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    Plus de porc que de canard dans les terrines de canard… les révélations de Foodwatch

    Ça sent le pâté pour l’industrie de la terrine de canard ! Une nouvelle enquête réalisée par l’association FoodWatch met en lumière une étonnante réalité : la plupart des boîtes de terrine de canard contiennent plus de cochon que tout autre chose… Enquête.

    Une appellation douteuse mais légale

    Contrairement à ce que le bon sens élémentaire nous pousserait à croire, la législation ne va pas toujours dans le sens du consommateur lorsqu’il s’agit d’alimentation. En cette fin d’année, et alors que la partie riche du globe s’apprête à bientôt passer à table pour les fêtes, l’ONG Foodwatch s’est intéressée à la composition des terrines de canard présentes dans nos supermarchés. Une question qu’il est intéressant de soulever, le produit étant assez prisé pour venir agrémenter les tables de fête à grand coup de campagnes médiatiques où l’animal ailé est mis à l’honneur.

    Pour mener à bien leur enquête, les membres de l’association n’ont pas même eu besoin d’avoir recours au savoir ou à l’analyse de scientifiques : se rendre dans les rayons pour scruter les étiquettes et les ingrédients suffit à révéler ce scandale à peine dissimulé mais si peu médiatisé. Ainsi, à l’étude des différentes étiquettes de produits vendus en tant que « terrines de canard », l’association révèle que la plupart des marques usent et abusent de l’appellation en toute légalité. Ainsi, des produits estampillés « terrine de canard » contiennent la plupart du temps 80% d’ingrédients qui n’ont absolument rien à voir avec le fameux anatidé. Ainsi, apprend-on, la plupart des « terrines de canard » industrielles ne contiennent en réalité que 20% de canard, le reste étant souvent issu de gras, de cartilages, d’organes et de viande de porc.

    Photo : S. Lamarque

    Une pratique qui ne viole pourtant pas la législation en vigueur. Les industriels obéissent simplement aux Codes des usages de la charcuterie qui autorise l’utilisation du nom « terrines de canard » dès que la composition en celui-ci atteint les 20%. Naturellement, les producteurs interprètent la loi à l’extrême dans leur avantage, préférant consacrer 80% du produit à des éléments moins chers mais sans rapport de loin ou de près avec l’animal affiché sur l’étiquette. Les autres ingrédients, présents en vaste majorité, n’ont quant à eux pas à apparaître sur le devant de l’étiquette, alimentant le flou le plus artistique pour le consommateur, et le plus accommodant pour le producteur. Une manipulation de masse devenue ordinaire, avec le consentement des institutions de réglementation.

    Le problème de la transparence et de l’étiquetage 

    Prenons un exemple concret évoqué par l’association. Les « terrines de canard aux noisettes croquantes » de la marque Hénaff, réputée dans la grande distribution, ne contiennent en réalité que 21,8% de canard pour 3% de noisettes. Une part tout à fait négligeable dont on se demande comment elle pourrait justifier pareille étiquette. Le reste est constitué de viande porcine, de foie de cochon ou de couenne. De même pour d’autres marques, où l’on retrouve une quantité importante de « gorge de porc », ou encore de foie de poulet. La mention « terrine de canard » pose donc un problème réel d’honnêteté et d’éthique de la part des industriels envers les individus. Un mal qui s’étend à la quasi-totalité de l’industrie agro-alimentaire, qui fait son beurre grâce à l’asymétrie d’information qui existe entre elle et le consommateur. On pressent que l’important, c’est ce que l’acheteur perçoit, pas ce qu’il ingurgite. L’ONG parle même de « tromperie légale » pour évoquer le vide juridique qui entoure l’étiquetage de nos aliments.

    Photo : Pork Checkoff

    Afin de garantir la bonne information des consommateurs, l’association demande aux producteurs de faire preuve de clarté et d’honnêteté, par exemple, en affichant clairement « terrine de porc et de canard » sur leurs produits. Mais celle-ci espère surtout pousser les pouvoirs publics à stopper leur politique de l’autruche, pour, enfin, modifier les règles du jeu et empêcher les industriels de prendre les consommateurs pour des pigeons, des dindons de la farce ou encore des moutons de Panurge. On est jamais certain de rien.


    Sources : Foodwatch.org

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