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Crocodiles : massacrés par le luxe pour quelques riches

On parle bien souvent des élevages intensifs destinés à la consommation de viande, de lait ou  d’œufs. Mais on évoque beaucoup moins des fermes peu connues, celles des crocodiles et de  leurs cousins alligators et caïmans. Pourtant, il existerait plus de 500 établissements de ce type dans le monde dans 47 pays différents. À la clef, un business très lucratif essentiellement à  destination d’une poignée de grandes fortunes. 

Des conditions d’élevages et d’abattages épouvantables 

Comme le montre une vidéo de l’association PETA ci-dessous – âmes sensibles s’abstenir ! -,  dans beaucoup d’élevages, les reptiles sont enfermés dans des conditions déplorables. 

Certains subissent des enclos individuels plus étroits que les animaux eux-mêmes. D’autres s’entassent les uns sur les autres dans des fosses en béton. Dans les deux cas, leur situation n’a rien d’enviable. 

Le pire réside sans doute dans l’exécution des animaux qui peut s’éterniser sur plusieurs  heures, notamment dans les pays d’Asie du Sud-est. D’abord violemment électrocutés pour  être étourdis et transportés, ils sont ensuite égorgés (ce qui ne provoque pas nécessairement la mort) et parfois dépecés vivants.  

 

Un business très lucratif 

« un sac à main Hermès, à lui seul, nécessite quatre crocodiles pour sa fabrication »

Si l’on traite ces animaux plus comme une marchandise que comme des êtres vivants, c’est sans doute parce que leur commerce est très lucratif. Selon sa qualité, la peau d’un crocodile peut être revendue aux alentours de 500 €. C’est d’ailleurs pour éviter des cicatrices sur leur précieux cuir que certains préfèrent les enfermer individuellement. Dans tous les cas, lorsque l’on sait qu’un sac à main Hermès, à lui seul, nécessite quatre crocodiles pour sa fabrication, il y a de quoi rester songeur. 

Crocodile gris @hans-jurgen-rottger/Unsplash

Rien qu’en Louisiane, l’élevage d’alligators rapporterait entre 60 et 70 millions de dollars par an. En Australie, le commerce est aussi très prolifique ; les marques de luxe françaises Hermès et LVMH ont d’ailleurs racheté près de la moitié des fermes du pays.

Fin 2020, Hermès défrayait la chronique pour la construction de la plus grande exploitation de crocodiles du monde en Australie. À terme, cet élevage devrait en effet entasser pas moins de 50 000 animaux. 

 

Pour une poignée de riches 

Si l’on parle aussi peu de ce sujet, c’est sans doute parce qu’il concerne une très petite  minorité. Et pour cause, le cuir de crocodile est essentiellement produit à destination des ultra riches. Il faut dire que LVMH et Hermès, qui ont la mainmise sur ce marché, vendent leur sac à plusieurs milliers d’euros. En 2020, un record a même été battu puisque l’un d’entre eux a été cédé à 244 000 €. Il existe peu de données récentes sur le nombre de crocodiles et caïmans massacrés chaque année, mais on estime entre 1 et 2 millions de victimes.

Manifestation à Tokyo contre l’exploitation des crocodiles @Japanization

Pour le moment, ni LVMH ni Hermès ne semblent concernés par le bien-être de ces animaux. Toutefois, la pression des citoyens et des associations a déjà réussi à faire reculer la marque Chanel qui a décidé d’arrêter d’utiliser le « cuir exotique ». 

Toutes les raisons d’arrêter 

Les grandes marques jouent aussi sur le consentement des populations locales et la peur ou le dégoût que suscite l’animal chez certains. C’est notamment le cas en Australie où beaucoup d’habitants ne trouvent rien à redire puisque cette industrie limite la prolifération des crocodiles et créé en plus des emplois. 

Le fait que ces sauriens tueraient environ 400 personnes par an dans la nature fait par ailleurs office de bon prétexte. Au-delà du fait que des solutions de cohabitation et de protection intelligentes pourraient être envisagées entre ce prédateur et l’humain, le chiffre reste dérisoire lorsque l’on songe aux 140 millions d’animaux tués pour leur fourrure chaque année dans le monde. Pire, si l’on compte l’élevage, le total pourrait grimper jusqu’à 1380 milliards d’individus selon les estimations hautes.  

Et pourtant les crocodiles sont des êtres vivants sentients dotés d’une intelligence souvent mésestimée. Rien ne justifie qu’on leur inflige de tels traitements, surtout pour produire des objets aussi facilement remplaçables que des sacs à main… 

Il existe en effet aujourd’hui plusieurs types de cuirs végétaux tout à fait capables de  remplacer la peau de crocodiles et de tout autre animal. En plus de la souffrance engendrée par ce commerce, on ne peut pas non plus ignorer son coût environnemental. Les tanneries consomment énormément d’eau et déversent bien souvent des produits toxiques dans les rivières. Partant de ces constats, il serait temps que les grands industriels renoncent à ces  pratiques, y compris les marques de luxe comme Hermès ou LVHM. N’en déplaise aux plus fortunés.

– Simon Verdière 


Image de couverture @PETA (People for the Ethical Treatment of Animals)

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