Des chercheurs du Massachussetts Institute of Technology (MIT) ont récemment mis au point un nouvel appareil de dessalement portable, pesant moins de 10kg, et pouvant éliminer les particules et les sels de l’eau de mer pour produire de l’eau potable. Alors que le dernier rapport du GIEC alerte sur l’urgence climatique et les conséquences de cette crise de civilisation sur la survie de plusieurs milliards d’êtres humains, cette nouvelle technologie pourrait participer à atténuer les risques de pénurie d’eau potable.

Produisant de l’eau potable qui dépasse les normes de qualité recommandées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ce nouveau dispositif technologique de la taille d’une petite valise nécessite moins d’énergie pour fonctionner qu’un chargeur de téléphone, et peut être alimenté par un simple panneau solaire portable.

Contrairement à d’autres appareils de dessalement portables disponibles dans le commerce, qui impliquent généralement l’utilisation de filtres et de pompes à haute pression, ce nouvel outil recourt à l’énergie électrique pour éliminer les particules impropres à la consommation présentes dans l’eau salée. Par ailleurs, l’élimination de l’exigence de remplacer les filtres à eau réduit considérablement ses besoins de maintenance à long terme[1].

À l’aube de l’imminente crise de l’eau potable induite par le changement climatique et nos activités anthropiques, cette nouvelle technologie pourrait ainsi être largement développée dans les régions rurales et éloignées, au sein desquelles cette ressource vitale est extrêmement limitée. Elle pourrait également être utilisée dans les zones sujettes aux crises humanitaires ou lors des opérations militaires de longue durée.

Une technologie durable

Dans un premier temps, plutôt que de filtrer l’eau salée, l’appareil de dessalement applique un champ électrique qui repousse les particules chargées positivement ou négativement, y compris les molécules de sel, les bactéries et les virus, à l’aide de l’utilisation d’une technique appelée « polarisation de la concentration ionique » (PCI) de l’eau.

Ce processus élimine les solides dissous et/ou en suspension en canalisant les particules chargées dans un second flux d’eau qui sera évacué de l’appareil, permettant ainsi à l’eau d’être filtrée.

Cependant, la PCI n’éliminant pas toujours l’ensemble des particules de sels, les chercheurs de l’MIT ont incorporé un deuxième processus, appelé « électrodyalyse », pour éliminer les ions de sels restants, et assurer sa désalinisation complète.

« Actuellement, le prototype produit de l’eau potable à un rythme de 0,3 litre par heure et ne nécessité que 20 wattheures par litre »[2], se réjouit Dr Yoon, l’un des principaux développeurs de cette technologie. Dans un futur très proche, il espère augmenter ce taux de production, améliorer son efficacité énergétique et idéalement lancer sa commercialisation.

Une ressource de plus en plus rare

Bien qu’elle recouvre 70% de la surface de notre planète et qu’elle soit si facilement accessible dans nos quotidiens, c’est une erreur de penser qu’elle est une ressource inépuisable et abondante. En réalité, l’eau douce ne représente que 3% de l’eau de la planète, dont deux tiers sont emprisonnés dans les glaciers.

À titre d’exemple, situé au sud-est de la Sibérie, le lac Baïkal contient 20 % des eaux douces non gelées de la planète. https://whc.unesco.org/fr/list/754/

Par conséquent, ce manque de disponibilité de l’eau douce pour soutenir l’ensemble des besoins et activités humaines prive chaque année pas moins de 1,1 milliards d’individus de cette ressource vitale.

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2,7 milliards de personnes manquent d’accessibilité à l’eau douce au moins un mois par an.

et 2,4 milliards sont confrontés à de nombreuses maladies, parfois mortelles, en raison de la détérioration de sa qualité.

Hélas, l’accélération de la modification des régimes climatiques et hydriques, conséquence directe du changement climatique, et le développement incessant des activités humaines exacerbent cette raréfaction. Les écosystèmes d’eau douce sont soumis à de nombreuses pressions. Les rivières, lacs et autres aquifères s’assèchent ou deviennent trop pollués pour assurer leur durabilité ou être consommés. Ainsi, selon WWF, les deux tiers de la population mondiale pourraient être confrontés à des pénuries d’eau d’ici 2025[3].

Face à ce constat, cette nouvelle technologie de désalinisation apparait essentielle pour assurer l’accessibilité à l’eau potable et la sauvegarde de ce droit fondamental. Elle devra cela-dit être également couplée d’actions concrètes à la source, contre le gaspillage et la concentration de l’eau douce par une partie du monde et des secteurs industriels. 

– W.D.


[1] Zewe, A., “From seawater to drinking water, with the push of a button” in MIT News, 28 avril 2022, disponible sur: https://news.mit.edu/2022/portable-desalination-drinking-water-0428

[2] Zewe, Adam, “A new device can make drinking water from seawater at the push of a button, in World Economic Forum, 4 mai 2022, disponible sur: https://www.weforum.org/agenda/2022/05/seawater-drinking-water-global-health?utm_source=facebook&utm_medium=social_scheduler&utm_term=SDG+06:+Clean+Water+and+Sanitation&utm_content=06/05/2022+02:00&fbclid=IwAR3zosifHsf_91_9Vdmvft-AZNuedAImHbvVIllJ6ffGEFCyBYjI_7hIeio

[3] WWF, water scarcity, disponible sur : https://www.worldwildlife.org/threats/water-scarcity

Photo de couverture Des chercheurs du MIT ont créé une unité de dessalement portable capable d’éliminer automatiquement les particules et les sels simultanément pour générer de l’eau potable. @ Unsplash/ Engin akyurt

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