Andrew Martin était « un homme comme les autres ». Aveuglé par les chiffres, il était déterminé à faire carrière dans la finance, et rien ne le prédestinait plus que quiconque à opérer le virage qui a changé la vie de ce Néo-Zélandais. Aujourd’hui, Andrew est l’heureux propriétaire d’une ferme permacole florissante. Un projet qui occupe désormais son quotidien, bien loin du tumulte de la ville, des portefeuilles d’actions et des salles de marché.
Tourner le dos à un consumérisme vain
En l’espace de trois années, Andrew Martin et sa femme ont opéré un changement radical dans leur mode de vie qu’on ne peut qu’envier à la vue des images diffusées dans le court documentaire de Happen Films. Après avoir étudié le commerce, « parce que cela mènerait certainement à quelque chose », et s’être engagé sur la voie de la finance de marché, Andrew Martin a vu grandir en lui un besoin et une conscience qui l’ont peu à peu rapproché de la nature. Il évoque ce « besoin de verdure et de grands espaces » qui le prenait parfois à la gorge, alors qu’il vivait encore dans l’une de ces grandes villes où l’on trouve les sièges sociaux de géants de la finance internationale.
En baignant dans cet univers où l’argent coule à flot, Andrew se rend également compte des pressions exercées par la société et par les gens qu’il côtoie à perpétuer ce mode de vie matérialiste, consumériste et cupide, un peu à l’image d’un suicide collectif où chacun tente de tirer l’autre avec lui dans l’abîme. À l’époque, les gens qui l’entourent affichent des salaires phénoménaux : plusieurs de ses collègues sont millionnaires. Cependant, Andrew remarque que la plupart semble en proie à une soif inextinguible d’argent qui les empêche d’atteindre bien-être et bonheur. S’il avoue que « le fait d’en vouloir toujours plus, le consumérisme et le matérialisme sont contagieux», Andrew admet également s’être assez vite rendu compte de la facticité de ce monde-là.
Une ferme permacole qui prospère
Fatigués de la vie en entreprise, Andrew et sa femme décident il y a quelques années de quitter la ville afin de s’installer à la campagne. Ils acquièrent là une propriété d’un peu plus de deux hectares. Cette décision opèrera comme un véritable bol d’air frais pour Andrew, qui se sent enfin en phase avec son besoin récurrent d’escapades au grand vert. Quelques temps après cette acquisition, le couple met en place ce qui allait devenir un jardin florissant que les voisins viendront à leur envier.
C’est après avoir regardé le documentaire « A Crude Awakening : The Oil Crash», qui retrace l’histoire de notre dépendance au pétrole et aborde la pénurie énergétique à venir, qu’Andrew a opéré sa prise de conscience écologique. Quelques lectures plus tard, il se lançait dans la permaculture, plantant diverses espèces d’arbres, de plantes, de fruits et de légumes sur son terrain, et allant jusqu’à y installer une petite mare dont il avait toujours rêvé. Trois années plus tard, le résultat est là, et il est probant.
La petite ferme permet aujourd’hui au couple de se nourrir de façon responsable et résiliente, et de ne plus avoir à mettre les pieds dans un supermarché —ou presque. La biodiversité y est riche, et chacune des parties de ce vaste puzzle naturel contribue à cette prolificité. En plus de s’occuper quotidiennement du potager et des plantes, Andrew s’implique dans la recherche et le conseil, afin d’aider les structures locales à mieux connaître et à mettre en place la permaculture. Une mise à profit de son temps libre, que l’homme considère comme le témoignage d’une chance extraordinaire.
Si l’histoire d’Andrew est inspirante, c’est parce qu’elle est avant tout l’histoire d’une prise de conscience et d’une reconversion d’un individu qu’on imagine volontiers en « Loup de Wall Street ». Et pourtant, dans une tentative de tolérance et d’acceptation, la transition est ouverte à tous. Si cette dernière s’est faite de façon assez instinctive, le premier pas est certainement le plus difficile à faire, surtout lorsqu’on est engagé dans un schéma de vie où l’entreprise, l’activité salariée et l’argent occupent toute la place de notre temps de vie disponible.
Qu’il s’agisse de se réorienter vers l’artisanat ou, comme Andrew Martin, de revenir à la terre, les raisons de ce revirement sont diverses et personnelles. Cependant, elles témoignent aussi assurément d’un certain échec de grandes firmes déshumanisées à retenir des CSP+ qui semblent de plus en plus nombreux à ne plus trouver de sens dans leur travail. On estime d’ailleurs que 56% des artisans français sont d’anciens cadres qui changent de vie. Reste désormais à offrir à tous les moyens d’embrasser la transition sereinement.
Le documentaire « From Finance to Farmer » est disponible sur YouTube. Il s’inscrit au sein de la série documentaire « Living the Change » réalisée par Happen Films.