Plus de 300 personnes à travers le monde ont joint leur voix pour une déclaration historique sur la dignité animale, que nous relayons. Un appel pour un nécessaire changement radical dans notre relation aux animaux et à la nature. Et à son échelle, chacun et chacune peut faire un pas dans cette direction, bénéfique à tous.
Plus de 300 éthiciens, scientifiques, personnalités, philosophes, écrivains et universitaires de plus de 30 pays se sont réunis pour une déclaration historique sur la dignité animale.
Une déclaration pour la dignité animale
Pour lutter contre le changement climatique, la perte de biodiversité et la cruauté généralisée envers les animaux, les animaux doivent être traités comme des êtres dignes et non comme des choses.
« Nous déclarons que la dignité des animaux trouve son origine dans leur capacité d’agir et leur autonomie, ainsi que dans les capacités spécifiques à l’espèce, y compris, mais sans s’y limiter, leur vie émotionnelle riche, leurs qualités relationnelles, leur culture et leur créativité. Nous déclarons que reconnaître et affirmer la dignité des animaux, c’est s’abstenir de toute action qui les dégrade au rang d’objets ou de choses. »
La déclaration, approuvée par des personnalités telles que Dame Jane Goodall et des philosophes et scientifiques respectés du monde entier, y compris des universitaires autochtones, répond aux défis urgents auxquels les sociétés humaines sont confrontées dans leur exploitation de la nature en s’attaquant à la cruauté et au mépris qui perpétuent les préjudices.
Le principe du respect de tous les animaux cible l’exploitation de la nature au cœur des problèmes de changement climatique, de perte de biodiversité et de bien-être animal.
La déclaration a inspiré le Pledge for Animals (ndlr : Engagement pour les Animaux), que les particuliers, les organisations et les entreprises peuvent adopter pour contribuer à bâtir des relations plus justes et plus bienveillantes avec les autres animaux. Le Pledge est soutenu par de nombreuses organisations caritatives de protection animale parmi les plus importantes au monde, notamment Eurogroup for Animals, RSPCA et Compassion in World Farming, plaçant pour la première fois la dignité au cœur du mouvement de protection animale.
Le Pledge se concentre sur trois mesures simples que tout individu peut prendre pour traiter les autres êtres avec dignité : cesser d’utiliser un langage qui dégrade ou objective les autres animaux (des mots comme « vermine », par exemple) ; éviter de traiter un autre être vivant comme un objet ou une chose ; et respecter les animaux en tant que sujets lorsque nous prenons des décisions qui sont essentielles à leur vie. Voir plus de détails sur le site internet.
Pourquoi la dignité ?
Aujourd’hui, près des deux tiers des animaux d’élevage vivent dans des élevages industriels, où les conditions de vie dégradantes ou pénibles comprennent le transport vivant, des logements confinés et clos et des pratiques brutales comme l’entrave. Ces pratiques ont actuellement un impact sur environ 50 milliards d’animaux par an. L’élevage industriel de viande et de produits laitiers a un impact énorme sur l’environnement et le climat, avec environ 60 % des émissions provenant des systèmes alimentaires d’origine animale.
La dignité est reconnue comme une étape nécessaire au bien-être des autres espèces et aux relations entre l’humain et la nature. Le mouvement pour le bien-être des animaux a été lancé il y a plus de 200 ans et celui pour les droits des animaux dans les années 1970.
Ces mouvements sont nés avant que nous disposions d’un vaste corpus de recherche sur la perception, la conscience, l’intelligence et la communication des animaux, et avant la reconnaissance des systèmes et institutions humaines qui contribuent au changement climatique, à la perte de biodiversité ou à l’arrivée de nouvelles technologies comme l’édition génétique CRISPR qui permettent de nouvelles formes d’exploitation animale.
La dignité, pierre angulaire des droits humains, offre un statut indispensable aux autres espèces et reconnaît que les êtres biologiques sont vulnérables aux structures qui dévalorisent systématiquement leur vie et conduisent à des cycles de préjudice.
Parmi les signataires de la déclaration figurent des scientifiques et philosophes de premier plan, Jane Goodall, Amia Srinivasan, Lawrence Ogbo Ugwuanyi, Matthew Calarco, Julius Kapembwa, Dale Jamieson, Sue Donaldson, Will Kymlicka, Alfonso Donoso, Christine M. Korsgaard, Ralph Acampora, Robert Garner, Gieri Bolliger, Jeff Sebo, Marc Bekoff, Alexandra Horowitz, Danielle Celermajer, César Rodríguez-Garavito, le révérend Michael J. Reiss, Alasdair Cochrane, David George Haskell, Alice Crary, Jeff McMahan et le Dr Eva Meijer.
Pour voir la liste complète des signataires, rendez-vous sur le site de Pledge for Animals.
– Stéphanie Barret
Photo de couverture de Dan Dennis sur Unsplash