Il y a une quinzaine d’années, un drôle de sanctuaire a vu le jour dans la commune de Henndorf, en Autriche. Depuis 2001, le refuge accueille des animaux divers et variés, mais qui ont tous un jour été victimes d’un sort peu enviable. Qu’ils aient été destinés à l’abattoir, maltraités ou abandonnés, qu’ils aient soufferts de la violence ordinaire des Hommes ou de leur inconstance, les animaux de Gut Aiderbichl y trouvent la paix et la douceur qu’ils méritent. Aujourd’hui, le plus grand refuge animal d’Autriche compte plus de 5 600 animaux, et emploie quelques 350 personnes !

Une initiative personnelle qui a grandi, grandi et grandit encore

Lancé en 2001 par Michael Aufhauser et Irene Florence, le premier refuge de Gut Aiderbichl à Henndorf, en Autriche, ne devait au départ héberger que 75 pensionnaires. Aujourd’hui, ce sont plusieurs milliers d’animaux qui sont recueillis et répartis dans les différents refuges, au nombre de 25, présents en Autriche, en Allemagne, mais aussi en Suisse et en France. Développés par cet amoureux des animaux, et fervent défenseur de leurs droits, les refuges accueillent toute sorte de bêtes : du bétail sauvé in extremis de l’abattoir, des chevaux qu’une blessure a rendu inutiles aux yeux de leurs maîtres, des chèvres, des cochons, des chiens, des oies et des canards, des chats, des lapins, et même des chimpanzés, rescapés de laboratoires pharmaceutiques.

02_gut_aiderbichlPhotographie © Aiderbichl

En l’espace de quelques années, les refuges de Gut Aiderbichl sont devenus des lieux de référence de la protection animale, mais aussi des endroits où l’animal est traité comme un compagnon de l’Homme à part entière, avec des besoins et une nature propres et spécifiques. En ce sens, les différents refuges ont été bâtis afin de répondre au mieux aux exigences particulières de chaque espèce. De grands espaces sont ainsi réservés aux chevaux et au bétail, quand de joyeux cochons profitent de grandes mares de boue mises à leur disposition. Chaque sanctuaire a été pensé dans le souci d’offrir liberté et confort à chaque animal recueilli, afin qu’il se sente « comme chez lui ».

Aujourd’hui encore, les animaux continuent d’affluer aux portes des refuges, qu’il s’agisse d’un cerf que son propriétaire n’a pas eu le courage de relâcher pour la chasse, ou d’une famille de renards arrivée là on ne sait trop comment… Et comme toutes les espèces sont bienvenues, on y trouve aussi des vaches qui gouttent à la liberté et expriment même leur joie d’une manière qu’on ne saurait exprimer par les mots.

Une philosophie profondément humaine

À certains rabat-joie qui pourraient reprocher à Michael Aufhauser de se soucier davantage du sort animal que de celui de millions d’êtres humains qui vivent encore aujourd’hui dans des conditions inacceptables, le militant répond avec une sagesse qui pousse à l’admiration : « Une protection animale qui ne prendrait pas en compte la protection des humains résulterait en une sorte de secte. C’est pour cette raison qu’Aiderbichl n’est pas qu’un endroit pour prévenir les gens de la nécessité des droits animaliers, ou un coin de paradis animal, mais aussi un grand miroir. Ce que ce miroir reflète, c’est un manque de dignité dans notre façon de traiter les animaux — l’élevage en batteries et les conditions dans lesquelles ils sont transportés, nos maisons de retraite, nos openspaces — sans parler de notre attitude à l’égard des plus faibles, et de nos relations aux uns les autres. »

Comme on peut le lire sur le site de l’association, la philosophie pratiquée au sein des sanctuaires cherche à montrer que la protection animale est la garante de notre humanité, et de notre rapport aux autres. Il ne s’agit donc pas seulement de venir en aide à des animaux, mais d’inscrire ses actions dans une démarche bienveillante, qui bénéficie à tous en remettant la dignité au cœur de nos relations les uns aux autres. Et pour cause, comment une société qui traite mal ses animaux pourrait prétendre traiter bien les humains ?

04_gut_aiderbichlPhotographie © Aiderbichl

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Prônant l’action sur le long terme plutôt qu’un militantisme violent, Michael Aufhauser est aussi conscient du chemin qu’il reste à parcourir en matière de protection animale. L’homme sait qu’on ne passe pas en un clin d’œil de l’enfer au jardin d’Eden, mais affirme aussi que le mouvement de protection animale a besoin de s’enrichir de solutions concrètes, plutôt que de dénoncer des comportements sans proposer d’alternatives. En prolongeant son action en essayant d’atteindre des biais politiques et législatifs, Michael Aufhauser espère un jour participer à un changement acté des consciences. En attendant, les milliers de résidents de Gut Aiderbichl constituent déjà un exemple formidable de ce que les humains de bonne volonté peuvent accomplir à leur échelle.

01_gut_aiderbichlPhotographie © APA/BARBARA GINDL


Sources : Gut-Aiderbichl.com

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