oxfam.

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Afin de vous forger votre propre opinion sur le sujet, voici le rapport d’Oxfam au complet :


Source : Oxfam

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